dimanche 23 août 2015

Ulan Bator, de Richard Tabbi, éditions du Riez, 304 pages, 2015. Préface de Ludovic Lavaissière

          Ulan Bator, de Richard Tabbi, éditions du Riez, 304 pages, 2015. Préface de Ludovic Lavaissière



      Après l’alcoolique et jouissif Zombie Planète publié chez Mango et la psychédélique entourloupe havraise de Moi & ce diable de blues écrit avec son ombre éclectique j’ai nommé Ludovic Lavaissière qui est ici l’auteur de la préface, Richard Tabbi en remet une couche, toujours aux Éditions du Riez. Ulan Bator est un road movie collant, indélébile, qui vous prend au mental et qu’on ne peut lâcher sans avoir des restes de glue Uhu© séchés par endroit entre les neurones. Pas facile de se faire courser par des caïds mongols, Mastic et Bleu Pétrole, déconcentrés par des sextoys pour androïde, quand tu traînes ton bébé Tom sur le dos et qu’Asako, ton top model japonais de femme t’appelle sans cesse lors de sa tournée internationale d’artiste célèbre afin de  te faire prendre conscience de ta folie grave. Tu cours, tu flingues, tu te tires des griffes des russoïdes mafieux en visant juste, la balade du zoo de Moscou est à ce sujet un passage d’anthologie. Tu picoles juste ce qu’il faut entre deux météorites et les monastères slaves peuplés de commandos monastiques martiaux ne sont plus, mais alors plus du tout ce qu’ils auraient dû être. Un vrai régal qui, en plus du délire kérouacquesque, réside dans les descriptions. Notre halluciné héros Solo Aggrigente, renommé selon les doses intra sanguines de matières plus ou moins venimeuses en Hotchkiss Baïkonour, auteur des aventures de Roméo Tartarski et de Jéricho Tête-de-Mouche, notre héros donc rencontre de merveilleux personnages comme  (page 194)  «… deux lesbiennes enrichies par les aberrations du Marché de l’Art Contemporain, et (…) un couple stressé malgré l’affichage cool qui clignotait… » Plus loin, (pages 243-244-245) « Un type… portait des lunettes à quadruple foyer et des chaussons à l’effigie de Spiderman. » Sa femme « … arborait une permanente plastifiée auburn et une blouse bleue élimée sur des bas couleur chair. » De temps à autre, un mort, un Alien, Sigourney Weaver, Harald Kamsün et une citation du fameux Herman Klausevitz parce que la mort sans sexe manque terriblement de saveur, n’est-ce pas? (page 279): « Je branchai les fils, mais la saloperie ne voulait pas redémarrer. J’ouvris sa poitrine, cherchant la cause du faux contact, englué de sang synthétique. Ses yeux opaques reflétaient le néant, mais j’en avais rien à foutre, de ses yeux. Tandis que ma bite durcissait encore je transpirais en m’efforçant de trouver la panne qui paralysait cette pute androïde qui m’avait lâché en pleine fellation alors même que je m’apprêtais à jouir. »
            Encore une fois, ce roman épique à la liberté de ton totale est un véritable enchantement. C’est drôle, acide, grinçant, polluant, hallucinogène, prophétique, déjanté et généreux. Richard Tabbi nous en donne plein les mirettes. Ses mots vont beaucoup plus loin que le lecteur. C’est merveilleux et magistral. OK, j’arrête, mais je vais relire, c’est sûr.

http://www.editionsduriez.fr/boutique/nouveautes/ulan-bator/  


                                                                                                                      Alain Raimbault