samedi 16 décembre 2017

Liste des 150 oeuvres marquantes en Acadie de la Nouvelle-Écosse

La FéCANE, la fédération culturelle acadienne de la Nouvelle-Écosse, vient de faire connaître sa liste des 150 oeuvres marquantes en Acadie de la Nouvelle-Écosse pour le 150e anniversaire du Canada! Le comité, composé de nos ami.e.s de la FéCANE et de l'Université Sainte-Anne, a sélectionné des oeuvres de différentes disciplines (musique, arts visuels, littérature, etc.) et nous sommes fiers qu'un de nos livres y figure! "Le ciel en face", d'Alain Raimbault, récipiendaire du Prix Émile-Ollivier en 2007, qui traite de la difficile question du suicide. À noter aussi qu'un des livres nommés, "Le tapis de Grand-Pré", de Réjean AuCoin et Jean-Claude Tremblay, illustrations d'Herménégilde Chiasson, publié à l'origine par les Éditions d'Acadie, fait désormais partie des livres que vous pouvez vous procurer auprès de Bouton d'or Acadie!
Félicitations à toutes et à tous, artistes et créateurs qui font partie de la liste, et bravo à la FéCANE pour cette initiative!
Source: Bouton d'or Acadie


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LITTÉRATURE (30)

 Le ciel en face - Alain Raimbault
 La falaise à la fin des marées - André Muise 
178 secondes - Katia Canciani 
Au gré du vent - Martine L. Jacquot 
La Sagouine - Antonine Maillet 
Pélagie-la-Charrette - Antonine Maillet 
Entre le marteau et l’enclume -Père Basile Babin 
Le Journal de Cécile Murat - Alphonse J. Deveau 
Le chef des Acadiens - Alphonse J. Deveau 
L’Été aux puits secs - Germaine Comeau Laville - Germaine Comeau Le Tapis de Grand-Pré - Réjean Aucoin et Jean-Claude Tremblay Alma - Georgette LeBlanc Ici - Georgette LeBlanc Prudent - Georgette LeBlanc « Fuck You, Évangéline » - Céleste Godin (poème) Histoires et traditions acadiennes - Père Anselme Chiasson Chansons d’Acadie (livres sur la Chanson acadienne) - Père Anselme Chiasson et Père Daniel Boudreau Derrière les embruns - René LeBlanc Les oubliés de Pubnico - Roseline LeBlanc Livres pour enfants - David Bourque Acadian Driftwood : The Roots of Acadian and Cajun Music - Paul-Emile Comeau Cri de terre - Raymond Guy LeBlanc Dans notre temps Mélanie et Philomène - Félix Thibodeau Dans notre temps avec Marc et Philippe - Félix Thibodeau Le parler de la Baie Sainte-Marie - Félix Thibodeau Le petit Acadien - Édith Comeau-Tufts Acadienne de Clare- Édith Comeau-Tufts Feux chalins - département des études françaises de l’Université Sainte-Anne (revue) La cuisine traditionnelle en Acadie - Marielle Boudreau et Melvin Gallant 

Bon, je suis le premier cité, devant tant de talents. Pour moi, la plus grande, c'est Antonine Maillet!!!!!!!!!!

mardi 26 septembre 2017

“Les doutes d’Avraham”, de Dror Mishani


Lu fin septembre 2017: “Les doutes d’Avraham”, de Dror Mishani, éditions Seuil
Policiers. Notre bon Avi de Tel-Aviv, assavoir le chef nouvellement promu de la section des homicides Avraham Avraham doit mener seul et pour la première fois son équipe d’enquêteurs sur les traces de l’assassin de Lea Jäguer qui a été étranglée. Après s’être débattue (p.34), une femme qui également a été violée quelques années auparavant. Comme le violeur est encore en prison, ce n’est pas lui l’assassin. Qui, alors? En parallèle, le lecteur découvre la vie de famille d’un certain Koby, un être vraiment étrange. Il faut se méfier des êtres étranges parce qu’il arrive que parfois, ils soient innocents. Il y a aussi le fils de Lea Jäguer, une véritable armoire à glace, qui ne semblait pas en bons termes avec sa mère ces derniers temps et qui ment lors d’un interrogatoire. Et puis, il y tous les habitants du quartier. Pas facile, cette enquête, non.
Comme d’habitude avec les romans de Dror Mishani, le quotidien des gens devient passionnant. Aussi, ce brave Avi doute sans arrêt. Il se sent coupable pour un rien, ce qui ne l’aide aucunement à avoir des idées claires. Il contacte son ancienne supérieure en arrêt pour longue maladie mais elle ne lui apporte que doutes et reproches. Son supérieur hiérarchique essaie de lui inventer un coupable afin de clore l’affaire au plus vite (et s’il avait raison?), et à la fin, on ne sait toujours pas avec certitude pourquoi le meurtre a été commis. Ce qui énerve le lecteur que je suis.
J’ai beaucoup aimé cette troisième enquête et je me demandais aussi, en lisant ce livre, quels étaient les mobiles du meurtre, et j’ai imaginé une réponse insatisfaisante, peu avant que Avi ne la formule. Ce livre est diabolique. La phrase du roman, désespérée (p.91) :" Elle n'arrivait plus à se reconnaître, comme au moment où elle s'était vue dans le miroir de l'ascenseur, ne comprenait pas qui était cette femme incapable de refouler ses larmes ni de surmonter des crises d'angoisse qui l'assaillaient aux moments les plus inattendus.. De là, le thème de la parole des femmes violées est abordé en toute intelligence et délicatesse. Il est enfin question d’émigration et les débats que ce sujet soulève sont très pertinents, c’est l’immigré que je suis qui vous l’affirme. Pourquoi immigrer? Comment réussir son intégration dans le nouveau pays? Que faire face à l’échec? Rentrer au pays? Pourquoi rester? Comment se positionne la famille qui elle est restée au pays et qui voit son enfant s’éloigner d’elle? Que dire à nos parents, là-bas? Comment vivre dans une autre langue? Qui est-on lorsqu’on communique dans une autre langue? La visite des parents de Marianka, sa dulcinée, est un moment épique et tellement rempli de vérité! Une fois de plus, j’ai dévoré ce roman.
Et maintenant, pour conclure en beauté, je signale que Dror Mishani m’a appris avant hier par courriel  (il est vraiment formidable, cet auteur!) que son premier roman traduit en français “Une disparition inquiétante” va sortir en film en janvier 2018 sous le titre: “Fleuve Noir”. Avec des acteurs magnifiques:  Vincent Cassel, Romain Duris, Sandrine Kiberlain, Élodie Bouchez, Charles Berling. Que du beau monde!!! Voir l’entrevue inquiétante de Romain Duris sur le site de ALLOCINE.
Elle est pas belle, la vie?

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=244715.html 


mercredi 20 septembre 2017

La violence en embuscade, de Dror Mishani

Lu en septembre 2017: La violence en embuscade, de Dror Mishani, éd. Points Seuil policier.
Notre brave commandant Avraham Avraham a passé trois mois de vacances en Belgique auprès de sa nouvelle dulcinée. Lorsqu’il rentre à Tel-Aviv, une nouvelle enquête l’attend. Quelqu’un a déposé une fausse valise piégée devant une garderie. La menace est évidente. Il faut retrouver au plus vite le coupable, un homme qui boîterait, avant qu’on ne dépose une vraie bombe. Rapidement, le policier se rend compte que l’horrible propriétaire de cette garderie en aurait froissé plus d’un. Un parent vraiment bizarre, Haïm Sara, justement, pas sûr de lui du tout a été humilié par cette dame. Une vengeance? Chemin faisant, on apprend que ce monsieur Sara a deux enfants et qu’il passe son temps à leur faire croire que leur mère, partie à jamais, va revenir. Vraiment étrange, le monsieur. Pourquoi ne pas avouer qu’elle ne reviendra pas?

Cette deuxième enquête est excellente car elle est le prolongement de la première où le commandant a vraiment perdu du temps et commis quelques erreurs. Il est traumatisé par le fait qu’un adolescent a été tué, qu’on n’a jamais retrouvé le corps et que la vérité n’a certainement pas triomphé. Ses décisions, ses jugements sont influencés par l’enquête précédente. Et cette fois, ce n’est pas une mais deux enquêtes qu’il mène de front. Il avoue à la fin: “J’étais sûr que là, j’y étais arrivé, mais non, là non plus, je n’ai réussi à sauver personne.” (p.376) Monsieur Sara se plaint plusieurs fois de ne pas avoir de chance dans la vie. Le commandant non plus. Il doit travailler fort pour en arriver toujours à des solutions incomplètes. Le lecteur ne connaît jamais les mobiles des crimes. Pourquoi on tue dans les romans de Dror Mishani? Mystère. Un jour, j’avais rencontré Thierry Jonquet qui expliquait lors d’une rencontre avec des élèves au Lycée Professionnel Réaumur, à Poitiers,  que la question qui le turlupinait avant d’écrire un livre était la suivante: Pourquoi tuer? Je pense que Dror Mishani se pose la même question et n’apporte aucune réponse précise, pour mon plus grand bonheur.

lundi 18 septembre 2017

Une disparition inquiétante, de Dror Mishani

Lu en septembre 2017: Une disparition inquiétante, de Dror Mishani (ed. Points Seuil policier)

Ofer Sharabi est un adolescent taciturne, secret. Un jour, sa mère vient déclarer sa disparition au commandant Avraham Avraham dans un poste de police perdu dans un quartier quelconque de Tel-Aviv. Sur le coup, le policier pense à une banale fugue. Cependant, comme Ofer ne revient pas, une enquête est ouverte. Mais voilà: la mère reste évasive, le père, marin au long cours tarde à rentrer en Israël et aucune information pertinente n’atterrit sur le bureau du pauvre commandant, de plus en plus désemparé au fil des jours. Entretemps, un voisin plutôt singulier qui a donné des cours d’anglais à Ofer essaie de faire avancer l’enquête à sa façon car lui, il connaît bien Ofer. Il sait quoi faire!
Plus l’enquête stagne, et c’est là le génie du roman, plus elle est passionnante. Mon personnage préféré, bien sûr, est Zeev, l’enseignant d’anglais qui suit des ateliers d’écriture dans un but franchement original. Si vous ne savez pas pourquoi écrire, demandez à ce personnage. Sa réponse va vous époustoufler. Comme l’enquêteur est d’une banalité attachante, forcément, on s’attache à lui, à ses doutes, à ses errements, on veut absolument savoir ce qu’il va devenir dans sa prochaine enquête. Selon moi, l’intérêt tient davantage dans la perception que le lecteur a des personnages plutôt que dans l’enquête elle-même. Finalement, ce roman est autant policier que peuvent l’être L’Étranger, de Camus, ou Les Misérables, de Hugo. Une phrase que j’adore et qui résume de nombreux polars: “Sa perception de la réalité était quelque peu tordue.” (p.304) Et quand la réalité chez Dror Mishani n’est pas tordue, elle est torturée.

Je vais de ce pas me précipiter sur la deuxième enquête du pauvre Avraham Avraham pas rapide rapide pour trouver les coupables coupables.





mardi 5 septembre 2017

Au scalpel, de Sam Millar

Livre lu en septembre 2017: Au scalpel, de Sam Millar (éd. du Seuil, collection Cadre noir) Après un sale hiver auquel notre détective privé favori Karl Kane a survécu plutôt mal que bien, voilà que les problèmes lui tombent à nouveau sur le dos dans une Irlande du Nord de plus en plus humide. Un fantôme du passé vient jouer les troubles fête dans la vie plutôt cauchemardesque de Karl Kane. Un monstre enlève des petites filles et laisse des cadavres mutilés derrière lui. Ce même monstre qui avait assassiné sa mère et qui l’avait laissé pour mort dans la maison familiale. Difficile de faire face à ce cauchemar. Bien sûr, les événements sont encore plus horribles que dans l’imagination. Au scalpel, et je suis d’accord avec les lecteurs qui en arrivent à cette conclusion, est le meilleur roman de la série des Karl Kane. Nous sommes au coeur des cauchemars de notre détective vraiment solitaire. L’action est noire. Les douleurs sont infinies. La mort triomphe. Et il pleut sans arrêt. Ambiance réussie. Le plus grand livre de la série. Un petit chef d’oeuvre! J’ai encore adoré!

Je pense que Sam Millar qui a connu les prisons anglaises dans sa jeunesse exprime dans ce livre une vérité sur la douleur de l’enfermement, de la mutilation, de l’injustice. Le polar raconte aux adultes des histoires de monstres, comme les contes racontent aux enfants des histoires d’ogres. Au scalpel devient métaphysique car il s’agit aussi de notre propre mort, la première étape étant la présence insupportable, injuste, absurde de la souffrance et non la vieillesse ou la maladie. Un livre très fort.

mardi 22 août 2017

dimanche 16 juillet 2017

Et tu n’es pas revenu, de Marceline Loridan-Ivens

Livre lu en juillet 2017: Et tu n’es pas revenu, de Marceline Loridan-Ivens, éd. Grasset, récit écrit avec Judith Perrignon. En ce 75e triste anniversaire de la rafle du Vél d’Hiv, ce témoignage bouleversant d’une rescapée juive de l’horreur. Prisonnière à Birkenau, la jeune Marceline Rosenberg survit par miracle, comme le lui avait prophétisé (prophétie, c’est le terme employé) son père, qui, lui, enfermé à Auschwitz, ne reviendra pas. Et l’absence du père (absence même du corps, de sa dépouille), trahi par la France où il croyait vivre en sécurité, ce père qui n’est pas revenu va marquer toute la famille. Le père aimé, celui qu’on attendait à la gare, ne reviendra jamais. Marceline, elle, est là, avec le poids de ce passé dont personne ne veut entendre parler, que personne ne veut écouter car on ne comprend pas. Son retour est dramatique, dans une famille qui a perdu ses repères, elle tente de trouver sa place. En vain. Comme si elle l’avait à jamais perdue, volée par la guerre. Sa vie, parce qu’il faut bien vivre, se déroule on dira artistiquement, et sans enfant. Très beau témoignage, très bien écrit, bouleversant.

Quatrième de couverture: « J’ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l’ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T’écrire m’a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m’enserre le cœur. Je voudrais fuir l’histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille. »


mercredi 12 juillet 2017

Malabourg, de Perrine Leblanc

Livre lu en juillet 2017: Malabourg, de Perrine Leblanc, éd. Gallimard. Quelque part au fin fond de la Gaspésie, c’est un trou de verdure où coule une rivière aux saumons, près d’un bois, d’un lac, de la mer et de la réserve Mowebaktabaak.  Dans le paisible village de Malabourg constitué de rares commerces, un jeune fille, Geneviève,  disparaît. Les rumeurs vont bon train parmi les villageois. Alexis et ses plantes, Mima et ses pierres fines, Liliane et ses livres et tous les habitants qui fréquentent le bar tenu par Ka ne découvriront la vérité qu’après d’autres malheurs. Ce n’est pas un roman policier, c’est un conte cruel. Tout le plaisir de la lecture tient dans la plume de l’auteure, dans ses descriptions… parfumées, dans ses personnages à la psychologie… tragique, dans l’évocation d’une ruralité frappée par un déterminisme à la… Zola, dans les rumeurs d’une ville où l’on se sent bien seul, où la beauté surgit des non-dits. Écriture subtile, fortement évocatrice, troublante, Perrine Leblanc a encore écrit un très beau roman que j’aurais dû lire depuis longtemps. J’avais adoré L’homme blanc. Rebelote! L’auteure me fait penser à une autre auteure québécoise qui m’enchante littéralement: Dominique Fortier. J’attends avec une grande impatience son troisième roman.





mercredi 5 juillet 2017

À l’ombre du Baron, de Fabienne Josaphat


Roman lu en juillet 2017: À l’ombre du Baron, de Fabienne Josaphat, éd. Calman Lévy (Traduit de l’anglais par Marie-France de Paloméra) Deux frères. Raymond est chauffeur de Taxi dans les rues de Port-au-Prince, il tire le diable par la queue pour nourrir sa famille, et son frère brillant juriste enseignant à l’université mange du homard dans sa belle résidence. Tout pourrait les opposer mais voilà. Nous sommes en Haïti en 1965, Papa Doc et ses tontons macoutes font régner la terreur sur la population et une parole, une pensée de travers et c’est la fin de l’histoire. Soudain, tout s'emballe, chacun essaie de survivre à sa façon, et qui sait ce qui va advenir au bout de l’horreur. Excellent roman sur la dictature de Duvalier père, avec ceci dit en passant un rappel du lâche assassinat de Jacques S. Alexis dont les coupables n’ont toujours pas été punis. Oui, un roman sur la dictature comme en ont si bien écrit Gabriel García Márquez, Mario Vargas Llosa, Miguel Ángel  Asturias ou Edwidge Danticat. C’est poignant, terriblement humain, triste à en pleurer. Un bien beau roman.


jeudi 29 juin 2017

Un sale hiver, de Sam Millar

Lu en juin 2017: Un sale hiver, de Sam Millar, éd. Point Seuil Policier. Traduction de Patrick Raynal, oui, le grand Patrick Raynal! Plutôt étrange de découvrir une main coupée sur votre palier en ce matin d’hiver. Du genre à vous coller des frissons sous votre petit peignoir rose bonbon. Karl Kane, détective privé tendre et honnête qui a survécu à deux autres romans où il a été bien malmené, merci, va chercher à recoller les morceaux (de l’histoire) en essayant, en vain, d’éviter les coups . Après une petite balade en enfer dans la charmante petite ville de Ballymena où même le diable ne se risque plus, vu qu’on lui a tiré dans le dos, le citoyen Kane fourre son nez dans des abattoirs un peu trop sanglants à son goût. Les femmes aux noms variables s’en tirent assez mal, il faut le dire, et on perd toute confiance en la police quand la seule justice est la vengeance. Un magnifique roman noir, violent, désespéré, solaire. Inutile de préciser que j’ai encore adoré.



jeudi 22 juin 2017

Nunavik, de Michel Hellman


Lu en juin 2017: Nunavik, de Michel Hellman, éd. Pow Pow. Michel en panne d’inspiration décide de visiter le Nunavik (grand nord québécois, à ne pas confondre avec le Nunavut, territoire canadien). Au cours de son périple, il rencontre des touristes, des Inuits, des documentaristes impatients, des moustiques en masse (le moustique est l’oiseau national du Nunavik…), des ours désoeuvrés, des caribous indécis, un territoire fascinant. Cette BD se situe entre le récit de voyage, la nouvelle, l’anthropologie, le carnet de route et le guide du routard. C’est passionnant. Ça se lit tout seul. Le personnage erre sans complaisance pour le bonheur du lecteur, le trait est clair, informatif, onirique, touchant. J’ai adoré!!! Je commence à me demander s’il n’y aurait pas un style québécois en BD. Le style Michel Rabagliati, Zviane, Jean-Paul Eid. Je salue bien bas l’artiste, Michel Hellman. Qu’on se le lise.




Salon du livre de Montréal 2018




vendredi 16 juin 2017

Tijuana mon amour, de James Ellroy


Lu en juin 2017: Tijuana mon amour, de James Ellroy (éd. Rivages/Noir) Nous voici en 1955, et les scandales vont bon train. On s’étripe joyeusement, on se trompe, de jumelle aussi, on négocie de la fourrure-bouclier, on ment, on triche, on trompe, on prend des substances, on filme en douce des ébats de groupe, on soudoie, on fait chanter, oh oui, tous les maîtres chanteurs sont à la botte du beau Frank Sinatra, ça canarde pour un oui pour un non, et si on veut se racheter une virginité en passant par Tijuana la douce, c’est peau de balles! L’apocalypse, c’est même pas la fin du monde. Parce que dans ce délire maccarthesque, l’auteur se laisse aller à toutes les conclusions bizarres dans une langue à mourir de rire. Une petite centaine de pages, comme un trip psychédélique avant l’heure. Ben l’fun! Ben ben l’fun!


Photo prise dans le métro de Montréal ce 16 juin 2017 vers 7h12

jeudi 8 juin 2017

Mood Indigo, de Mamadou Mahmoud N’Dongo


Livre lu le 7 juin 2017: Mood Indigo, de Mamadou Mahmoud N’Dongo, nouvelles, éd. Gallimard, collection Continents Noirs. Excellentes nouvelles! J’ai ouvert le livre et quand je l’ai refermé, j’avais tout lu. C’est bon signe. Où il est question entre autres de cinéma d’avant garde mexicain seulement compréhensible en traduction, du destin tragique des marionnettes (qui est de loin ma nouvelle préférée, ça ferait un film extraordinaire!!!), de stratégie guerrière d’évitement, et à la fin, un petit hommage à Kafka, Maupassant et Poe sans y toucher. Un humour que j’ai adoré. Pour conclure page 197: «Toute ma jeunesse, j’ai rêvé d’un manteau de fourrure. Maintenant que je peux m’en payer un, j’ai le sentiment que, finalement, j’aurai vécu pour quelque chose.» Elle est pas belle, la vie?


Devant la galerie BAM à Montréal

lundi 5 juin 2017

Je n’ai qu’une langue, et ce n’est pas la mienne, de Kaoutar Harchi

Livre lu le 4 juin 2017 : Je n’ai qu’une langue, et ce n’est pas la mienne. Des écrivains à l’épreuve, de Kaoutar Harchi, préface de Jean-Louis Fabiani, éd. Pauvert. Je lis des articles mais peu d’essais, et c’est un tort car celui-ci m’a littéralement enthousiasmé, je n’ai pas pu le lâcher de la journée. Il est passionnant. Tout d’abord, il explique de manière très claire comment l’institution littéraire (parisienne) octroie ou non le statut d’écrivain, de quelle manière elle décide qui est écrivain et, par exclusion, qui ne l’est pas. À ce petit jeu, les écrivains non français de langue française comme Kateb Yacine avec sa non-consécration par la Comédie française, Assia Djebar et le chahut provoqué par son discours d’entrée à l’Académie française, Rachid Boudjedra qui, déçu, finira par abandonner l’écriture de romans en français, Kamel Daoud et Boualem Sansal dont les médias commentent avant tout l’aspect politique des romans et les détournent de leur ambition première qui est la littérature, oui, à ce petit jeu, ces écrivains sont vraiment à l’épreuve. L’auteure narre leur enfance, leur trajectoire professionnelle, leur carrière littéraire en quelques lignes. C’est clair, instructif, fascinant. Elle montre pour chacun d’eux les difficultés auxquelles ils doivent faire face une fois qu’ils ont réussi à faire publier un roman en France. Et là, la réception de l’oeuvre est désarmante car elle est avant tout commentée comme étant politique, porteuse d’une idéologie à discuter, voire carrément désapprouvée. De plus, l’écrivain algérien qui publie en France dans la langue de l’ex-colonisateur devient aussitôt suspect en Algérie. Comment obtenir alors la reconnaissance du statut d’écrivain? Comment dépasser les enjeux politiques, idéologiques ?  Parce que ces écrivains sont des écrivains, et des grands! Impossible. Chaque cas est étudié avec précision, chaque stratégie, de défense je dirais, adoptée par ces écrivains est expliquée, éclairée. Cet essai est lumineux! Je citerai le début de l’épilogue page 279 pour conclure: “Nous aurions pu, à travers ces pages, décrire l’expérience des écrivains ivoiriens, marocains, libanais, mais aussi canadiens, suisses, belges et montrer selon quels procédés l’institution littéraire française leur a rappelé que la littérature était une expression nationale. Et que n’appartenant pas à la nation française, ils ne pouvaient appartenir à sa littérature.” Heureusement, si je puis dire, il y a le lecteur et lui, n’appartenant généralement à aucune institution littéraire sait reconnaître les grands écrivains. Merci, madame Harchi, pour ce très bel essai.




Assia Djebar, à Poitiers, vers 1990


 Kamel Daoud, à Montréal, vers 2015

samedi 3 juin 2017

Gabacho, de Aura Xilonen


Livre lu en juin 2017: Gabacho, de Aura Xilonen, éd. Liana Levi, traduit de l’espagnol (Mexique) par Julia Chardavoine. Titre original: Campeón gabacho. Le personnage principal est un jeune clandestin qui vivote dans une ville du sud des États-Unis. Il travaille comme homme à tout faire dans une librairie tout en évitant de se faire coincer par la migra, forcément. De bastons en fuites éperdues, il termine dans un foyer pour enfant des rues. Si le personnage principal est bien Liborio, poids plume doué pour la castagne, amoureux fou de la gisquette, l’autre personnage principal est la langue de l’auteure, sa liberté de ton, ses inventions, son percutant lyrisme, sa syntaxe nouvelle, son humour caustique (saluons au passage le travail colossal de la traductrice, chapeau, madame!). Ce livre est un perpétuel tourbillon, une fuite éperdue dans des rues sombres, une fête des morts, Babylone éclatée! J’ai adoré! Quel livre!


samedi 27 mai 2017

Leona, les dés sont jetés, de Jenny Rogneby

Lu en mai 2017 : Leona, les dés sont jetés, de Jenny Rogneby (ed. Presses de la cité). Tout commence étrangement avec une attaque de banque à la petite fille ensanglantée, puis, de fil en aiguille, l'histoire devient complexe, inquiétante, déroutante, amorale, insupportable, excellente. Le lecteur assiste aux événements avec un malaise croissant et ce roman très noir est rempli de bien mauvaises intentions! Un régal!



Pop-corn belge (texte flyé) Mai 2017

Pop-corn belge

- Combien d'heures êtes-vous capable de vous concentrer lorsque vous écrivez de la fiction?
- Moi, 2h30 par jour maximum. Après ça, j'ai des hallucinations, les légions romaines en jupettes écossaises envahissent l'Arctiques et je ne donne pas cher des Martiens vinicoles...

 La colonie martienne de clones éthylophiles vit d'un mauvais œil l'approche de la trière romaine. Bibi reconnut aussitôt Marius le tondu et ce fut le début d'imbuvables hostilités.

Pour dire la vérité, Bibi avait connu Marius le tondu (à l'époque velu comme une protovache païenne de 7e génération, c'est pour dire) avant son changement de deuxième sexe partiellement avorté. En effet, le robot-chirurgien à l'âme demi-téléchargée avait eu des remords au dernier nano-moment. Il s'était retiré du protocole pas vraiment compassionnel quand, lorsqu'il s'agit de sexe, il est de bon ton de ne pas se retirer. Vous voyez ce que je veux sous-entendre. On comprend à présent les haines séculières que portent Marius le tondu envers ces choses interminables auxquelles tout le monde télécharge sans l'avouer verbeusement quoique, quoique. Demain: des révélations inattendues sur les remords de la moustiquaire bouddhiste Otyüvgen IKEA 8e rang 3e étagère n'oubliez pas votre chariot, et pourquoi Bibi connut Marius le tondu né Maria l'iconoclaste avertie...

Maria la velue (qui, comme vous le savez, donnera plus tard Marius le tondu lors d'une infernale quête identitaire œdipienne) vint se plaindre à demi-clavier de sa moustiquaire mal montée.
- Elle est inmontable ! cria-t-elle par devers elle (expression inutile en vogue dans le futur où se déroule l'action de ce feuilleton pittoresque, genre) .
À l'époque, les objets avaient aussi leur mot à dire:
- C'est vrai! Je suis inmontable! soubresauta la moustiquaire qui revint à la plénitude soudaine du colibri zen gustatif (Cela donne toujours une impression d'intelligence au lecteur lorsque surgit un adjectif par devers lui, genre) libéré de son troisième karma shivique. Demain: Où Bibi péta un hémo-plomb lourd de conséquence, genre, tu-sais-tu...

Bibi n'en revint point. Que l'on s'adressât à lui le Saint-Pierre des cruciformes en des termes si crus activa ses gyrogènes reptiliens. Il se saisit de l'arme fatale qui te pond des arguments irréconciliables aussi vite qu'un chien sale matraque un protestataire néovierge qui la veut sa grève sociale ben qu'y se la mange paf! et asséna une injonction en ouverture d'Innotab pas piquée des gaufrettes. On suit toujours? Je résume: ça chauffe entre Bibi et Maria la velue. Ça sent le néoprène. Le cloaque évasif. La redondance émaciée. L'hypersuffrage abrasif. Les dénytrogénérisations candides post-voltairiennes. Le rutabagas émotif. L'accident de calculus. Le réseau raisiné. Ça brûle en oriflammes. Ça surdit les anthropophages. De lents vols de tortueuses mélopées grugent les faméliques errances. De l'ire en dentelles. Du Plutarque jamais... Bon. Demain: Maria s'hérisse ! Du sang et du bonheur plein la gamelle.

Maria la velue tourna visage, prit poussière d'escampette, vira grave et s'évanouit dans ce temps malcommode où tout cesse, où l'on s'hérisse d'un grade, où le sang tourne court comme un marée divaguée, où l'arc-en-ciel du psychotemps ornemente les geais bleuis à la chaux de Finlande, où tu rapailles tes Gastons à Clochemerle les bains, où des nués d'apatrides touchent l'ergonomie facile du vaisseau déjanté, où l'on s'appelle comme on le ferait d'un biobras, comme on ondulerait de la tête selon la vision tenace du deuxième reptilien, et ce serait un mythe fondateur sauf qu'on a tout écrit depuis la fin des langues harassées, alors, Maria la velue par devers elle s'en jeta un et pas piqué des électrogripes c'est moi la machine qui vous l'affirme dans ce passé où tout dire sent le humus... Demain, un numéro hors-série introuvable et pour cause.

Après la fin de l'humanité, les hédonistes machines automatiques belges de pop-corn se fixèrent huileusement dans le grand silence promu après le big plop. Elles avaient fini par dégèner l'animal parce qu'elles savaient dans leur plate sagesse que quand il y a du gène, il n'y a plus de plaisir. L'humaine espèce avait échoué à se répandre, les hédonistes machines automatiques belges de pop-corn, lassées de ploper pour des clopinettes, se redécidèrent à réinventer de l'humain, mais pas trop quand même, faut pas exagérer. Donc, elles pondirent un pop-corn graisseux, mi-femelle-mi-mâle-mi-blaireau-hermaphrodite, juste pour saboter la libido du futur être, ah ah ah, elles lui collèrent un prénom bâtard digne d'un médicament estonien, elles créèrent le parking d'Eden de la sainte-poubelle et lui lancèrent une mouette sur la trogne. Le pop-corn (c'est la partie lyrique, accrochez-vous) taxa les kilogrammes vernaculaires à toute berzingue. Il statua fort sur l'hypocrite miaulement plumé, prit ses pas-jambes à son pas-cou et se souffla tant qu'il ne put mais l'espoir fait vivre n'est-ce pas ? puis comme il fondait un mythe alors, ça le motivait, il déglutit les régénérescences, il immacula son futal d'unijambiste en devenir, farfouilla la décoction spirite, humecta ses oripeaux gagouillants, écarta ses pas-bras droits et ouvrit un champ entre deux copeaux de feu ratés sous des pestilences congestives. Toujours pas sorti de sa poubelle, le pop-corn premier se dit qu'il était plus facile de gargantuer son prochain que de mythifier un cloaque sans ordonnance...

Le pop-corn y crut et le destin lui falbala un retour de balancier. D'un arbrisseau-mouvant lui poussa la chose, fildefériste en ses heures creuses auxquelles Il crut dur comme fer, genre un mur pas rose, genre les ciboulettes électriques. On l'amalgama, il traversa des démissions factices, il engendra des plants sur le parking d'Éden et faute de James Dean pour lui tenir le volant, il se claquemura une trallée de pious-pious qui finirent génétiquement palmables. Si l'humain venait du poiscaille et de la guenon, le post-humain-regènétifié sombrait de la poubelle et du programme balbutié suffisant pour la cause. Oui, les hédonistes machines automatiques belges de pop-corn planifièrent leur maïsique Création dans le but d'écouler leurs floraisons dindiques à bas prix, business is business, l'emberlificotage gagna en sédition. On s'explosa le croupignion. On divulga les secrets de la bombe à gènes, des comètes étirèrent leur plan plus froids que prévu, on oxyda deux lilas trois zincs vinicoles quatre sous-régions lémuriennes afin d'étaler la soupe, on pianota on surtripa on bifluora l'aluminium trisomique et d'une parois venteuse on transmit le code humidifié, la chose assouvie qui tenait en son séisme le lendemain des ordures. Un pop-corn sauveur ! C'était Lui, Il apparaissait en sa nudité crasse et Napoli allait en voir des belles et des pas mûres, sauf que...

... la nuit frappa en douce, se répandit contre la pâleur ourse du mythe aztèque, ce fut dégendrement d'un utilité hollywoodienne, du peuple pop-cornique au détail et en masse, ce furent guerres claniques, l'on vit un cannibale à l’œilleton, les herméneutiques retroussèrent leur pli de robe et l'épée basse infiltrèrent le programme de base, on s'ingénia à freiner les cordes, à décoder l'amertume, l'usure des miroirs tint parole, ce fut conique mais l'on rit peu, des torrents de sel clamèrent les grottes fétides, les vaches roulèrent sur leurs ergots, on s'immola pour des navets puisque l'origine du pop-corn belge rempli de belgitude n'est-elle pas le feu? Au diable les herses, on s'extrapolita, on s'usuria, on se figua en long déluge, des abeilles firent ruche commune lors des grandes défragmentations, on s'aima en réseau puisque la guerre menaçait la bienséance sur ses arrières, le clans virèrent à l'éternel, il sortit de l'ombre la naissance de l'obscurité, une force additionnelle à l'oraison octogénaire, on mesure, on agrège, on ventile des hublots, il faut que l'espèce nouvelle prennent en mémoire son brouillon fondateur, allez, plop!, grisons-nous d'un psychodébut, que la grande ritournelle ouvre ses tranchées à terre, que l'on sache la vérité du deuxième monde pop-corn-cellulaire, amniosynthétique, rivale en supra-pensée nano-conduite vers ses objets sans fond. Voilà pour le mythe fondateur. Il y a à boire et à manger. Cela suffit pour quelques millénaires en somme.

Une fois bâclée la fondation, remués cieux et terres pour en dépouiller de savants brigantins, des héros naquirent durs comme fer de balancelle, élagués sur leur tripettes, fixes au sirocco, on hélera Djohnie dit Fabrizio l'eunuque, Gargouille Mnémonique du Grand-Souci, Pépé la Réglette, Aston Finca le Blues, et Type 8 ça s'Égoutte, tous pop-corniens de coeur jusqu'à plus soif, on s'étendra en crustacés, le club Djohnie arma une arnaque à désosser un colibri moqueur contre Pépé le programmé grandiose, on vit propre au tri-supra-ordonné tu ne vas jamais le battre même Kasparov, Djohnie convoqua les surfaces des rêves et les ensemença de logiciels viraux-monsanto-tu-crêves-illico-presto-même-pas-pardon à te faire pousser un poireau pouilleux sur ta face d'endormi chronique, il s'allia à Type 8 ça s'Égoutte qui, blanc comme neige, pilleur de charrues, kérosyste averti, pas un gène vaillant, pondit sa logique saillie qu'un prix Djebel n'atteindrait qu'en photo, c'est pour dire, genre, alors nos deux larrons défoirés, incapables d'attaquer d'éveil Pépé la Réglette dit le Branquignol tétraèdre, infestèrent ses songes car le jour nuit. Ils polluèrent les poubelles spatiales qui formaient la calotte glacée du rêve, de jour on ne percevait rien non plus, les intelligences artificielles n'avaient pas encore développé d'éco-consciences, on ne peut pas tout savoir, puis ça dérange pas, d’ailleurs, ordinateurs à supra-réglo-conducteurs descendaient de la même branche que le plastique et l’oxydation des génotypes. Tout puait mais nos hédonistes machines automatiques belges de pop-corn avaient omis l’invention du nez, ha ha ha ! 

On remit les tuxédos platinés au rencart, ça déboulait de partout, notre protovache tenta humidement de vêler mais ne sortit de son aération qu’un microcosme d’absolutistes micromégassiens peu enclins à la démerde, surtout le premier jour, on se comprend, ça déboulait comme on engloutit sa cervoise,  et du pop-corn, y en avait plus. On se rabattit sur les pieds de chaises onomastiques.


Fin de la première légende

Alain Raimbault

dimanche 23 avril 2017

Petit pays, de Gaël Faye (éd. Grasset)


Lu en avril 2017: Petit pays, de Gaël Faye (ed. Grasset). Tu lis cette enfance ordinaire au Burundi et tu penses à la tienne, ordinaire, avec ta famille par forcément unie, ta soeur, tes voisins, les grands et les expéditions dans les jardins aux manguiers. Et puis ça dérape parce qu’avec une mère tutsie, un père français, des voisins hutus, le Rwanda tout près en guerre et le Burundi en ébullition, l'innocence doit s’achever. Et la folie guette. Difficile de croire que nous avons là un premier roman tant l’écriture est limpide, forte, émouvante, poétique et maîtrisée. Un très très beau roman!!! J’ai adoré.


dimanche 16 avril 2017

Tropique de la violence, de Nathacha Appanah, éd. Gallimard


Tropique de la violence, de Nathacha Appanah, éd. Gallimard. Si vous pensez à Mayotte-son-soleil-ses-plages-ses-hibiscus-le-paradis, vous avez tout faux. Mayotte, c’est Gaza, un bidonville où Bruce l’enfant boss décide du soleil ou de la pluie. Mo le suit mais ne le craint pas, contrairement aux centaines d’enfants de la bande. Mo aux yeux de djinn, enfant d’un kwassa kwassa ne semble pas vivre sur la même planète et ça, ça énerve Bruce. Si Mo a une enfance blanche, son destin vire très vite au sombre. Les morts parlent, les vivants hurlent, les chiens jouent aux fantômes et ce roman, qui aurait pu s’intituler Triste tropique, envoûte le lecteur. Le paradis, c’est pour les autres. L’enfer est une île peuplée d’enfants sauvages. Ce livre m’a dévoré.  



Je trouve aussi qu'il fait le lien avec Anguille sous roche, d'Ali Zamir car le roman de cet auteur se termine dans un kwassa kwassa entre Ajouan et Mayotte et ce roman commence dans cette même embarcation entre ces deux îles. Ce roman commence où l'autre finit. Aussi, nous avons deux narrations complètement différentes, deux grandes voix originales et magnifiques. 


mardi 14 mars 2017

Rapatriés, de Néhémy Pierre-Dahomey (Seuil)

Lu en mars 2017: Rapatriés, de Néhémy Pierre-Dahomey (Seuil). J’ai adoré! Magnifique premier roman de ce jeune auteur. Belliqueuse Louissaint (en guerre contre son destin) tente de gagner la Floride à bord d’une frêle embarcation qui conduit au malheur. De retour sur terre, elle s’installe dans un nouveau quartier pour les rescapés de catastrophes, Rapatriés. Les relations avec les pères et les enfants ne vont pas de soi. Il sera question de morts violentes, d’adoption, de folie et d’amour, un peu. Ce roman éclate de vie, bouillonne de malheurs, pleure de rage, ploie sous la poésie. Un seul reproche: il est trop court. J’aurais bien aimé en lire deux ou trois cents pages de plus. J’attends le deuxième avec impatience. Merci Néhémy pour ce splendide roman!




vendredi 10 mars 2017

Anguille sous roche, d'Ali Zamir, éditions Le Tripode

Lu en février 2017: Anguille sous roche, d'Ali Zamir, éditions Le Tripode. Comme le dit la quatrième de couverture, ce roman est vraiment un miracle. Venu d'une île plutôt inconnue, Anjouan, dans l'archipel des Comores, ce roman d'une phrase est le cours de la pensée de la jeune Anguille qui ne se laisse pas faire non, non non, elle se bat, Anguille, elle résiste, elle s'affirme et même si en final de compte, la vie n'est qu'un grand mensonge, sous son masque anguilliforme, Anguille nous aura envoûtés par sa mélodie, sa poésie, ses registres de langues polyphoniques, sa détermination, sa beauté. J'ai dévoré ce livre!!! Un grand Merci à Ali Zamir pour la générosité de son écriture. Ce livre, c'est un vrai cadeau!


Le monde est mon langage, d'Alain Mabanckou (Grasset)

Lu en mars 2017: Le monde est mon langage, d'Alain Mabanckou (Grasset). En plus d'être un excellent romancier, Alain Mabanckou sait présenter la littérature d'un pays ou d'un auteur en quelques mots, et soudain tout s'éclaire. Glissant devient alors plus saisissable. Nous (moi, surtout) découvrons des auteures comme Suzanne Kala-Lobè ou Bessora. Ce sont des rencontres vraiment émouvantes et passionnantes avec Le Clézio, Sony Labou Tansi, Gary Victor ou Zéphirin Métellus dans une rue de La Nouvelle Orléans. Ce livre est réellement merveilleux car le lecteur apprend, découvre, s'émeut, sourit, et voyage en poésie. Un régal.