samedi 18 février 2017

Mark SaFranko : Putain d'Olivia / 13e note éditions, 2009

Mark SaFranko : Putain d'Olivia / 13e note éditions, 2009
(Hating Olivia, 2005)

On embarque avec « Putain d’Olivia » pour un voyage sans fond dans une Amérique industrieuse des années 70 où l’absence d’un billet vert en poche te conduit direct en enfer. Max, jeune musicien sans le sou mais aux rêves plus grands qu’un continent rencontre Livy dans un bar. Pas besoin de s’ébattre très longtemps pour comprendre que leurs corps élastiques jouent dans la même ligue, quelle que soit la position. L’idylle dure aussi longtemps que les factures sont plus ou moins payées. Après cela, une nouvelle musique se fait entendre. Trouver un job suffisant pour ne plus étouffer. Sauf que nos tourtereaux ne sont pas doués pour la routine. Cette faculté n’est pas donnée à tout le monde, pas vrai? C’est en pratiquant des activités parfois inattendues et toujours mal payées que Max tente de fuir la poisse dans laquelle il se débat. Un jour, il le sait, il finira par écrire un roman qui le conduira à la gloire éternelle. Oui, un jour. Livy, elle, au début solidaire en amour voit très vite son équilibre vaciller. Elle rue dans les brancards. Elle cherche une solution bien à elle, bruyante, violente, pour sortir de l’impasse. Sa vie ne mène à rien. Incapables de se quitter, Max, le narrateur, et Livy, la belle au passé mystérieux et torturé, forcément, se déchirent en technicolor dans leur minable appartement.
Le roman carbure à mille miles à l’heure, ponctué de scènes sulfureuses où le corps, cet animal de base, a ses raisons que la raison n’entend pas, vraiment pas. Une langue vive, orale, offre une proximité immédiate entre le narrateur et le lecteur. Pas de chichi. Les actes sont nommés, les lieux décrits dans leur apparente simplicité, les actions s’enchaînent chronologiquement et l’on craint que la mort ne soit la seule issue. On boit, on fume, on lit, on baise, on glande, on bâfre, on turbine et on consomme compulsivement. Roman fascinant car il décrit en détail nos angoisses d’artiste raté et les compromis aliénants dans lesquels nous nous vautrons afin d’esquiver nos propres démons. Du vécu à l’état cru.   


Alain Raimbault

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