samedi 24 octobre 2015

Poème J'invente


Poème

https://www.youtube.com/watch?v=Qo1_njDTc5E

J'invente - d' Alain Raimbault lu par Yvon Jean Radio Centre-Ville :www.radiocentreville.com/
 ce 23 octobre 2015. 
Un grand MERCI à l'ami poète Yvon Jean


J'invente mes visions
je prends le temps pour mes passions
la ville blanche se consumme
par tous les stades qui m'allument
ni vent ni inventeur ni inventaire
je vois pour ne plus taire
je prends ce qui se tait
ni la vie ni la Terre
ne m'attachent
ce temps qui colle à tout
me livre comme on lâche
prisonnier en raison
ma cavale est révision
tout vu pour la première fois
je dis comme on se voit
j'invente mes divisions
armées de dérision
j'invente
j'inventaire

Alain Raimbault 

dimanche 23 août 2015

Ulan Bator, de Richard Tabbi, éditions du Riez, 304 pages, 2015. Préface de Ludovic Lavaissière

          Ulan Bator, de Richard Tabbi, éditions du Riez, 304 pages, 2015. Préface de Ludovic Lavaissière



      Après l’alcoolique et jouissif Zombie Planète publié chez Mango et la psychédélique entourloupe havraise de Moi & ce diable de blues écrit avec son ombre éclectique j’ai nommé Ludovic Lavaissière qui est ici l’auteur de la préface, Richard Tabbi en remet une couche, toujours aux Éditions du Riez. Ulan Bator est un road movie collant, indélébile, qui vous prend au mental et qu’on ne peut lâcher sans avoir des restes de glue Uhu© séchés par endroit entre les neurones. Pas facile de se faire courser par des caïds mongols, Mastic et Bleu Pétrole, déconcentrés par des sextoys pour androïde, quand tu traînes ton bébé Tom sur le dos et qu’Asako, ton top model japonais de femme t’appelle sans cesse lors de sa tournée internationale d’artiste célèbre afin de  te faire prendre conscience de ta folie grave. Tu cours, tu flingues, tu te tires des griffes des russoïdes mafieux en visant juste, la balade du zoo de Moscou est à ce sujet un passage d’anthologie. Tu picoles juste ce qu’il faut entre deux météorites et les monastères slaves peuplés de commandos monastiques martiaux ne sont plus, mais alors plus du tout ce qu’ils auraient dû être. Un vrai régal qui, en plus du délire kérouacquesque, réside dans les descriptions. Notre halluciné héros Solo Aggrigente, renommé selon les doses intra sanguines de matières plus ou moins venimeuses en Hotchkiss Baïkonour, auteur des aventures de Roméo Tartarski et de Jéricho Tête-de-Mouche, notre héros donc rencontre de merveilleux personnages comme  (page 194)  «… deux lesbiennes enrichies par les aberrations du Marché de l’Art Contemporain, et (…) un couple stressé malgré l’affichage cool qui clignotait… » Plus loin, (pages 243-244-245) « Un type… portait des lunettes à quadruple foyer et des chaussons à l’effigie de Spiderman. » Sa femme « … arborait une permanente plastifiée auburn et une blouse bleue élimée sur des bas couleur chair. » De temps à autre, un mort, un Alien, Sigourney Weaver, Harald Kamsün et une citation du fameux Herman Klausevitz parce que la mort sans sexe manque terriblement de saveur, n’est-ce pas? (page 279): « Je branchai les fils, mais la saloperie ne voulait pas redémarrer. J’ouvris sa poitrine, cherchant la cause du faux contact, englué de sang synthétique. Ses yeux opaques reflétaient le néant, mais j’en avais rien à foutre, de ses yeux. Tandis que ma bite durcissait encore je transpirais en m’efforçant de trouver la panne qui paralysait cette pute androïde qui m’avait lâché en pleine fellation alors même que je m’apprêtais à jouir. »
            Encore une fois, ce roman épique à la liberté de ton totale est un véritable enchantement. C’est drôle, acide, grinçant, polluant, hallucinogène, prophétique, déjanté et généreux. Richard Tabbi nous en donne plein les mirettes. Ses mots vont beaucoup plus loin que le lecteur. C’est merveilleux et magistral. OK, j’arrête, mais je vais relire, c’est sûr.

http://www.editionsduriez.fr/boutique/nouveautes/ulan-bator/  


                                                                                                                      Alain Raimbault    

samedi 9 mai 2015

Journal Métro de Montréal fin avril 2015

Voici trois photos que j"ai prises publiées sur le site du journal Métro de Montréal le 24 avril 2015

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/763140/exposition-desaparecidos/#



À l’UQAM, on peut voir une exposition attirant l’attention sur les 43 étudiants disparus au Mexique en septembre dernier.

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/763135/demonstration-de-danse-de-rue-a-berri-uqam/ 



Jeudi soir, une démonstration de danse de rue a eu lieu à la station de métro Berri-UQAM.

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/763131/autobus-en-feu-sur-lechangeur-turcot/

lundi 26 janvier 2015

Dieu bénisse l'Amérique, de Mark SaFranko. critique

En janvier 2015, j'ai eu le bonheur de lire ce livre et voici ma critique, que Mark a lue, ainsi que Karine, la traductrice. Les médias sociaux, c'est extraordinaires, quand même.

http://www.aubarfly.com/tim-lobster-a-lu-dieu-benisse-lamerique-de-mark-safranko/

Dieu bénisse l'Amérique, de Mark SaFranKo


Mark SaFranko


Mark SaFranKo, Dieu bénisse l’Amérique, 13e note éditions, Paris, 2012, excellemment traduit de l’anglais (États-Unis) par Karine Lalechère

L’alter ego de l’auteur, Max Zajack nous raconte sa jeunesse dans une famille pauvre d’émigrés polonais, quelque part en Amérique, côte est. Années 50, début 60, la pauvreté ressemble à une malédiction héréditaire. Le père de Max, Jake, enchaîne les petits boulots de crève-la-faim jusqu’à devenir pompier. Si l’on espère une amélioration de la situation familiale, on a tout faux. L’espoir n’est pas de mise. La misère crasse reste la même. Dans une société de classes comme celle des États-Unis d’après-guerre, aucune élévation de quelque sorte n’est possible. Bien au contraire. Jake se sent impuissant contre le sort qui s’acharne sur lui alors comme un rat en cage, il enrage et mord tout ce qui l’approche. Il cherche des coupables car il se dit victime d’un système qui le dépasse. Des coupables? Ce sont les Noirs, les « bamboulas… responsables de tous les maux de la Terre. » En plus d’être raciste, Jake est violent. Max reçoit des raclées environ toutes les dix pages, soit par son paternel, soit par ses camarades de classes prêts à t’estourbir ou à te brûler vif pour un regard de travers, soit par ses institutrices catholique qui répandent l’amour de Dieu à coups de torgnoles et de chicotte, soit par les gangs de rue que Max a le malheur de croiser. Quand ce n’est pas sa mère qui l’assomme en public ou le coiffeur qui lui plante sa paire de ciseaux dans le cou en clamsant raide net devant lui. Max, il n’a pas de chance.
Il grandit dans un monde apocalyptique peuplé de fous (sa mère Bash, l’oncle Henry, dans la rue, les voisins, au travail, les cinglés sont partout), de criminels (ses amis, ses collègues), de pédophiles et de demeurés bouseux (voir la rencontre familiale au Canada chez des éleveurs de porcs dont tous ne sont pas doués de la parole…). Les relations de Max avec les femmes, possible source d’espoir, relèvent du fiasco. Lorsqu’il se fait passer pour un membre du FBI afin de peloter la belle Sandy, la police lui tombe sur le paletot et la Mafia menace de l’éliminer. Les femmes, c’est dangereux.
            Ce livre se dévore comme on assiste en voyeur à une série d’accidents de la route, voire à une longue séance de torture. L’unique bouée de sauvetage est l’humour, seule distance possible entre la vie et le narrateur. Par exemple, lorsque son ami Joey lui explique la mécanique du sexe : « Tu plaçais ta bite à côté de celle de la fille… vous les frottiez l’une contre l’autre et au final, on obtenait un bébé. » Peu avant cette explication, le narrateur avait précisé : « Plus tard, je devais me rendre compte que sa théorie comportait quelques faiblesses. » Faiblesses ou pas, le sexe conduit toujours à la catastrophe.
            Pas besoin d’être sorti de la cuisse de Jupiter pour comprendre que contrairement au titre, Dieu à maudit l’Amérique. Comment poursuivre le bonheur quand le destin du peuple ouvrier est joué d’avance? Le rêve américain, c’est d’éviter de mourir trop vite. Et ce n’est pas joué d’avance. Quand tu ne meurs pas de faim ou de maladies transmises par les souris, les rats, les poux et la vermine, quand tu ne te suicides pas, quand tu survis à divers accidents plus scabreux les uns que les autres, quand on ne t’assomme pas ou quand tu ne te prends pas une balle perdue, le pays a toujours la possibilité de t’envoyer te faire tuer dans le Pacifique ou au Viet-Nam. Et l’avenir, dans tout ça? Max rêve d’une gigantesque explosion nucléaire qui règlerait ses problèmes.
            Dans sa post-face, l’éditeur Zslot Alapi affirme : « Le monde littéraire devrait avoir peur de ce roman… » et il a tout à fait raison car cette fiction secoue profondément le lecteur. Mark SaFranKo fait plus que du vrai et du beau genre Baudelaire, il frappe là où ça fait mal, à l’humain de base. Il torpille à jamais le roman d’apprentissage. La prose de SaFranKo, c’est du Zola désespéré qui a lu Bukowski, Fante et Carver. J’en suis resté estourbi.  


            Alain Raimbault