vendredi 30 décembre 2022

31 décembre 2022, mes 22 coups de cœur de l'année

Excellente année de lecture, comme d’habitude. Voici mes 22 coups de cœur de 2022, sans hiérarchie aucune, tous excellentissimes!!!

«Une somme humaine», de Makenzy Orcel, éd. Rivages
«Les crues», nouvelles de Joanne Rochette, éd. L’instant même
«L’odyssée des oubliés», de Khalil Diallo, éd. Emmanuelle Collas
«Gens du Nord», de Perrine Leblanc, éd. Gallimard
«Bienvenue, Alyson», de J.D. Kurtness, éd. Hannenorak
«Milwaukee Blues», de Louis-Philippe Dalembert, Sabine Wespieser éditeur
«La porte du voyage sans retour», de David Diop, éd. du Seuil
«Black Manoo», de Gauz, éd. Le nouvel Attila
«Friday Black», de Nana Kwame Adjei-Brenyah (Traduit par Stéphane Roques), éd. Albin Michel
«Rue Félix-Faure», de Ken Bugul, éd. Serpent à plumes
«Jouissance» , d’Ali Zamir, éd. Le Tripode
«Les Aquatiques», d’Osvalde Lewat, éd. Les escales
«Coeur du Sahel», de Djaïli Amadou Amal, éd. Emmanuelle Collas
«La pluie ébahie», de Mia Couto, (traduction du portugais (Mozambique) de Elisabeth Monteiro Rodrigues) éd. Chandeigne
«Le cartographe des absences», de Mia Couto (traduction du portugais (Mozambique) de Elisabeth Monteiro Rodrigues), éd. Métailié.
«Harlem Shuffle», de Colson Whitehead, (traduit de l’américain par Charles Recoursé) éd. Albin Michel (il sortira le 5 janvier 2023)
«Supermarché», de José Falero, (traduit du brésilien par Hubert Tézenas) éd. Métailié
«Tous les mots qu’on ne s’est pas dits», de Mabrouck Rachedi, éd. Grasset
«Stardust», de Léonora Miano, éd. Grasset (Lu en pdf, donc pas sur la photo, mais je vais l’acheter)
«La Belle de Casa», de In Koli Jean Bofane, éd. Actes Sud
«Femme du ciel et des tempêtes», de Wilfried N’Sondé, éd. Actes Sud
«Nous ne trahirons pas le poème», de Rodney Saint-Eloi, éd. Points Seuil






«Les Rescapés de l’Éternité», BD de Grégoire Bouchard



Lu:

«Les Rescapés de l’Éternité», BD de Grégoire Bouchard, éd. MOELLE GRAPHIK.

Je m’attendais à une nouvelle et trépidante aventure de Bob Leclerc, ce fut celle de Jim Flash, acteur dans des films de cowboy, puis conducteur de bolides. Le beau Jim vit avec sa vieille maman qui lui prépare toujours de la nourriture infecte. Nous sommes principalement dans les années cinquante, après les fameuses guerres asiates et le génocide martien (voir les deux épisodes précédents de Bob Leclerc que j’ai adorés!). Le lecteur navigue donc entre 1950 revisité et 2059 à Montréal City. Les dessins sont extraordinaires par la précision et l’invention des décors où le vrai, identifiable, se mêle à la fiction. L’histoire, la quête de l’immortalité de Jim Flash est une critique féroce du transhumanisme. À partir de la science ou de la pseudo-science des années 50, l’auteur invente l’homme du futur, prisonnier de sa biologie défaillante (il vieillit), imaginé par divers scientifiques. Jim cherche une voie dans les livres pour vivre 200 ans. Les solutions qu’on lui présente sont extraordinairement délirantes. Elles se font l’écho des discours actuels des techno prophètes des GAFA qui nous promettent aussi l’éternité. Au passage, la morale chrétienne des personnages en prend un coup, et le personnage innocent du début de l’histoire termine enfermé dans un école tenue par des nonnes qui vont le torturer. Cet épisode n’est pas sans rappeler les horreurs commises par le clergé catholique des années 50 au Québec contre les enfants qui leur étaient confiés.

C’est une BD qui se lit, avec des dialogues souvent philosophiques et parfois très drôles malgré leur sérieux. Le contraste entre l’attitude très calme des personnages et les répliques dévastatrices ou définitives, sans nuance qu’ils s'envoient est un pur plaisir. J’aime beaucoup celle-ci. Si vous avez le malheur d’avoir 48 ans, c’est pas de chance! Je cite, page 118: «Tu as 48 ans, Jim. À ton âge, il est normal que l’existence soit triste, dénuée de sens et sans espoir. Tu as atteint cette époque de la vie où l’enchantement s’est évanoui, où les illusions et les rêves ne peuvent plus te leurrer… Tu es déjà, mon fils, sur l’austère chemin du déclin.» Moi je dis: voilà un vrai ami qui ne te cache aucune vérité.

À part la page 233 qui ne m’a pas fait bonne impression, cette BD vaut son pesant d’or! Le monde de Bob Leclerc est un enchantement, à classer au niveau des Cités obscures de Schuiten et Peeters. Rien de moins!