Lu en mars 2017: Rapatriés, de Néhémy Pierre-Dahomey (Seuil). J’ai adoré! Magnifique premier roman de ce jeune auteur. Belliqueuse Louissaint (en guerre contre son destin) tente de gagner la Floride à bord d’une frêle embarcation qui conduit au malheur. De retour sur terre, elle s’installe dans un nouveau quartier pour les rescapés de catastrophes, Rapatriés. Les relations avec les pères et les enfants ne vont pas de soi. Il sera question de morts violentes, d’adoption, de folie et d’amour, un peu. Ce roman éclate de vie, bouillonne de malheurs, pleure de rage, ploie sous la poésie. Un seul reproche: il est trop court. J’aurais bien aimé en lire deux ou trois cents pages de plus. J’attends le deuxième avec impatience. Merci Néhémy pour ce splendide roman!
mardi 14 mars 2017
vendredi 10 mars 2017
Anguille sous roche, d'Ali Zamir, éditions Le Tripode
Lu en février 2017: Anguille sous roche, d'Ali Zamir, éditions Le Tripode. Comme le dit la quatrième de couverture, ce roman est vraiment un miracle. Venu d'une île plutôt inconnue, Anjouan, dans l'archipel des Comores, ce roman d'une phrase est le cours de la pensée de la jeune Anguille qui ne se laisse pas faire non, non non, elle se bat, Anguille, elle résiste, elle s'affirme et même si en final de compte, la vie n'est qu'un grand mensonge, sous son masque anguilliforme, Anguille nous aura envoûtés par sa mélodie, sa poésie, ses registres de langues polyphoniques, sa détermination, sa beauté. J'ai dévoré ce livre!!! Un grand Merci à Ali Zamir pour la générosité de son écriture. Ce livre, c'est un vrai cadeau!
Le monde est mon langage, d'Alain Mabanckou (Grasset)
Lu en mars 2017: Le monde est mon langage, d'Alain Mabanckou (Grasset). En plus d'être un excellent romancier, Alain Mabanckou sait présenter la littérature d'un pays ou d'un auteur en quelques mots, et soudain tout s'éclaire. Glissant devient alors plus saisissable. Nous (moi, surtout) découvrons des auteures comme Suzanne Kala-Lobè ou Bessora. Ce sont des rencontres vraiment émouvantes et passionnantes avec Le Clézio, Sony Labou Tansi, Gary Victor ou Zéphirin Métellus dans une rue de La Nouvelle Orléans. Ce livre est réellement merveilleux car le lecteur apprend, découvre, s'émeut, sourit, et voyage en poésie. Un régal.
samedi 18 février 2017
Mark SaFranko : Putain d'Olivia / 13e note éditions, 2009
Mark SaFranko : Putain d'Olivia / 13e note éditions,
2009
(Hating Olivia, 2005)
On embarque avec
« Putain d’Olivia » pour un voyage sans fond dans une Amérique
industrieuse des années 70 où l’absence d’un billet vert en poche te conduit
direct en enfer. Max, jeune musicien sans le sou mais aux rêves plus grands qu’un
continent rencontre Livy dans un bar. Pas besoin de s’ébattre très longtemps
pour comprendre que leurs corps élastiques jouent dans la même ligue, quelle
que soit la position. L’idylle dure aussi longtemps que les factures sont plus
ou moins payées. Après cela, une nouvelle musique se fait entendre. Trouver un
job suffisant pour ne plus étouffer. Sauf que nos tourtereaux ne sont pas doués
pour la routine. Cette faculté n’est pas donnée à tout le monde, pas vrai? C’est
en pratiquant des activités parfois inattendues et toujours mal payées que Max
tente de fuir la poisse dans laquelle il se débat. Un jour, il le sait, il
finira par écrire un roman qui le conduira à la gloire éternelle. Oui, un jour.
Livy, elle, au début solidaire en amour voit très vite son équilibre vaciller.
Elle rue dans les brancards. Elle cherche une solution bien à elle, bruyante,
violente, pour sortir de l’impasse. Sa vie ne mène à rien. Incapables de se
quitter, Max, le narrateur, et Livy, la belle au passé mystérieux et torturé,
forcément, se déchirent en technicolor dans leur minable appartement.
Le roman carbure à
mille miles à l’heure, ponctué de scènes sulfureuses où le corps, cet animal de
base, a ses raisons que la raison n’entend pas, vraiment pas. Une langue vive,
orale, offre une proximité immédiate entre le narrateur et le lecteur. Pas de
chichi. Les actes sont nommés, les lieux décrits dans leur apparente
simplicité, les actions s’enchaînent chronologiquement et l’on craint que la
mort ne soit la seule issue. On boit, on fume, on lit, on baise, on glande, on bâfre,
on turbine et on consomme compulsivement. Roman fascinant car il décrit en
détail nos angoisses d’artiste raté et les compromis aliénants dans lesquels
nous nous vautrons afin d’esquiver nos propres démons. Du vécu à l’état cru.
Alain Raimbault
mercredi 20 avril 2016
Nuit debout 20 avril 2016
Nuit Debout
Aujourd'hui, mon opinion dans le journal Métro de Montréal
Nuit debout
Après une manifestation contre la «loi Travail» en France, des gens de tous les horizons se réunissent sur les places publiques afin de libérer la parole, de s’exprimer simplement en public sur des enjeux de société. Le mouvement, je pense, va se développer aussi à Montréal et dans tout le Québec. Pourquoi? Parce que le discours politique est contrôlé par les partis. Un parti politique pour lequel je vote ne véhicule pas mes idées à 100 %. Il reste une part importante de mes opinions qui n’est pas véhiculée, discutée dans les parlements. Lors du formidable printemps érable, ce fut une éclosion merveilleuse d’idées, d’expressions, de rencontres, de créations, de contestations. Nuit debout remplit une fonction essentielle de rencontre et d’échanges pour toute communauté dans un endroit matériel, physique, humain. Les médias électroniques ne peuvent remplacer la vraie rencontre. Je prédis et je souhaite un vaste mouvement pacifique d’échange d’idées sur la place publique.
Nuit debout
Après une manifestation contre la «loi Travail» en France, des gens de tous les horizons se réunissent sur les places publiques afin de libérer la parole, de s’exprimer simplement en public sur des enjeux de société. Le mouvement, je pense, va se développer aussi à Montréal et dans tout le Québec. Pourquoi? Parce que le discours politique est contrôlé par les partis. Un parti politique pour lequel je vote ne véhicule pas mes idées à 100 %. Il reste une part importante de mes opinions qui n’est pas véhiculée, discutée dans les parlements. Lors du formidable printemps érable, ce fut une éclosion merveilleuse d’idées, d’expressions, de rencontres, de créations, de contestations. Nuit debout remplit une fonction essentielle de rencontre et d’échanges pour toute communauté dans un endroit matériel, physique, humain. Les médias électroniques ne peuvent remplacer la vraie rencontre. Je prédis et je souhaite un vaste mouvement pacifique d’échange d’idées sur la place publique.
Parce qu’il est important de poursuivre le dialogue entre nous.
samedi 24 octobre 2015
Poème J'invente
Poème
https://www.youtube.com/watch?v=Qo1_njDTc5E
J'invente - d' Alain Raimbault lu par Yvon Jean Radio Centre-Ville :www.radiocentreville.com/
ce 23 octobre 2015.
Un grand MERCI à l'ami poète Yvon Jean
J'invente mes visions
je prends le temps pour mes passions
la ville blanche se consumme
par tous les stades qui m'allument
ni vent ni inventeur ni inventaire
je vois pour ne plus taire
je prends ce qui se tait
ni la vie ni la Terre
ne m'attachent
ce temps qui colle à tout
me livre comme on lâche
prisonnier en raison
ma cavale est révision
tout vu pour la première fois
je dis comme on se voit
j'invente mes divisions
armées de dérision
j'invente
j'inventaire
Alain Raimbault
dimanche 23 août 2015
Ulan Bator, de Richard Tabbi, éditions du Riez, 304 pages, 2015. Préface de Ludovic Lavaissière
Ulan
Bator, de Richard Tabbi, éditions du Riez, 304 pages,
2015. Préface de Ludovic Lavaissière
Après l’alcoolique et
jouissif Zombie Planète publié chez
Mango et la psychédélique entourloupe havraise de Moi & ce diable de blues écrit avec son ombre éclectique j’ai
nommé Ludovic Lavaissière qui est ici l’auteur de la préface, Richard Tabbi en
remet une couche, toujours aux Éditions du Riez. Ulan Bator est un road movie collant, indélébile, qui vous prend au
mental et qu’on ne peut lâcher sans avoir des restes de glue Uhu© séchés par
endroit entre les neurones. Pas facile de se faire courser par des caïds mongols,
Mastic et Bleu Pétrole, déconcentrés par des sextoys pour androïde, quand tu
traînes ton bébé Tom sur le dos et qu’Asako, ton top model japonais de femme t’appelle
sans cesse lors de sa tournée internationale d’artiste célèbre afin de te faire prendre conscience de ta folie grave.
Tu cours, tu flingues, tu te tires des griffes des russoïdes mafieux en visant
juste, la balade du zoo de Moscou est à ce sujet un passage d’anthologie. Tu
picoles juste ce qu’il faut entre deux météorites et les monastères slaves peuplés
de commandos monastiques martiaux ne sont plus, mais alors plus du tout ce qu’ils
auraient dû être. Un vrai régal qui, en plus du délire kérouacquesque, réside
dans les descriptions. Notre halluciné héros Solo Aggrigente, renommé selon les
doses intra sanguines de matières plus ou moins venimeuses en Hotchkiss
Baïkonour, auteur des aventures de Roméo Tartarski et de Jéricho
Tête-de-Mouche, notre héros donc rencontre de merveilleux personnages comme
(page 194) «… deux lesbiennes enrichies
par les aberrations du Marché de l’Art Contemporain, et (…) un couple stressé
malgré l’affichage cool qui clignotait… » Plus loin, (pages 243-244-245) « Un
type… portait des lunettes à quadruple foyer et des chaussons à l’effigie de Spiderman. » Sa femme « …
arborait une permanente plastifiée auburn et une blouse bleue élimée sur des
bas couleur chair. » De temps à autre, un mort, un Alien, Sigourney Weaver,
Harald Kamsün et une citation du fameux Herman Klausevitz parce que la
mort sans sexe manque terriblement de saveur, n’est-ce pas? (page 279): « Je branchai les fils, mais la saloperie ne
voulait pas redémarrer. J’ouvris sa poitrine, cherchant la cause du faux
contact, englué de sang synthétique. Ses yeux opaques reflétaient le néant,
mais j’en avais rien à foutre, de ses yeux. Tandis que ma bite durcissait
encore je transpirais en m’efforçant de trouver la panne qui paralysait cette
pute androïde qui m’avait lâché en pleine fellation alors même que je m’apprêtais
à jouir. »
Encore une fois, ce roman épique à la liberté de ton
totale est un véritable enchantement. C’est drôle, acide, grinçant, polluant,
hallucinogène, prophétique, déjanté et généreux. Richard Tabbi nous en donne
plein les mirettes. Ses mots vont beaucoup plus loin que le lecteur. C’est
merveilleux et magistral. OK, j’arrête, mais je vais relire, c’est sûr.
http://www.editionsduriez.fr/boutique/nouveautes/ulan-bator/
Alain Raimbault
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