samedi 2 juin 2018

Salter par Salter

Livre lu en mai 2018: Salter par Salter, éd. de l’Olivier. Traduction de l’anglais par
Marc Amfreville et Philippe Garnier.

Recueil d’entretiens et de conférences donnés par James Salter entre 1993 et
2004.
Il évoque brièvement sa vie comme pilote de chasse, qui l’a amenée à faire
la guerre de Corée. Sa démission de l’armée de l’air américaine pour se
consacrer à l’écriture, et surtout ses rencontres littéraires. Amoureux de la
France, il évoque  Colette, Léautaud, Cocteau, Jouhandeau, Flaubert,
Duras, Balzac, Hugo. Il travaille comme scénariste, il vend des calendriers,
il est employé de librairie.

Sa relation avec les écrivains américains est passionnante. Il va à Paris
réaliser une entrevue avec Nabokov, qui n’en accorde d’habitude pas.
Il correspond avec Graham Greene qu’il admire tant. Il évoque aussi Faulkner,
pilote à ses heures, qui aurait dit p. 159: «... tous (les plus grands écrivains
américains) avaient raté leur carrière, mais … l’oeuvre de Thomas Wolfe
était le plus réussi des échecs et ... celle de William Faulkner la suivait
de près.» Saul Bellow le conseille dans ses débuts d’écrivain. Aussi, il est
allé à l’école à New York avec… Jack Kerouac!

Il explique enfin en détail l’écriture de sa propre oeuvre littéraire, où l’on
comprend qu’il se sente beaucoup plus proche de Balzac avec son soin
du détail que des poètes. Du reste, il parle très peu de poésie.

Quelques citations

p. 104: «Le style correspond à un choix, alors qu’une voix est presque
génétique, quelque chose d’absolument personnel. Aucun autre auteur n’écrit
comme Isak Dinesen. Ni comme Raymond Carver ou Faulkner. Ils récrivent
constamment: Babel, Flaubert, Virginia Woolf. Être écrivain, c’est se condamner
à toujours corriger.»

p. 151: «Les choses qu’on consigne par écrit ne vieillissent pas avec vous…
rien ne peut paraître présent quand le temps est passé.»

p.117: «Au début, on peut écrire n’importe où, mais il faut utiliser le temps
dont vous disposez pour écrire, consacrer à la rédaction le temps de la vraie
vie.» Cette réflexion est pour moi la plus forte de ce livre, la plus angoissante,
la plus métaphysique. Elle soulève en moi une vague de malaise car je me
dis toujours: si je n’écris pas, je perds mon temps. La vraie vie, c’est écrire.
Alors, qu’est-ce que la vie sans écrire? Est-ce la fausse vie? La mort
prolongée? Je pensais que la vraie vie, c’était justement le contraire,
les enfants, le travail, le mouvement, mais Salter arrive est en toute simplicité,
et remet les pendules à l’heure. Ce livre, c’est un coup de massue!!!


Et pour conclure, cette pensée, reprise en quatrième de couverture:
«Tout ce qui n’est pas écrit, couché sur le papier, disparaît.»


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