vendredi 6 juillet 2018

Dan Fante: Dommages collatéraux

Livre lu en juillet 2018: Dan Fante, Dommages collatéraux, l’héritage de John Fante,
13e note éditions (Traduction d’Annie-France Mistral du livre intitulé en anglais
: A Family Legacy of Writing, Drinking and Surviving)

Quand ton père est un alcoolique colérique, scénariste contre nature et génial
écrivain, ça peut pas bien se passer, ton enfance. Nul à l’école, Dan, cancre
de première ne s’y éternise pas et commence alors une vie délirante de boulots
plus ou moins petits, légaux et dangereux. Il est bonimenteur, “aboyeurs”
chez les forains du Pacific Ocean Park, représentant de commerce, chauffeur
de taxis et de limousines à L.A. et à New York City, camelot, vendeur de
drogue, commis pour la mafia, télévendeur, j’en passe et des meilleures.
Incapable de garder un emploi ou une petite amie à cause de ses problèmes
d’alcoolisme et de drogue, il tente en alternance de se désintoxiquer et de
se suicider tout en écrivant des poèmes. Échec sur toute la ligne. Son vrai
problème, jamais diagnostiqué ni soigné, est psychologique. Alors
qu’un Dan raisonnable essaie de construire une vie raisonnable, l’autre
Dan complètement taré s’ingénie à saborder son existence. Cette
percutante autobiographie est le récit picaresque d’une lutte de titans.
Qui va gagner? Cela dépend des chapitres. Dan, contre toute attente, survit
assez pour commencer à écrire des romans, pour établir quelques relations
plus ou moins calmes avec son père qui se meurt du diabète et pour trouver
un semblant de paix vers la cinquantaine.

Un livre vraiment percutant, oui. D’une sincérité désarmante. Le
lecteur découvre une vie entière complètement décousue, qui ne fait
que rebondir  d’événements en événements souvent violents. J’ai terminé
la lecture essoufflé. Quel livre! Quelle puissance d’évocation! J’ai été
secoué dans tous les sens. C’est également le portrait intime de la famille
Fante, de John le père qui aurait aimé écrire davantage de romans et
recevoir une reconnaissance littéraire à sa juste mesure. Cette gloire finira
par arriver, mais bien trop tard. On découvre Nick, le frère alcoolique qui
mourra d’alcoolisme à 54 ans. Enfin Joyce, sa mère, qui a supporté comme
elle le pouvait son mari explosif, et qui a écrit sous la dictée le dernier roman
de John rendu aveugle par le diabète. John Fante est sur son lit de mort,
dans le coma, ses reins ont cessé de fonctionner, il n’y a plus rien à faire.
L’infirmière attend l’autorisation d’un membre de la famille pour le
débrancher. Dan est là parce que ses proches qui ont veillé sont épuisés
et se reposent. Dan donne son accord. Son père meurt. Quel livre!!!
J’espère qu’il sera réédité en français car il est introuvable en librairie
depuis la triste disparition de 13e note éditions.

Alain Raimbault, 5 juillet 2018, Greenfield Park, au Québec.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire