samedi 7 juillet 2018

Dan Fante: Régime sec

Livre lu en juillet 2018: Dan Fante, Régime sec, Mésaventures d’un taxi dans les rues
de L.A.  Recueil de nouvelles (13e note éditions et aussi Points Seuil, et intitulé
Short Dog en anglais)

Le problème quand tu conduis un taxi à L.A., ce sont les clients bien souvent
étranges et dangereux, les portiers des hôtels qui te refilent des courses contre
un pourcentage sur ce que tu vas gagner, c’est de bonne guerre, et gare si
tu oublies de passer à la caisse, l’alcool qui va t’aider à oublier tes problèmes,
les collègues tarés, tes insomnies et l’état du véhicule pourri pris dans le trafic
sans climatisation sous un soleil de plomb. Tout cela mis ensemble et tu vas
passer une journée formidable, comme d’habitude. En résumé, Bob le macho,
il se fait bien avoir à la fin. Donc, faut se méfier des chiens hargneux, de Leslie
l’employée amoureuse, des possesseurs d’un python récidiviste (ma nouvelle
préférée, celle-là, intitulée “Princesse”... La dernière est pas mal non plus.),
et de l’amour en général.

Lorsqu’on lit son incroyable biographie, on comprend mieux où Dan va
chercher des histoires pareilles. Quelques personnages extrêmes, un narrateur,
Bruno Dante, pas du tout en forme, alcoolique et suicidaire, un soleil de plomb
et tout dérape dans une ville plus construite en rues qu’en maisons.
La nouvelle licence: (vers le début) “Faire le taxi à L.A. ne sert qu’à
déposer des rebuts humains un peu plus loin, à transporter des épaves,
d’une zone de fast-food à une autre zone de fast-food.” Le malaise ne
quitte pas le lecteur. Tout se déroule au grand soleil dans une ambiance
de roman noir.

Ce style de fiction est classée sous le terme anglais de “dirty realism” ou
“réalisme sale” en français. C’est une expression choquante car il n’y a
rien de sale, de négatif dans cette littérature, au contraire. L’expression
d’une réalité brute sans effet de style forcé, en phrases simples et
descriptives est une grande réussite littéraire. Oui, c’est du réalisme,
peut-être pourrait-on décrire plus justement ce mouvement littéraire
par réalisme urbain (urban realism), ou par réalisme désespéré
(hopeless realism).

Alain Raimbault, le 7 juillet 2018 à Greenfield Park, au Québec





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