samedi 19 décembre 2020

"Western tchoukoutou” de Florent Couao-Zotti

"Western tchoukoutou” de Florent Couao-Zotti, éd. Gallimard


Le spaghetti du western béninois est liquide et se nomme tchoukoutou. Il rend nos trois larrons, les héros de la farce (à savoir un shérif rapide sur la détente, un cow boy fonceur et un cabaretier désespéré, amis d’enfance) mauvais. Ça oui ils l’ont mauvaise quand l’ex-beauté Kalamity Djane revient en ville (elle était pas morte? Mais oui elle était morte! Impossible que ce soit elle!!! Maman, un fantôôôme!) pour remettre en ordre son acte de naissance, vu que sa mort, on la connaît. Ça va brasser dans les chaumières de Natingou City. Le shérif se déplace en deux chevaux nerveuse, la vengeresse et son veuf inlassable amoureux un tantinet gratteux (ah, oui, il y a de l’amour aussi, et de la vraie poésie) en moto (le western, ça s’adapte), et ma chinoise préféré Lucy Liu… (ah, non, c’est pas elle) Xuo Luo (voilà) court dans tous les sens pour comprendre ce qu’il se passe. Même si elle mène son monde à la baguette, on peut pas toujours gagner. Surtout que Kalamity Djane, elle voit tout, elle sait tout, et c’est la plus rapide du far west. 

Je ne raconte pas la deuxième page. Ça, c’était la première. Un roman foisonnant, des personnages excessifs comme je les aime, et un humour à déplacer les montagnes. Tu ouvres ce roman et quand tu le refermes, tu l’as fini. Impossible de le lâcher. Cerise sur le gâteau, monsieur Couao-Zotti a du style, de l’élan, du panache. Il sait écrire. Et quel sens de la formule: “Ces malfaiteurs… tous de nationalité d’outre-montagne, étaient d’une stupidité à faire pousser des champignons dans le nez d’un barbu”... 

Ce roman jubilatoire m’a aussi fait penser non pas à Achille F. Ngoye, ni à Aïda Mady Diallo ni à Moussa Konaté (j’aurais pu mais j’ai pas… OK, j’ai un peu quand même pensé à eux, c’était inévitable) mais au formidable Janis Otsiemi surnommé le James Ellroy du polar africain, auteur entre autres de l’inoubliable et fantomatique : “Tu ne perds rien pour attendre”. Un livre en appelle souvent un autre. Ma maman me disait: “quand t’as su lire, t’as été sauvé.” Elle avait raison. Ce “Western tchoukoutou” est le genre de livre qui sauve. 



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