vendredi 9 juillet 2021

«Tram 83», de Fiston Mwanza Mujila



Lu: «Tram 83», de Fiston Mwanza Mujila, Métailié


Dans la Ville-Pays dirigée par le Général dissident, le point de ralliement inéluctable est le bar à traînées-cabaret-restaurant(chien grillé/rat salé)-maison de passe nommé Tram 83: «Déconseillé aux pauvres, minables, incirconcis, historiens, archéologues, lâches, psychologues, radins, imbéciles, insolvables et vous autres qui avez la guigne...» mais ouvert aux clients divers (la liste est longue, on attache sa tuque): «prostituées (tout un poème)... musiciens par inadvertance… prestidigitateurs ou pasteurs des églises de réveil ou étudiants aux allures de mécanos ou médecins… ou jeune journalistes déjà à la retraite…» (Il faut lire la liste, un vrai poème aussi.) Bon, l’industrie du coin est l’exploitation sauvage de la mine avec toutes les activités de survie connexes. Requiem est doué pour le commerce et son meilleur ennemi est l’écrivain rêveur Lucien qui est le seul, mais alors le seul à défendre son âme pure d’écrivain dans un tel lieu de misère et de violence. Au Tram 83, c’est comme la météo. On se sait jamais quel temps va sévir.

Ce roman est une véritable explosion de poésie. La langue libre (baroque?) de l’auteur nous tiraille vers les quatre ou cinq horizons dans chaque phrase, chaque situation. Le lecteur flotte au sommet d’un océan déchaîné. Faut vraiment avoir le pied marin pour tenir à flot. Voilà une œuvre terriblement originale. J’ai savouré ce roman comme un recueil de poésie, lentement, très lentement. C’est une bombe, ce livre.

Enfin, ce Tram 83 m’a fait penser au «prostíbulo» ou bordel si important dans la littérature latinoaméricaine ou caribéenne. Un lieu de malemort extraordinairement vivant.









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