dimanche 20 juillet 2025

«L'équation avant la nuit», de Blaise Ndala

Lu: «L'équation avant la nuit», de Blaise Ndala, éd. JC Lattès.


Ce roman sur le projet de construction de bombe nucléaire par Hitler durant la seconde guerre mondiale se lit comme un roman policier. Nous partons d’un message inquiétant que reçoit une professeure à Washington DC, pour remonter ensuite la filière nucléaire qui va nous amener de Belgique au Katanga en passant par le Chili et le grand nord canadien. Qui a envoyé les messages menaçants? Quel rapport entre ce scientifique allemand et Beatriz, la professeure? Quel rôle joue dans l’affaire ce jeune prince Lunda étudiant en Belgique en 1943? Mystère dès le début, enquête haletante, personnages intenses et torturés, ce roman dévore comme un feu intérieur. Il est également une fable morale sur la science sans conscience et la ruine des âmes. Sur l’importance de la réparation. Sur le dilemme entre rester fidèle à sa communauté, à sa patrie, à son peuple, voire à sa minorité ou à soi-même et la trahison. Entre autres, il est reproché à Daniel Zinga, le célèbre écrivain, acolyte de Beatriz dans cette enquête identitaire pour le moins originale, de trahir sa communauté. Mais qu’est-ce que «sa», ou la communauté d’un écrivain? Certes Daniel vient d’Afrique, il est noir, mais il est aussi écrivain. Il ne peut être réduit à deux caractéristiques. Il ne les nie pas, bien sûr, mais il est aussi autre chose. On ne peut réduire une personne à ses origines, n’est-ce pas ? L’identité est un concept toujours en mouvement, en transformation, et la solution de facilité est de coller une étiquette définitive.

Par ce roman, j’ai d’une part beaucoup appris sur la course à la bombe atomique dans les années 40, et sur le processus de réparation pour les peuples victimes de l’extractivisme colonial. Passionnant ! D’autre part, j’ai beaucoup aimé le principe de l’enquête, partir d’un problème causé aujourd’hui et remonter le cours de l’histoire pour trouver des réponses, la narration à rebours. L’auteur est un maître en la matière. Le roman pose aussi la question de la culpabilité du traître et ses tourments. Il évoque enfin sans équivoque et avec un certain humour la corruption des élites africaines, plus intéressées par le profit personnel que par le destin des peuples qu’elles sont censées servir. Bref, Blaise Ndala affronte sans complaisance aucune sous le biais de la fiction des sujets sensibles, au niveau de l’humain et de l’universel. « L’équation avant la nuit» est un vaste roman, un grand roman. Chapeau, l’artiste!!! Il sort pile dans un mois en librairie, le 20 août Chez JC Lattès (France) et le 27 octobre chez Mémoire d’encrier (Canada).


https://www.editions-jclattes.fr/livre/lequation-avant-la-nuit-9782709676212/ 

 https://memoiredencrier.com/catalogue/l-equation-avant-la-nuit/

Ces impressions de lecture ont été publiées sur le site d'Afrolivresque



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