lundi 29 décembre 2014

Saison de Porcs, de Gary Victor

Saison de Porcs, de Gary Victor, éditions Mémoire d'encrier, Montréal, 2009

http://parolenarchipel.com/2014/12/29/saison-de-porcs/

Saison de porcs

http://memoiredencrier.com/saison-de-porcs/

Quelques temps après la mystérieuse affaire des Cloches de la Brésilienne¹, où justement quelqu’un ou quelque esprit avait volé le son des cloches, nous retrouvons l’incorruptible inspecteur Dieuswalwe Azémar, incurable alcoolique aux prises avec des personnes qui se transforment en cochon et avec une créature diabolique qui lui veut le plus grand mal. Si le désir de justice absolue dans un monde corrompu jusqu’à la moelle maintenait jusqu’alors l’inspecteur dans une relative droiture moral, dès les premières pages de Saison de porcs, cette posture en prend un coup. L’inspecteur, pour ne pas terminer haché menu, assassine froidement le puissant boko Marassa et un de ses gardes du corps qui retenaient prisonnière la fille d’une amie. Le roman commence mal pour l’inspecteur.
Nous apprenons ensuite qu’il a confié sa fille adoptive Mireya, personnage capital dans le roman précédent, à une institution gérée par l’Église du Sang des Apôtres où Sister Marie-Josée et Sister Moon font la pluie et le beau temps. L’inspecteur déteste ces deux sœurs, il déteste cette école privée mais il reconnaît leurs excellents résultats dans le domaine de l’éducation. Il a accepté que cette institution donne Mireya pour une adoption internationale car il veut éviter à sa fille une vie misérable en Haïti.
Mireya est sur le point de partir quand Dieuswalwe Azémar découvre des manœuvres pas vraiment catholiques de la part de Sister Moon. À cela s’ajoute la présence d’un tueur vénézuélien protégé par un étrange sénateur sur fond de magouilles internationales. Un vrai sac de nœuds dans lequel Mireya semble être la première victime. Comment Dieuswalwe Azémar va-t-il dénouer les énigmes ? Parviendra-t-il à sauver sa fille et sa carrière menacée par l’enquête engendrée par le double meurtre du début?
Après Les cloches de la BrésilienneSaison de porcs nous offre également des éléments fantastiques auxquels le lecteur croit sans hésiter car ils menacent directement la vie de l’inspecteur aux prises, de plus,  avec les réalités quotidiennes suivantes: l’alcool, la corruption, la violence, la trahison, le tout sous une insupportable chaleur. Dieuswalwe Azémar semble également avoir entrepris un naufrage moral car il commet deux meurtres dès le début du roman et son intégrité, malgré ses réflexions qui dénoncent toutes formes de corruption, vacille. Il sait que ses principes moraux, page 21 « … avaient fait de lui un raté dont se gaussaient, derrière son dos, ses camarades policiers. » Il croit donc représenter un idéal de justice en matière judiciaire, mais ses actions semblent le contredire.
Si le roman policier social met en évidence et exagère les travers de la société afin de mieux les dénoncer, Gary Victor remplit à merveille sa mission. Mais il y a plus. Le roman se passe en Haïti, terre des loas, des esprits, des loups garous, de Baron Samedi et de tout un panthéon qui prend la parole pour crier une identité. Cette dimension fantastique, spirituelle fait de ce roman plus qu’un simple divertissement policier. Nous avons affaire à une véritable œuvre littéraire. Le roman policier sous la plume de Gary Victor est de la vraie et grande littérature, Dieu soit loué !
Alain Raimbault
¹ Les cloches de la Brésilienne, éditions Vents d’ailleurs, France, 2006

Saison de porcs de Gary Victor: Dompter le chaos

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