Lancement d'Effacé le 27 septembre 2018 à la librairie Le port de tête à Montréal
Je fais mon discours et une petite lecture
Lecture de la page 38 et 39, la douce naissance du narrateur
Con Andy y una amiga
Avec mes collègues Kathleen, Madame Dietz, Sylvie et Néémie. Manon est venue et partie avant la photo.
En famille, entre ami(e)s
Mi bonita
Avec Phil Comeau, le plus grand cinéaste acadien
Mes adorables éditeurs, Geneviève et Jean-Marie
En vitrine
Très agréable lancement, comme on peut le voir.
Mon discours;
Chères collègues,
Je vais improviser un discours. Voilà.
Merci d’être venues pour célébrer un usage de la langue qui n’est plus ici scolaire mais artistique. J’ai essayé de créer une oeuvre littéraire remplie de bien mauvais sentiments car, comme Gide l’a affirmé, on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments.
Tout d’abord, le poète que je suis a constaté son échec en poésie. Personne n’en lit, personne ne me lit. Alors, essayons au moins d’être écouté:
Fatigue Crasse
Où se poser
quel délit opposer à ma
fatigue crasse
je n’en sais pas plus sur les
apparitions intégrales des
douleurs du passant
du vaste compagnonnage
Je dérive à la dure écrasant
les frontières exhibées d’un catalogue d’hiver
seul l’espoir polémique
Il advient des enfances des
recompositions vieillies collées aux basques comme
des fictions appauvries
Les rues nouvelles me
paraphrasent
Au coin, que rien n’habite,
des échos débattent
suite d’oublis en confrérie
Mes absences font hiérarchie
Ressurgit
un prétexte à la mer le
grand large qui soudain
m’efface
Alors, j’ai changé de stratégie après des décennies de poèmes sublimes et ignorés. J’ai même inventé un genre littéraire révolutionnaire: la poésie sous-réaliste. Pour le surréalisme, on m’avait grillé la politesse. Donc, je continue d’écrire de la poésie, mais je trompe mon monde en affirmant que c’est du roman. En fait, ce roman est un collage de poèmes. Je l’ai écrit 20 minutes de temps en temps pendant trois ans. En imaginant des transitions rock-and roll, le texte se tient. L’avantage de la création artistique, c’est que personne ne m’oblige à écrire, je le fais au hasard de l’inspiration comme certains regardent Netflix ou se font du jambalaya au chorizo. Pareil. L’autre avantage est la liberté totale du propos. J’ai ainsi écrit sans retenue aucune ce que me dictait mon inconscient débridé, j’ai tout dit, chose qui dans la vraie vie ne se fait pas. Quand vous aurez lu ça, j’ai l’impression que vous allez me regarder bizarrement ensuite. Il n’a pas écrit ça, lui! Eh bien oui. J’ai abusé de ma liberté de scribouillard. C’est ça, l’art. C’est implanifiable. Ça vous tombe dessus un mardi. On n’y peut rien, c’est là!
Merci au passage à mon éditeur qui, sur l’écran noir de ses nuits blanches, a vu des images publiables. Grand bien nous fasse.
Ensuite, d’où vient l’inspiration? Réponse: de déviances textuelles. Quand un prédateur textuel a longtemps prédater, néologisme à saisir dans le sens de piller, faut bien rendre un jour ou l’autre sa copie. On lit, on lit, on lit encore, on écoute, et puis un jour on se dit qu’il faudrait bien écrire car nous aussi nous avons des idées, souvent tordues, voire inqualifiables. Certes, on n’écrit pas de livre avec des idées mais avec des mots. Les idées, c’est un début. Vous allez ainsi lire ce que j’ai longuement pensé. Hors, une fois imprimée, l’idée est éternelle. Elle voyage dans les imaginations. Les écrivains, passés et présents, sont toujours de ce monde. La preuve, il y a les librairies, les bibliothèques, publiques ou intimes! Ces salons de murmures. J’ai murmuré à ma façon. Un exercice de survie.
Enfin, j’ai choisi un joli passage que toutes les mamans du monde vont adorer. La naissance du narrateur. Si vous croyez que tout commence au commencement, détrompez-vous. Les débuts sont toujours antérieurs. Quand un truc commence, c’est qu’il est trop tard. Voici un doux extrait (page 38).