dimanche 4 février 2024

«Terminus ventre-ville», éd. Monton noir Acadie

 Mon dernier recueil de poésie vient de paraître ce 30 janvier 2024

«Terminus ventre-ville», éditions Monton noir Acadie



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Très belle première critique parue au Luxembourg sur le site de la revue D'Ailleurs écrite par Florent Toniello

https://dailleurspoesie.com/alain-raimbault-terminus-ventre-ville/?fbclid=IwAR2fbp1624lrk4rqYxSGmqG0NOahUskW5lLGTeWv_a6Z_ASmx3K6Ph6Y9HM

Alain Raimbault : « Terminus ventre-ville »

par Florent Toniello | 03.02.2024 | Chroniques des recueils

« tu abandonnes l’illisible grand art surréaliste / pour une poésie sous-réaliste / tu écris avec tes pieds / parce que tout le monde a des pieds » : Alain Raimbault a beau user de la distance du tu, on comprend bien vite dans le premier poème que c’est sous l’égide de Carver et Bukowski qu’il place lui-même son recueil. D’ailleurs, dans cette première partie nommée « Présent singulier » — où la poésie, voire la littérature en général, est au fond le personnage —, n’écrira-t-il pas quelques pages plus loin : « et moi Raimbault, qui taquine la poésie » ? Le je et le tu deviennent dès lors deux poteaux d’une même clôture, celle qui séparerait le réel de l’imaginaire en strophes… si elle n’était pas si poreuse. « c’est quoi, faire quelque chose ? / faire quelque chose c’est / habiter la vérité » : au-delà de la sentence, on voit bien que la vérité, le réel en somme, est là un outil qui sert à alimenter la fabrique des vers. L’inspiration est claire, doublée parfois de quelques réflexions sur la poésie elle-même. Mais plus encore, cette notion de « faire quelque chose » montre combien l’auteur considère comme essentielle l’activité d’écrire, combien celle-ci combat la fadeur potentielle du quotidien. Même décrire par le menu son « dimanche / jour de rien » relève de l’hygiène de vie et fait la part belle au style de ses maîtres cités auparavant : « je lis des commentaires racistes sur facebook pour relaxer / le raciste a des arguments en béton / lamentables / j’éteins l’ordinateur ». Où la vie de tous les jours transcende sa banalité par le pouvoir de l’écrit.

« Montréal viscéral », la deuxième partie, quitte une certaine introspection initiale en s’aventurant dans le métro de la grande ville québécoise. Dans ce « terminus ventre-ville » qui donne son titre au recueil, le poète observe sans se prendre au sérieux : « tu es aussi le dernier choix de ton voisin / ne te leurre pas ». Humour à l’accent d’autodérision souvent, comme lorsqu’il avoue après avoir évoqué le livre qu’il parcourt : « j’aime bien lire ma vie en pire / je ne vais jamais aussi loin ». Dans ce catalogue de brèves rencontres dans les transports en commun (d’ailleurs plus visuelles que bavardes), le secours de la littérature n’est pas si facile à obtenir. D’où peut-être cette propension à versifier le quotidien ? En tout cas, les mots fusent pour observer : « l’étranger / c’est les autres ». Le grand Arthur, homonyme d’Alain Raimbault, n’est pas loin, même si la langue est ici ancrée dans une modernité orale évacuant toute rime, mais convoquant tout rythme — pas le tacatac des voitures sur rails cependant, puisque le métro de Montréal est sur pneus !



On vient d’évoquer les étrangers, et justement, « Corps étranger » est le nom de la troisième partie du livre. Les brèves rencontres de la précédente avaient lieu dans le métro ; maintenant, elles sont liées au voisinage : « ça fait ça / un homme qui est pas mort à la guerre / ça boîte un peu / ça rend service / ça cause météo / et la nuit ça scrute le ciel / parce que John / il dort pas ». Construction des trois parties en progression habile, puisque de l’art poétique, de la littérature générale, on est passé par l’observation silencieuse des gens dans un lieu public pour finir par taper la conversation dans le quartier de l’auteur. Tout ça dans une langue sans fioritures inutiles, avec toute la sincérité du poète qui chérit l’existence et la rend sans artifices. Au cœur de la ville, de sacrées bribes d’humanité. Dans ces mots, on aimerait que « le temps / ça dure encore un peu ».

Alain Raimbault, Terminus ventre-ville, Mouton noir Acadie, ISBN 9782897503697

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Librairie Acadienne (Moncton?)

Moisson foisonnante d’un poète accompli, ce recueil témoigne de l’urgence de dire qui nous sommes, au cœur de la ville. Avec générosité, Alain Raimbault offre une écriture accessible qui bouleverse par sa sincérité. Cet auteur, adepte du haïku et du roman noir, observe des gestes du quotidien qui semblent anodins. https://buff.ly/3uloImM

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Au festival du livre à Paris en avril 2024

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Moi au salon du livre d'Edmunston vers le 6 avril 2024, Veillée littéraire hommage à Zachary Richard qui est passé en premier, juste avant moi. J'ai lu quelques poèmes de Terminus et j'ai terminé par le poème Ouragan tiré de Zulma 9 de Zachary. Un merveilleux moment.



Photo prise par le salon du livre


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Terminus ventre-ville
Alain Raimbault
Mouton noir Acadie

Corps étranges et poésie de l'Acadie, by Marc Arseneau

Born in Paris in 1966, Alain Raimbault lived in Nova Scotia for 13 years before he moved to Montréal in 2011. He is the author of 20 books in many genres. Terminus ventre-ville is his fifth collection of poetry. In this collection, Raimbaulr writes in a free verse style which narrates in the first person. Stylistically, Raimbaulr mostly uses repetition, enumeration and metaphor. The collection is divided in three sections. This first section, entitled «Présent singulier», is relatively introspective and addressed to a «you». The recurring theme is one of the observant disposition of a writer and the practice of writing. Raimbault enumerates many writers, bur it is Bukowski that he mentions most.


on pense à John Fante à Kent Anderson à Bukowski
j'apprends d'eux le diable du détail


In the second section, «Monrreal visceral», Raimbaulr's verses depict various aspects of mundane urban reality, such as metro stations, bus rides and even a car garage. The narrator observes, questions and seeks, through action, to find truth. Snow fills the streets in many poems, implicitly reminding the reader that he is writing in a Canadian context. Often, the observant narrator offers a humorous vision of everyday situations in carnivalesque fashion:

comme moi ils viennent de la Rive-Sud
la même ligne d'autobus depuis 95 ans
descendent depuis 3 siècles au
même arrêt
travaillent depuis 4 millénaires dans leur
tour à bureaux
et rentrent chez eux à 17h27

Through hyperbolic imagery, the poetry becomes a witness to the frenetic and, somewhat absurd, rhythm of urban living ou je grouille parmi les fourmis, like the excessive composition of Hieronymus Bosch's Hell or Fitz Lang's Metropolis.

In the third section, «Corps étranger», childhood memories are mixed with the barbaric nature of humanity with evocations of war, consumerism, environmental and nuclear destruction.

pauvre Ukraine
après la guerre de 14 et la Révolution
après Staline et sa famine
Hitler et ses barbares
finir le siècle avec une explosion nucléaire
et Poutine
début du XXIe siècle

That being said, the author is no longer in the hustle and bustle of the second section. Henceforth, he inhabits his neighbourhood where diverse and multiethnic characters, often refugees who have fled war and torture, exchange parcels of their unique and enlightening existence.

Raimbaulr's poetry denounces the folly of war around the globe. Furthermore, as a counterpoint, it celebrates inclusive and multicultural spaces.

je suis l'espace de mon corps
ce squelette que je ne partage pas
que je remplis de café colombien
de bagels au beurre de cacahuètes nigérianes
de bananes panaméennes
de sandwichs au pâté à la truffe périgourdine

Throughout the book, Raimbault's poetry observes the mundane and succeeds in generously including snapshots of unassuming people and the lessons learned from their existence. The poetry in Terminus ventre-ville is not one of the intimate realm nor laments of emotional outpouring. Rather, it creates a contemporary portrait of the world around us as viewed by an observant writer who seeks to be sincere with his tone and his sensibility.

Terminus ventre-ville is written in language on the side of orality, in the tradition of literary canons such as Prévert or Ferlinghetti. Thus, these poems are accessible to a wide audience and, in its rhythmic simplicity, Raimbaulr's book may engage readers who have not read much poetry. Therefore, this approach seems to fit nicely with Mouton noir Acadie readership orientation. Certainly, it will be interesting to read more from this imprint in the future. ■

Born in 1971 and raised in Moncton, MARC ARSENEAU has published five books of poetry with Perce-Neige in Acadie and Écrits des Forges in Quebec, as well as in anthologies, periodicals and magazines. He was, during the nineties, editor of Eloizes, a literary and visual periodical published in Moncton. He is known to be part of l'Ecole d'Aberdeen, an Acadian literary movement born in the late twentieth century. He now lives in Louisbourg, on Cape Breton Island.

BOOK FEATURE Atlantic Books Today

NUMBER 99 I SPRING 2024 page 15
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