Ulan
Bator, de Richard Tabbi, éditions du Riez, 304 pages,
2015. Préface de Ludovic Lavaissière
Après l’alcoolique et
jouissif Zombie Planète publié chez
Mango et la psychédélique entourloupe havraise de Moi & ce diable de blues écrit avec son ombre éclectique j’ai
nommé Ludovic Lavaissière qui est ici l’auteur de la préface, Richard Tabbi en
remet une couche, toujours aux Éditions du Riez. Ulan Bator est un road movie collant, indélébile, qui vous prend au
mental et qu’on ne peut lâcher sans avoir des restes de glue Uhu© séchés par
endroit entre les neurones. Pas facile de se faire courser par des caïds mongols,
Mastic et Bleu Pétrole, déconcentrés par des sextoys pour androïde, quand tu
traînes ton bébé Tom sur le dos et qu’Asako, ton top model japonais de femme t’appelle
sans cesse lors de sa tournée internationale d’artiste célèbre afin de te faire prendre conscience de ta folie grave.
Tu cours, tu flingues, tu te tires des griffes des russoïdes mafieux en visant
juste, la balade du zoo de Moscou est à ce sujet un passage d’anthologie. Tu
picoles juste ce qu’il faut entre deux météorites et les monastères slaves peuplés
de commandos monastiques martiaux ne sont plus, mais alors plus du tout ce qu’ils
auraient dû être. Un vrai régal qui, en plus du délire kérouacquesque, réside
dans les descriptions. Notre halluciné héros Solo Aggrigente, renommé selon les
doses intra sanguines de matières plus ou moins venimeuses en Hotchkiss
Baïkonour, auteur des aventures de Roméo Tartarski et de Jéricho
Tête-de-Mouche, notre héros donc rencontre de merveilleux personnages comme
(page 194) «… deux lesbiennes enrichies
par les aberrations du Marché de l’Art Contemporain, et (…) un couple stressé
malgré l’affichage cool qui clignotait… » Plus loin, (pages 243-244-245) « Un
type… portait des lunettes à quadruple foyer et des chaussons à l’effigie de Spiderman. » Sa femme « …
arborait une permanente plastifiée auburn et une blouse bleue élimée sur des
bas couleur chair. » De temps à autre, un mort, un Alien, Sigourney Weaver,
Harald Kamsün et une citation du fameux Herman Klausevitz parce que la
mort sans sexe manque terriblement de saveur, n’est-ce pas? (page 279): « Je branchai les fils, mais la saloperie ne
voulait pas redémarrer. J’ouvris sa poitrine, cherchant la cause du faux
contact, englué de sang synthétique. Ses yeux opaques reflétaient le néant,
mais j’en avais rien à foutre, de ses yeux. Tandis que ma bite durcissait
encore je transpirais en m’efforçant de trouver la panne qui paralysait cette
pute androïde qui m’avait lâché en pleine fellation alors même que je m’apprêtais
à jouir. »
Encore une fois, ce roman épique à la liberté de ton
totale est un véritable enchantement. C’est drôle, acide, grinçant, polluant,
hallucinogène, prophétique, déjanté et généreux. Richard Tabbi nous en donne
plein les mirettes. Ses mots vont beaucoup plus loin que le lecteur. C’est
merveilleux et magistral. OK, j’arrête, mais je vais relire, c’est sûr.
http://www.editionsduriez.fr/boutique/nouveautes/ulan-bator/
Alain Raimbault