dimanche 17 février 2019

Bref journal arctique (2)

Bref journal arctique (2) dimanche 17 février 2019

Donc, demain, je m'envole pour Iqaluit, avec une escale à Kuujjuaq, au nord du Québec. Avant tout voyage, il est bon d'avoir rêvé un peu, et pour nous aider à construire une image, la lecture, ça a du bon. Voici ma bibliothèque arctique constituée à partir de 1998, sauf pour le Paul-Émile Victor dédicacé (pas à moi, hélas) que j'avais avant.

Arctique
Art
Berbard Saladin d’ANGLURE - La parole changée en pierre 1978
Eugene ARIMA et Z. NUNGAK - Inuit stories Légendes inuit povungnituk 1988
Cottie BURLAND - Eskimo art 1973
Catherine LALONDE - ItuKiagâtta! 2005
George SWINTON - Sculpture of the Eskimo 1972
Conseil canadien des arts esquimaux - Sculpture/Inuit 1971
Catalogue - Cape Dorset 1959-2009 Uuturautiit 2009
Catalogue - Belcher Islands/Sanikiluaq june 27-August 30, 1981
Catalogue - Dorset 1979, 1980, 2007
Catalogue - Pangnirtung 1977, 1987,  1992, 1993, 1994, 1995,
2005, 2006, 2007, 2008, rétrospective 1973-1986
Catalogue - Keeping our stories alive 1995
Catalogue - New territories 350/500 years after 1992
Catalogue - Masters of the Arctic 1992
- L’art esquimau au Canada 1971
- Ikuma Carnet de tournage
- Chamans et esprits Les mythes et le symbolisme médical dans l’art esquimau
The Beaver autumn 1967 - Eskimo art
- Canadian eskimo art 1956
Film (scénario) - Atanarjuat the fast runner (inuktituk et anglais) 2002


Essai
Franz BOAS - The central Eskimo 1970
Georges BLOND - Les mers froides 1977
Fred BRUMER - The Arctic 1974
Daniel CHARTIER et... - Frontières Actes du colloque québéco-norvégien 2014
Betty KOBAYASHI ISSENMAN - Sinews of survival The living legacy of Inuit clothing 1997
Jean-Louis ETIENNE - Les pôles 1992
Georges-Hébert GERMAIN - Inuit Les peuples du froid
A.W. GREELY - The polar regions 1929
Patrice Halley - Grand Nord 2003
Bernard IMBERT - Le grand défi des pôles 1987
Jean MALAURIE - L’Allée des baleines
- Les derniers rois de Thulé
- Ultima Thulé 2000
Larry MERCULIEFF - Le livre de la sagesse aléoute 2009
Mark NUTTALL - Arctic Homeland (Northwest Greenland) 1992
Michel ONFRAY - Esthétique du pôle Nord 200
Dir. J.PETIR… - Les Inuits et les Cris du nord du Québec 2011
Musée canadien de la civilisation (français et russe) - Toundra Taïga 1988
Berbard Saladin d’ANGLURE - Etre et renaître inuit, homme femme ou chamane
Cyril SIMARD - 3. Indiens et Esquimaux (artisanat) 1977
Paul-Émile VICTOR - Eskimos nomades des glaces 1973
Mike YIP - Inuvik 1968?
29 experts… - The Unbelievable Land (vers 1960-1970 pas de date)
- The Arctic coast 1970
- Le Québec amérindien inuit 1997
- The Alaskans 1977
- The Northwest passage 1981
- L’Alaska (National geographic) 1976
- The poles (Life) 1962
- Eskimo family 1962
Catalogue - Les conquêtes des pôles 150 ans de photographies...1997
Mémoires et récits et biographie
Minnie AODLA FREEMAN - Ma vie chez les Qallunaat 1991
Marie BEÏQUE - À la rencontre des femmes du Nord 2010
Père Gabriel BREYNAT - Cinquante ans au pays des neiges 3 Tomes 1945-1947-1948
Bruce D. CAMPBELL - Where the high winds blow 1964?
Père Charles CHOQUE - Ataatatsiaraluk Journal du grand nord 2005
Annick COJEAN - Cap au grand nord 1999
Lois CRISLER -Arctic wild 1958?
Père Joseph-Alphonse DESJARDINS - En Alaska 1930
Père Henri-Paul DIONNE - J’étais routier en terre stérile 1957
Père DUCHAUSSOIS - Femmes héroïques 1927
Dorothy EBER et Peter PITSEOLAK - People from our side Cape Dorset 1975
Peter FREUCHEN - Arctic Adventure 1935
- Book of the Eskimos 1961
Roger FRISON-ROCHE - Peuples chasseurs de l’Arctique 1966
Père GROUARD - Soixante ans d’Apostolat dans l’Athabaska-Mackenzie 1924?
Charles Francis HALL - Deux ans chez les Esquimaux 1884
James HOUSTON - Confessions of an igloo dweller 1996
- Zigzag A life on the move 1998
Miriam MacMILLAN - Green seas and white Ice 1948 (Signé)
Hattie MANNIK - Inuit Nunamiut Inland Inuit (anglais, inuktituk, avec carte) 1990?
Reinhold MESSNER - Pôle
Maurice MÉTAYER - Moi, Nuligak 1972
- I, Nuligak (edited and translated by…) 1966
Daniel POLIQUIN - Samuel Hearne Le marcheur de l’Arctique 1995
Gontran de PONCIN - Kabloona 1941
Taamusi QUMAQ - Je veux que les Inuit soient libres de nouveau
Emmanuel RIMBERT - Le chapeau de Barents 2009
France RIVET - Sur les traces d’Abraham Ulrikag 2014 (Dédicacé)
Marjolaine SAINT-PIERRE - Joseph-Elzéar Bernier 2005
Katharine SCHERMAN - Spring on an Arctic Island 1956
Katherine STENGER FREY - Children of the North 1995 (Dédicacé)
Maria TIPPETT - Between two cultures A photographer among the Inuit Charles Gimpel
Gilberte TREMBLAY - Bernier, capitaine à 17 ans 1959
Paul-Émile VICTOR - Boréal 1962 (Dédicacé)
Eddy WEETALTUK - E9-422 Un Inuit, de la toundra à la guerre de Corée 2009
Jobie WEETALUKTUK - Le monde de Tivi Etok (inuktituk, français, anglais) 2005?
Charles WEINSTEIN - Les Tchouktches du détroit de Béring 1999
Doug WILKINSON - Land of the long day 1955
Clifford WILSON - Pageant of the North 1957 (dédicacé?)


Fiction
Kelly BERTHELSEN - Je ferme les yeux pour couvrir l’obscurité 2015
Marie DESJARDINS - Ellesmere 2014
Dominique FORTIER - Du bon usage des étoiles 2008 (Dédicacé)
Valentine GOBY - Banquises 2011
Kathryn HARRISON - La femme phoque 2004
Asa LARSSON - Horreur boréale
Markoosie - Le harpon du chasseur
Mitiarjuk NAPPAALUK - Sanaaq 2002
Jorn RIEL - Le jour avant le lendemain 2007
Yves THÉRIAULT - Agaguk 1966
- Tayaout fils d’Agaguk 1971
Olivier TRUC - Le dernier Lapon 2012
- Le détroit du Loup 2014
- La Montagne rouge 2016
Revue
Zinc n 33 - Spécial Nord
Liberté n 262 - Nord, création et utopie
Equinox nov.dec. 1982 The people of Igloolik /- nov-dec. 1987 Arctic Epic / jan. 2000 Arctic Mystery
The Beaver autumn 1967 - Eskimo art
Géo n 71 janvier 1985 - Terres polaires
Canadian geographic - jan-feb 1999 Nunavut/ jan-feb 2009 Nunavut-/jan-feb 2010 Polar mission
artmagazine 31/32 1977 printmaking in Canada
Inuit Art Quartely - 2003 print. auto. hiver / 2004 tous les numéros/
2005 les 4 numéros/2006 (les 4 numéros) /2007  (les 4 numéros)/2008 print et auto./2009 print.

samedi 16 février 2019

Bref journal arctique (1)

Bref journal arctique, samedi 16 février 2019, Greenfield Park, Québec

Je dédie ce journal à Angèle Delaunois, mon éditrice aux Éditions de l'Isatis. Un jour, elle m'a proposé d'écrire la biographie du Capitaine Bernier, que je ne connaissais pas, et le 18, je m'envole en Arctique afin de présenter la vie en général et les relations de notre capitaine avec les Inuit en particulier. La vie, on sait jamais. Merci très chère Angèle.

Moi qui ai toujours rêvé de découvrir un, un seul, une fois, un tout petit pays, allez, une île fera l'affaire, en Amérique Latine; moi qui aime la chaleur, qui ai grandi dans le Midi, le sud de la France, eh bien lundi, je fonce plein nord, au 63e parallèle, à Iqaluit, capitale du Nunavut, territoire du Canada, à quelques kilomètres du cercle arctique, en face du Groenland. Sur l'île de Baffin, en Arctique. J'ai consulté les prévisions météorologiques pour cette capitale. Plutôt frisquet. Entre -20 et -40 C! Bon, c'est l'hiver aussi dans le sud du Québec mais aujourd'hui sur la rive sud de Montréal, c'est seulement - 4 C. J'ai acheté des gants pour mettre dans mes gants. Jamais assez prudent.

En fait, j'ai découvert l'Arctique, l'art inuit pour commencer, en arrivant au Canada, en 1998. La télé en parlait parfois. J'ai été fasciné. Une autre planète. Je ne connaissais pas non plus l'histoire de l'occupation (la colonisation) de l'archipel arctique canadien par les Blancs. Oui, si tu es ni Inuit, ni Métis, ni Autochtone, tu es Blanc, même si ta peau est noire. Mais si l'on ne parle plus des relations avec les Premières Nations, alors il se peut que tu deviennes une minorité visible. Le Canada est une mosaïque de minorités. Où que tu sois, il y aura toujours moyen de faire rentrer dans le cadre d'une minorité. 

J'ai donc découvert l'art Inuit, les sculptures, magiques, les gravures, magiques aussi. Je suis fasciné par la beauté des formes qui me sont si étrangères. Une force. 

À Iqaluit, je vais y chercher des paysages. En espérant croiser aussi des visages. 

Voilà




dimanche 3 février 2019

Pluie noire, de Masuji Ibuse

Pluie noire, de Masuji Ibuse (Folio)

Shigematsu a du mal à marier sa nièce Yasuko, après la guerre, car une rumeur dit qu’elle a été atomisée. Afin de convaincre tout prétendant que c’est faux, il décide de recopier son journal intime à elle, pour prouver qu’elle était loin d’Hiroshima lorsque la bombe a éclaté. Il en profite pour recopier le sien aussi. Lui, Shigematsu, il n’a été brûlé qu’à la joue. Ce roman est donc une suite de témoignages terribles sur l’instant de l’explosion et ses horribles conséquences. Le lecteur se retrouve témoin du moment de l’explosion de cette arme nouvelle, de ce “pikadon”, de cette chose incompréhensible qui est tombée du ciel dans une grande lumière le 6 août 1945 et qui a brûlé l’extérieur mais aussi l’intérieur des victimes. Et qui contamine ceux qui s’approchent des victimes. Nous sommes sous la bombe selon plusieurs points de vue car le roman propose plusieurs journaux intimes. Nous accompagnons Shigematsu dans sa fuite loin d’Hiroshima ce 6 août. Comme la zone est une série d’îles, il faut trouver un pont au milieu de la foule des blessés, enjamber les cadavres, éviter l’incendie, survivre à la soif. Shigematsu a de la chance dans son malheur, il n’est que brûlé à la joue, mais la description des blessés et des morts est pire que l’apocalypse. Les jours qui suivent l’explosion sont d’une horreur absolue. On continue de mourir partout dans une puanteur épouvantable. Les cadavres sont brûlés comme on peut sur les bords des rivières. Les rares médecins ne savent pas quoi donner aux victimes car c’est la guerre et la pénurie sévit. De plus, les blessures sont nouvelles. Les brûlures sont compréhensibles mais pas les furoncles putrescents qui se remplissent de vers, les boutons qui apparaissent sur le crâne ni les douleurs internes. Les médecins vont également mourir irradiés. Shigematsu retrouve son travail à l’usine dans les faubourgs d’Hiroshima et tente de trouver du charbon pour la faire fonctionner pendant qu’on meurt sans cesse ou qu’on agonise tout autour de lui. Yasuko, symbole d’innocence, qui semblait indemne au début du roman, va bien sûr connaître des jours sombres.


Ce roman décrit un peu la vie quotidienne au Japon pendant la guerre, sous un régime militaire qui ne souffre aucune critique. Les gens se nourrissent de faibles rations et vivotent grâce au marché noir. Été 45, les Américains sont maîtres du ciel, le peuple se demande ce qui va advenir de pire après l’explosion d’Hiroshima, et celle de Nagasaki 3 jours plus tard. Sera-ce la fin du peuple japonais? La bataille finale sur la terre ancestrale qui entraînera des millions de morts va-t-elle commencer? Ce roman dénonce aussi le fait que les victimes furent discriminées pendant des années après les deux explosions.

Ce que le gouvernement japonais a tenté de cacher à la population, parce que les Américains qui occupaient le Japon l’ordonnaient, c’est à dire les conséquences de l’explosion des deux bombes nucléaires sur son sol, l’irradiation, Masuji Ibuse le révèle dans ce roman (publié en 1965) essentiel hurlant de vérité. Pour lecteur ayant l’estomac bien accroché.