samedi 27 mai 2017

Leona, les dés sont jetés, de Jenny Rogneby

Lu en mai 2017 : Leona, les dés sont jetés, de Jenny Rogneby (ed. Presses de la cité). Tout commence étrangement avec une attaque de banque à la petite fille ensanglantée, puis, de fil en aiguille, l'histoire devient complexe, inquiétante, déroutante, amorale, insupportable, excellente. Le lecteur assiste aux événements avec un malaise croissant et ce roman très noir est rempli de bien mauvaises intentions! Un régal!



Pop-corn belge (texte flyé) Mai 2017

Pop-corn belge

- Combien d'heures êtes-vous capable de vous concentrer lorsque vous écrivez de la fiction?
- Moi, 2h30 par jour maximum. Après ça, j'ai des hallucinations, les légions romaines en jupettes écossaises envahissent l'Arctiques et je ne donne pas cher des Martiens vinicoles...

 La colonie martienne de clones éthylophiles vit d'un mauvais œil l'approche de la trière romaine. Bibi reconnut aussitôt Marius le tondu et ce fut le début d'imbuvables hostilités.

Pour dire la vérité, Bibi avait connu Marius le tondu (à l'époque velu comme une protovache païenne de 7e génération, c'est pour dire) avant son changement de deuxième sexe partiellement avorté. En effet, le robot-chirurgien à l'âme demi-téléchargée avait eu des remords au dernier nano-moment. Il s'était retiré du protocole pas vraiment compassionnel quand, lorsqu'il s'agit de sexe, il est de bon ton de ne pas se retirer. Vous voyez ce que je veux sous-entendre. On comprend à présent les haines séculières que portent Marius le tondu envers ces choses interminables auxquelles tout le monde télécharge sans l'avouer verbeusement quoique, quoique. Demain: des révélations inattendues sur les remords de la moustiquaire bouddhiste Otyüvgen IKEA 8e rang 3e étagère n'oubliez pas votre chariot, et pourquoi Bibi connut Marius le tondu né Maria l'iconoclaste avertie...

Maria la velue (qui, comme vous le savez, donnera plus tard Marius le tondu lors d'une infernale quête identitaire œdipienne) vint se plaindre à demi-clavier de sa moustiquaire mal montée.
- Elle est inmontable ! cria-t-elle par devers elle (expression inutile en vogue dans le futur où se déroule l'action de ce feuilleton pittoresque, genre) .
À l'époque, les objets avaient aussi leur mot à dire:
- C'est vrai! Je suis inmontable! soubresauta la moustiquaire qui revint à la plénitude soudaine du colibri zen gustatif (Cela donne toujours une impression d'intelligence au lecteur lorsque surgit un adjectif par devers lui, genre) libéré de son troisième karma shivique. Demain: Où Bibi péta un hémo-plomb lourd de conséquence, genre, tu-sais-tu...

Bibi n'en revint point. Que l'on s'adressât à lui le Saint-Pierre des cruciformes en des termes si crus activa ses gyrogènes reptiliens. Il se saisit de l'arme fatale qui te pond des arguments irréconciliables aussi vite qu'un chien sale matraque un protestataire néovierge qui la veut sa grève sociale ben qu'y se la mange paf! et asséna une injonction en ouverture d'Innotab pas piquée des gaufrettes. On suit toujours? Je résume: ça chauffe entre Bibi et Maria la velue. Ça sent le néoprène. Le cloaque évasif. La redondance émaciée. L'hypersuffrage abrasif. Les dénytrogénérisations candides post-voltairiennes. Le rutabagas émotif. L'accident de calculus. Le réseau raisiné. Ça brûle en oriflammes. Ça surdit les anthropophages. De lents vols de tortueuses mélopées grugent les faméliques errances. De l'ire en dentelles. Du Plutarque jamais... Bon. Demain: Maria s'hérisse ! Du sang et du bonheur plein la gamelle.

Maria la velue tourna visage, prit poussière d'escampette, vira grave et s'évanouit dans ce temps malcommode où tout cesse, où l'on s'hérisse d'un grade, où le sang tourne court comme un marée divaguée, où l'arc-en-ciel du psychotemps ornemente les geais bleuis à la chaux de Finlande, où tu rapailles tes Gastons à Clochemerle les bains, où des nués d'apatrides touchent l'ergonomie facile du vaisseau déjanté, où l'on s'appelle comme on le ferait d'un biobras, comme on ondulerait de la tête selon la vision tenace du deuxième reptilien, et ce serait un mythe fondateur sauf qu'on a tout écrit depuis la fin des langues harassées, alors, Maria la velue par devers elle s'en jeta un et pas piqué des électrogripes c'est moi la machine qui vous l'affirme dans ce passé où tout dire sent le humus... Demain, un numéro hors-série introuvable et pour cause.

Après la fin de l'humanité, les hédonistes machines automatiques belges de pop-corn se fixèrent huileusement dans le grand silence promu après le big plop. Elles avaient fini par dégèner l'animal parce qu'elles savaient dans leur plate sagesse que quand il y a du gène, il n'y a plus de plaisir. L'humaine espèce avait échoué à se répandre, les hédonistes machines automatiques belges de pop-corn, lassées de ploper pour des clopinettes, se redécidèrent à réinventer de l'humain, mais pas trop quand même, faut pas exagérer. Donc, elles pondirent un pop-corn graisseux, mi-femelle-mi-mâle-mi-blaireau-hermaphrodite, juste pour saboter la libido du futur être, ah ah ah, elles lui collèrent un prénom bâtard digne d'un médicament estonien, elles créèrent le parking d'Eden de la sainte-poubelle et lui lancèrent une mouette sur la trogne. Le pop-corn (c'est la partie lyrique, accrochez-vous) taxa les kilogrammes vernaculaires à toute berzingue. Il statua fort sur l'hypocrite miaulement plumé, prit ses pas-jambes à son pas-cou et se souffla tant qu'il ne put mais l'espoir fait vivre n'est-ce pas ? puis comme il fondait un mythe alors, ça le motivait, il déglutit les régénérescences, il immacula son futal d'unijambiste en devenir, farfouilla la décoction spirite, humecta ses oripeaux gagouillants, écarta ses pas-bras droits et ouvrit un champ entre deux copeaux de feu ratés sous des pestilences congestives. Toujours pas sorti de sa poubelle, le pop-corn premier se dit qu'il était plus facile de gargantuer son prochain que de mythifier un cloaque sans ordonnance...

Le pop-corn y crut et le destin lui falbala un retour de balancier. D'un arbrisseau-mouvant lui poussa la chose, fildefériste en ses heures creuses auxquelles Il crut dur comme fer, genre un mur pas rose, genre les ciboulettes électriques. On l'amalgama, il traversa des démissions factices, il engendra des plants sur le parking d'Éden et faute de James Dean pour lui tenir le volant, il se claquemura une trallée de pious-pious qui finirent génétiquement palmables. Si l'humain venait du poiscaille et de la guenon, le post-humain-regènétifié sombrait de la poubelle et du programme balbutié suffisant pour la cause. Oui, les hédonistes machines automatiques belges de pop-corn planifièrent leur maïsique Création dans le but d'écouler leurs floraisons dindiques à bas prix, business is business, l'emberlificotage gagna en sédition. On s'explosa le croupignion. On divulga les secrets de la bombe à gènes, des comètes étirèrent leur plan plus froids que prévu, on oxyda deux lilas trois zincs vinicoles quatre sous-régions lémuriennes afin d'étaler la soupe, on pianota on surtripa on bifluora l'aluminium trisomique et d'une parois venteuse on transmit le code humidifié, la chose assouvie qui tenait en son séisme le lendemain des ordures. Un pop-corn sauveur ! C'était Lui, Il apparaissait en sa nudité crasse et Napoli allait en voir des belles et des pas mûres, sauf que...

... la nuit frappa en douce, se répandit contre la pâleur ourse du mythe aztèque, ce fut dégendrement d'un utilité hollywoodienne, du peuple pop-cornique au détail et en masse, ce furent guerres claniques, l'on vit un cannibale à l’œilleton, les herméneutiques retroussèrent leur pli de robe et l'épée basse infiltrèrent le programme de base, on s'ingénia à freiner les cordes, à décoder l'amertume, l'usure des miroirs tint parole, ce fut conique mais l'on rit peu, des torrents de sel clamèrent les grottes fétides, les vaches roulèrent sur leurs ergots, on s'immola pour des navets puisque l'origine du pop-corn belge rempli de belgitude n'est-elle pas le feu? Au diable les herses, on s'extrapolita, on s'usuria, on se figua en long déluge, des abeilles firent ruche commune lors des grandes défragmentations, on s'aima en réseau puisque la guerre menaçait la bienséance sur ses arrières, le clans virèrent à l'éternel, il sortit de l'ombre la naissance de l'obscurité, une force additionnelle à l'oraison octogénaire, on mesure, on agrège, on ventile des hublots, il faut que l'espèce nouvelle prennent en mémoire son brouillon fondateur, allez, plop!, grisons-nous d'un psychodébut, que la grande ritournelle ouvre ses tranchées à terre, que l'on sache la vérité du deuxième monde pop-corn-cellulaire, amniosynthétique, rivale en supra-pensée nano-conduite vers ses objets sans fond. Voilà pour le mythe fondateur. Il y a à boire et à manger. Cela suffit pour quelques millénaires en somme.

Une fois bâclée la fondation, remués cieux et terres pour en dépouiller de savants brigantins, des héros naquirent durs comme fer de balancelle, élagués sur leur tripettes, fixes au sirocco, on hélera Djohnie dit Fabrizio l'eunuque, Gargouille Mnémonique du Grand-Souci, Pépé la Réglette, Aston Finca le Blues, et Type 8 ça s'Égoutte, tous pop-corniens de coeur jusqu'à plus soif, on s'étendra en crustacés, le club Djohnie arma une arnaque à désosser un colibri moqueur contre Pépé le programmé grandiose, on vit propre au tri-supra-ordonné tu ne vas jamais le battre même Kasparov, Djohnie convoqua les surfaces des rêves et les ensemença de logiciels viraux-monsanto-tu-crêves-illico-presto-même-pas-pardon à te faire pousser un poireau pouilleux sur ta face d'endormi chronique, il s'allia à Type 8 ça s'Égoutte qui, blanc comme neige, pilleur de charrues, kérosyste averti, pas un gène vaillant, pondit sa logique saillie qu'un prix Djebel n'atteindrait qu'en photo, c'est pour dire, genre, alors nos deux larrons défoirés, incapables d'attaquer d'éveil Pépé la Réglette dit le Branquignol tétraèdre, infestèrent ses songes car le jour nuit. Ils polluèrent les poubelles spatiales qui formaient la calotte glacée du rêve, de jour on ne percevait rien non plus, les intelligences artificielles n'avaient pas encore développé d'éco-consciences, on ne peut pas tout savoir, puis ça dérange pas, d’ailleurs, ordinateurs à supra-réglo-conducteurs descendaient de la même branche que le plastique et l’oxydation des génotypes. Tout puait mais nos hédonistes machines automatiques belges de pop-corn avaient omis l’invention du nez, ha ha ha ! 

On remit les tuxédos platinés au rencart, ça déboulait de partout, notre protovache tenta humidement de vêler mais ne sortit de son aération qu’un microcosme d’absolutistes micromégassiens peu enclins à la démerde, surtout le premier jour, on se comprend, ça déboulait comme on engloutit sa cervoise,  et du pop-corn, y en avait plus. On se rabattit sur les pieds de chaises onomastiques.


Fin de la première légende

Alain Raimbault

dimanche 23 avril 2017

Petit pays, de Gaël Faye (éd. Grasset)


Lu en avril 2017: Petit pays, de Gaël Faye (ed. Grasset). Tu lis cette enfance ordinaire au Burundi et tu penses à la tienne, ordinaire, avec ta famille par forcément unie, ta soeur, tes voisins, les grands et les expéditions dans les jardins aux manguiers. Et puis ça dérape parce qu’avec une mère tutsie, un père français, des voisins hutus, le Rwanda tout près en guerre et le Burundi en ébullition, l'innocence doit s’achever. Et la folie guette. Difficile de croire que nous avons là un premier roman tant l’écriture est limpide, forte, émouvante, poétique et maîtrisée. Un très très beau roman!!! J’ai adoré.


dimanche 16 avril 2017

Tropique de la violence, de Nathacha Appanah, éd. Gallimard


Tropique de la violence, de Nathacha Appanah, éd. Gallimard. Si vous pensez à Mayotte-son-soleil-ses-plages-ses-hibiscus-le-paradis, vous avez tout faux. Mayotte, c’est Gaza, un bidonville où Bruce l’enfant boss décide du soleil ou de la pluie. Mo le suit mais ne le craint pas, contrairement aux centaines d’enfants de la bande. Mo aux yeux de djinn, enfant d’un kwassa kwassa ne semble pas vivre sur la même planète et ça, ça énerve Bruce. Si Mo a une enfance blanche, son destin vire très vite au sombre. Les morts parlent, les vivants hurlent, les chiens jouent aux fantômes et ce roman, qui aurait pu s’intituler Triste tropique, envoûte le lecteur. Le paradis, c’est pour les autres. L’enfer est une île peuplée d’enfants sauvages. Ce livre m’a dévoré.  



Je trouve aussi qu'il fait le lien avec Anguille sous roche, d'Ali Zamir car le roman de cet auteur se termine dans un kwassa kwassa entre Ajouan et Mayotte et ce roman commence dans cette même embarcation entre ces deux îles. Ce roman commence où l'autre finit. Aussi, nous avons deux narrations complètement différentes, deux grandes voix originales et magnifiques. 


mardi 14 mars 2017

Rapatriés, de Néhémy Pierre-Dahomey (Seuil)

Lu en mars 2017: Rapatriés, de Néhémy Pierre-Dahomey (Seuil). J’ai adoré! Magnifique premier roman de ce jeune auteur. Belliqueuse Louissaint (en guerre contre son destin) tente de gagner la Floride à bord d’une frêle embarcation qui conduit au malheur. De retour sur terre, elle s’installe dans un nouveau quartier pour les rescapés de catastrophes, Rapatriés. Les relations avec les pères et les enfants ne vont pas de soi. Il sera question de morts violentes, d’adoption, de folie et d’amour, un peu. Ce roman éclate de vie, bouillonne de malheurs, pleure de rage, ploie sous la poésie. Un seul reproche: il est trop court. J’aurais bien aimé en lire deux ou trois cents pages de plus. J’attends le deuxième avec impatience. Merci Néhémy pour ce splendide roman!




vendredi 10 mars 2017

Anguille sous roche, d'Ali Zamir, éditions Le Tripode

Lu en février 2017: Anguille sous roche, d'Ali Zamir, éditions Le Tripode. Comme le dit la quatrième de couverture, ce roman est vraiment un miracle. Venu d'une île plutôt inconnue, Anjouan, dans l'archipel des Comores, ce roman d'une phrase est le cours de la pensée de la jeune Anguille qui ne se laisse pas faire non, non non, elle se bat, Anguille, elle résiste, elle s'affirme et même si en final de compte, la vie n'est qu'un grand mensonge, sous son masque anguilliforme, Anguille nous aura envoûtés par sa mélodie, sa poésie, ses registres de langues polyphoniques, sa détermination, sa beauté. J'ai dévoré ce livre!!! Un grand Merci à Ali Zamir pour la générosité de son écriture. Ce livre, c'est un vrai cadeau!


Le monde est mon langage, d'Alain Mabanckou (Grasset)

Lu en mars 2017: Le monde est mon langage, d'Alain Mabanckou (Grasset). En plus d'être un excellent romancier, Alain Mabanckou sait présenter la littérature d'un pays ou d'un auteur en quelques mots, et soudain tout s'éclaire. Glissant devient alors plus saisissable. Nous (moi, surtout) découvrons des auteures comme Suzanne Kala-Lobè ou Bessora. Ce sont des rencontres vraiment émouvantes et passionnantes avec Le Clézio, Sony Labou Tansi, Gary Victor ou Zéphirin Métellus dans une rue de La Nouvelle Orléans. Ce livre est réellement merveilleux car le lecteur apprend, découvre, s'émeut, sourit, et voyage en poésie. Un régal.


samedi 18 février 2017

Mark SaFranko : Putain d'Olivia / 13e note éditions, 2009

Mark SaFranko : Putain d'Olivia / 13e note éditions, 2009
(Hating Olivia, 2005)

On embarque avec « Putain d’Olivia » pour un voyage sans fond dans une Amérique industrieuse des années 70 où l’absence d’un billet vert en poche te conduit direct en enfer. Max, jeune musicien sans le sou mais aux rêves plus grands qu’un continent rencontre Livy dans un bar. Pas besoin de s’ébattre très longtemps pour comprendre que leurs corps élastiques jouent dans la même ligue, quelle que soit la position. L’idylle dure aussi longtemps que les factures sont plus ou moins payées. Après cela, une nouvelle musique se fait entendre. Trouver un job suffisant pour ne plus étouffer. Sauf que nos tourtereaux ne sont pas doués pour la routine. Cette faculté n’est pas donnée à tout le monde, pas vrai? C’est en pratiquant des activités parfois inattendues et toujours mal payées que Max tente de fuir la poisse dans laquelle il se débat. Un jour, il le sait, il finira par écrire un roman qui le conduira à la gloire éternelle. Oui, un jour. Livy, elle, au début solidaire en amour voit très vite son équilibre vaciller. Elle rue dans les brancards. Elle cherche une solution bien à elle, bruyante, violente, pour sortir de l’impasse. Sa vie ne mène à rien. Incapables de se quitter, Max, le narrateur, et Livy, la belle au passé mystérieux et torturé, forcément, se déchirent en technicolor dans leur minable appartement.
Le roman carbure à mille miles à l’heure, ponctué de scènes sulfureuses où le corps, cet animal de base, a ses raisons que la raison n’entend pas, vraiment pas. Une langue vive, orale, offre une proximité immédiate entre le narrateur et le lecteur. Pas de chichi. Les actes sont nommés, les lieux décrits dans leur apparente simplicité, les actions s’enchaînent chronologiquement et l’on craint que la mort ne soit la seule issue. On boit, on fume, on lit, on baise, on glande, on bâfre, on turbine et on consomme compulsivement. Roman fascinant car il décrit en détail nos angoisses d’artiste raté et les compromis aliénants dans lesquels nous nous vautrons afin d’esquiver nos propres démons. Du vécu à l’état cru.   


Alain Raimbault

Aucun texte alternatif disponible.Hating Olivia by Mark SaFranko

mercredi 20 avril 2016

Nuit debout 20 avril 2016

Nuit Debout

Aujourd'hui, mon opinion dans le journal Métro de Montréal
Nuit debout
Après une manifestation contre la «loi Travail» en France, des gens de tous les horizons se réunissent sur les places publiques afin de libérer la parole, de s’exprimer simplement en public sur des enjeux de société. Le mouvement, je pense, va se développer aussi à Montréal et dans tout le Québec. Pourquoi? Parce que le discours politique est contrôlé par les partis. Un parti politique pour lequel je vote ne véhicule pas mes idées à 100 %. Il reste une part importante de mes opinions qui n’est pas véhiculée, discutée dans les parlements. Lors du formidable printemps érable, ce fut une éclosion merveilleuse d’idées, d’expressions, de rencontres, de créations, de contestations. Nuit debout remplit une fonction essentielle de rencontre et d’échanges pour toute communauté dans un endroit matériel, physique, humain. Les médias électroniques ne peuvent remplacer la vraie rencontre. Je prédis et je souhaite un vaste mouvement pacifique d’échange d’idées sur la place publique.
Parce qu’il est important de poursuivre le dialogue entre nous.

samedi 24 octobre 2015

Poème J'invente


Poème

https://www.youtube.com/watch?v=Qo1_njDTc5E

J'invente - d' Alain Raimbault lu par Yvon Jean Radio Centre-Ville :www.radiocentreville.com/
 ce 23 octobre 2015. 
Un grand MERCI à l'ami poète Yvon Jean


J'invente mes visions
je prends le temps pour mes passions
la ville blanche se consumme
par tous les stades qui m'allument
ni vent ni inventeur ni inventaire
je vois pour ne plus taire
je prends ce qui se tait
ni la vie ni la Terre
ne m'attachent
ce temps qui colle à tout
me livre comme on lâche
prisonnier en raison
ma cavale est révision
tout vu pour la première fois
je dis comme on se voit
j'invente mes divisions
armées de dérision
j'invente
j'inventaire

Alain Raimbault 

dimanche 23 août 2015

Ulan Bator, de Richard Tabbi, éditions du Riez, 304 pages, 2015. Préface de Ludovic Lavaissière

          Ulan Bator, de Richard Tabbi, éditions du Riez, 304 pages, 2015. Préface de Ludovic Lavaissière



      Après l’alcoolique et jouissif Zombie Planète publié chez Mango et la psychédélique entourloupe havraise de Moi & ce diable de blues écrit avec son ombre éclectique j’ai nommé Ludovic Lavaissière qui est ici l’auteur de la préface, Richard Tabbi en remet une couche, toujours aux Éditions du Riez. Ulan Bator est un road movie collant, indélébile, qui vous prend au mental et qu’on ne peut lâcher sans avoir des restes de glue Uhu© séchés par endroit entre les neurones. Pas facile de se faire courser par des caïds mongols, Mastic et Bleu Pétrole, déconcentrés par des sextoys pour androïde, quand tu traînes ton bébé Tom sur le dos et qu’Asako, ton top model japonais de femme t’appelle sans cesse lors de sa tournée internationale d’artiste célèbre afin de  te faire prendre conscience de ta folie grave. Tu cours, tu flingues, tu te tires des griffes des russoïdes mafieux en visant juste, la balade du zoo de Moscou est à ce sujet un passage d’anthologie. Tu picoles juste ce qu’il faut entre deux météorites et les monastères slaves peuplés de commandos monastiques martiaux ne sont plus, mais alors plus du tout ce qu’ils auraient dû être. Un vrai régal qui, en plus du délire kérouacquesque, réside dans les descriptions. Notre halluciné héros Solo Aggrigente, renommé selon les doses intra sanguines de matières plus ou moins venimeuses en Hotchkiss Baïkonour, auteur des aventures de Roméo Tartarski et de Jéricho Tête-de-Mouche, notre héros donc rencontre de merveilleux personnages comme  (page 194)  «… deux lesbiennes enrichies par les aberrations du Marché de l’Art Contemporain, et (…) un couple stressé malgré l’affichage cool qui clignotait… » Plus loin, (pages 243-244-245) « Un type… portait des lunettes à quadruple foyer et des chaussons à l’effigie de Spiderman. » Sa femme « … arborait une permanente plastifiée auburn et une blouse bleue élimée sur des bas couleur chair. » De temps à autre, un mort, un Alien, Sigourney Weaver, Harald Kamsün et une citation du fameux Herman Klausevitz parce que la mort sans sexe manque terriblement de saveur, n’est-ce pas? (page 279): « Je branchai les fils, mais la saloperie ne voulait pas redémarrer. J’ouvris sa poitrine, cherchant la cause du faux contact, englué de sang synthétique. Ses yeux opaques reflétaient le néant, mais j’en avais rien à foutre, de ses yeux. Tandis que ma bite durcissait encore je transpirais en m’efforçant de trouver la panne qui paralysait cette pute androïde qui m’avait lâché en pleine fellation alors même que je m’apprêtais à jouir. »
            Encore une fois, ce roman épique à la liberté de ton totale est un véritable enchantement. C’est drôle, acide, grinçant, polluant, hallucinogène, prophétique, déjanté et généreux. Richard Tabbi nous en donne plein les mirettes. Ses mots vont beaucoup plus loin que le lecteur. C’est merveilleux et magistral. OK, j’arrête, mais je vais relire, c’est sûr.

http://www.editionsduriez.fr/boutique/nouveautes/ulan-bator/  


                                                                                                                      Alain Raimbault    

samedi 9 mai 2015

Journal Métro de Montréal fin avril 2015

Voici trois photos que j"ai prises publiées sur le site du journal Métro de Montréal le 24 avril 2015

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/763140/exposition-desaparecidos/#



À l’UQAM, on peut voir une exposition attirant l’attention sur les 43 étudiants disparus au Mexique en septembre dernier.

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/763135/demonstration-de-danse-de-rue-a-berri-uqam/ 



Jeudi soir, une démonstration de danse de rue a eu lieu à la station de métro Berri-UQAM.

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/763131/autobus-en-feu-sur-lechangeur-turcot/

lundi 26 janvier 2015

Dieu bénisse l'Amérique, de Mark SaFranko. critique

En janvier 2015, j'ai eu le bonheur de lire ce livre et voici ma critique, que Mark a lue, ainsi que Karine, la traductrice. Les médias sociaux, c'est extraordinaires, quand même.

http://www.aubarfly.com/tim-lobster-a-lu-dieu-benisse-lamerique-de-mark-safranko/

Dieu bénisse l'Amérique, de Mark SaFranKo


Mark SaFranko


Mark SaFranKo, Dieu bénisse l’Amérique, 13e note éditions, Paris, 2012, excellemment traduit de l’anglais (États-Unis) par Karine Lalechère

L’alter ego de l’auteur, Max Zajack nous raconte sa jeunesse dans une famille pauvre d’émigrés polonais, quelque part en Amérique, côte est. Années 50, début 60, la pauvreté ressemble à une malédiction héréditaire. Le père de Max, Jake, enchaîne les petits boulots de crève-la-faim jusqu’à devenir pompier. Si l’on espère une amélioration de la situation familiale, on a tout faux. L’espoir n’est pas de mise. La misère crasse reste la même. Dans une société de classes comme celle des États-Unis d’après-guerre, aucune élévation de quelque sorte n’est possible. Bien au contraire. Jake se sent impuissant contre le sort qui s’acharne sur lui alors comme un rat en cage, il enrage et mord tout ce qui l’approche. Il cherche des coupables car il se dit victime d’un système qui le dépasse. Des coupables? Ce sont les Noirs, les « bamboulas… responsables de tous les maux de la Terre. » En plus d’être raciste, Jake est violent. Max reçoit des raclées environ toutes les dix pages, soit par son paternel, soit par ses camarades de classes prêts à t’estourbir ou à te brûler vif pour un regard de travers, soit par ses institutrices catholique qui répandent l’amour de Dieu à coups de torgnoles et de chicotte, soit par les gangs de rue que Max a le malheur de croiser. Quand ce n’est pas sa mère qui l’assomme en public ou le coiffeur qui lui plante sa paire de ciseaux dans le cou en clamsant raide net devant lui. Max, il n’a pas de chance.
Il grandit dans un monde apocalyptique peuplé de fous (sa mère Bash, l’oncle Henry, dans la rue, les voisins, au travail, les cinglés sont partout), de criminels (ses amis, ses collègues), de pédophiles et de demeurés bouseux (voir la rencontre familiale au Canada chez des éleveurs de porcs dont tous ne sont pas doués de la parole…). Les relations de Max avec les femmes, possible source d’espoir, relèvent du fiasco. Lorsqu’il se fait passer pour un membre du FBI afin de peloter la belle Sandy, la police lui tombe sur le paletot et la Mafia menace de l’éliminer. Les femmes, c’est dangereux.
            Ce livre se dévore comme on assiste en voyeur à une série d’accidents de la route, voire à une longue séance de torture. L’unique bouée de sauvetage est l’humour, seule distance possible entre la vie et le narrateur. Par exemple, lorsque son ami Joey lui explique la mécanique du sexe : « Tu plaçais ta bite à côté de celle de la fille… vous les frottiez l’une contre l’autre et au final, on obtenait un bébé. » Peu avant cette explication, le narrateur avait précisé : « Plus tard, je devais me rendre compte que sa théorie comportait quelques faiblesses. » Faiblesses ou pas, le sexe conduit toujours à la catastrophe.
            Pas besoin d’être sorti de la cuisse de Jupiter pour comprendre que contrairement au titre, Dieu à maudit l’Amérique. Comment poursuivre le bonheur quand le destin du peuple ouvrier est joué d’avance? Le rêve américain, c’est d’éviter de mourir trop vite. Et ce n’est pas joué d’avance. Quand tu ne meurs pas de faim ou de maladies transmises par les souris, les rats, les poux et la vermine, quand tu ne te suicides pas, quand tu survis à divers accidents plus scabreux les uns que les autres, quand on ne t’assomme pas ou quand tu ne te prends pas une balle perdue, le pays a toujours la possibilité de t’envoyer te faire tuer dans le Pacifique ou au Viet-Nam. Et l’avenir, dans tout ça? Max rêve d’une gigantesque explosion nucléaire qui règlerait ses problèmes.
            Dans sa post-face, l’éditeur Zslot Alapi affirme : « Le monde littéraire devrait avoir peur de ce roman… » et il a tout à fait raison car cette fiction secoue profondément le lecteur. Mark SaFranKo fait plus que du vrai et du beau genre Baudelaire, il frappe là où ça fait mal, à l’humain de base. Il torpille à jamais le roman d’apprentissage. La prose de SaFranKo, c’est du Zola désespéré qui a lu Bukowski, Fante et Carver. J’en suis resté estourbi.  


            Alain Raimbault

lundi 29 décembre 2014

Centre du livre et de la lecture Poitou-Charentes

http://lecoeuralouvrage.poitou-charentes.fr/auteurs/raimbault

Le Coeur à l'ouvrage - Biennale de la lecture 2014 


http://www.livre-poitoucharentes.org/alain-raimbault-a114.html 

Alain Raimbault


Alain Raimbault est un poète français né à Paris en 1966. Il emménage en Poitou-Charentes en 1976. Après avoir été enseignant de français, d'histoire et de géographie à Bressuire, il émigre au Canada en 1998 et obtient un poste d’enseignant à l’école francophone Ecole Rose-des-Vents en Nouvelle-Écosse. Il a publié des poèmes et des nouvelles dans diverses revues de la francophonie. Il écrit des romans pour la jeunesse, des recueils de poésies et des romans pour adultes.
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© ARaimbault
Derniers ouvrages parus : 
  • Un trou dans le coeur, Soulières éditeur, 2011 (jeunesse)
  • L'Eléphant Plume et le rat Bougri, éd. Bouton d’or Acadie, 2011 (jeunesse)
  • Inventaire du Sud, éditions L'instant même, 2010

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En 2006, il a obtenu le prix Grand-Pré pour l'ensemble de son œuvre et en 2007 le prix Émile-Ollivier remis par le Conseil supérieur de la langue française à Québec.

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Mise à jour le mercredi 31 août 2011


Saison de Porcs, de Gary Victor

Saison de Porcs, de Gary Victor, éditions Mémoire d'encrier, Montréal, 2009

http://parolenarchipel.com/2014/12/29/saison-de-porcs/

Saison de porcs

http://memoiredencrier.com/saison-de-porcs/

Quelques temps après la mystérieuse affaire des Cloches de la Brésilienne¹, où justement quelqu’un ou quelque esprit avait volé le son des cloches, nous retrouvons l’incorruptible inspecteur Dieuswalwe Azémar, incurable alcoolique aux prises avec des personnes qui se transforment en cochon et avec une créature diabolique qui lui veut le plus grand mal. Si le désir de justice absolue dans un monde corrompu jusqu’à la moelle maintenait jusqu’alors l’inspecteur dans une relative droiture moral, dès les premières pages de Saison de porcs, cette posture en prend un coup. L’inspecteur, pour ne pas terminer haché menu, assassine froidement le puissant boko Marassa et un de ses gardes du corps qui retenaient prisonnière la fille d’une amie. Le roman commence mal pour l’inspecteur.
Nous apprenons ensuite qu’il a confié sa fille adoptive Mireya, personnage capital dans le roman précédent, à une institution gérée par l’Église du Sang des Apôtres où Sister Marie-Josée et Sister Moon font la pluie et le beau temps. L’inspecteur déteste ces deux sœurs, il déteste cette école privée mais il reconnaît leurs excellents résultats dans le domaine de l’éducation. Il a accepté que cette institution donne Mireya pour une adoption internationale car il veut éviter à sa fille une vie misérable en Haïti.
Mireya est sur le point de partir quand Dieuswalwe Azémar découvre des manœuvres pas vraiment catholiques de la part de Sister Moon. À cela s’ajoute la présence d’un tueur vénézuélien protégé par un étrange sénateur sur fond de magouilles internationales. Un vrai sac de nœuds dans lequel Mireya semble être la première victime. Comment Dieuswalwe Azémar va-t-il dénouer les énigmes ? Parviendra-t-il à sauver sa fille et sa carrière menacée par l’enquête engendrée par le double meurtre du début?
Après Les cloches de la BrésilienneSaison de porcs nous offre également des éléments fantastiques auxquels le lecteur croit sans hésiter car ils menacent directement la vie de l’inspecteur aux prises, de plus,  avec les réalités quotidiennes suivantes: l’alcool, la corruption, la violence, la trahison, le tout sous une insupportable chaleur. Dieuswalwe Azémar semble également avoir entrepris un naufrage moral car il commet deux meurtres dès le début du roman et son intégrité, malgré ses réflexions qui dénoncent toutes formes de corruption, vacille. Il sait que ses principes moraux, page 21 « … avaient fait de lui un raté dont se gaussaient, derrière son dos, ses camarades policiers. » Il croit donc représenter un idéal de justice en matière judiciaire, mais ses actions semblent le contredire.
Si le roman policier social met en évidence et exagère les travers de la société afin de mieux les dénoncer, Gary Victor remplit à merveille sa mission. Mais il y a plus. Le roman se passe en Haïti, terre des loas, des esprits, des loups garous, de Baron Samedi et de tout un panthéon qui prend la parole pour crier une identité. Cette dimension fantastique, spirituelle fait de ce roman plus qu’un simple divertissement policier. Nous avons affaire à une véritable œuvre littéraire. Le roman policier sous la plume de Gary Victor est de la vraie et grande littérature, Dieu soit loué !
Alain Raimbault
¹ Les cloches de la Brésilienne, éditions Vents d’ailleurs, France, 2006

Saison de porcs de Gary Victor: Dompter le chaos

Je ne savais pas que la vie serait si longue après la mort

http://parolenarchipel.com/2014/12/28/je-ne-savais-pas-que-la-vie-serait-si-longue-apres-la-mort/

Parole en archipel


Je ne savais pas que la vie serait si longue après la mort, recueil de nouvelles fantastiques, sous la direction de Gary Victor, éditions Mémoire d’encrier, Montréal, 2012, 108 pages
À la suite d’un « atelier d’écriture en littérature fantastique », l’écrivain Gary Victor finit par choisir une dizaines de textes. Cela constitue, si je ne me trompe pas, le premier recueil officiel de nouvelles fantastiques d’auteurs haïtiens. Je dis bien officiel car de nombreux recueils de nouvelles haïtiennes sont traversés par la veine du fantastique, peut-être pourrait-on dire aussi du réel merveilleux, si l’on considère que les références au surnaturel, au vaudou, font partie de l’univers littéraire fantastique.
Neuf auteurs : Alfonce Marc Edwidge, Rose Taina Gachette, Jean Délino Gaspard, Glaude Japhet, Larissa Saskya Leroy, Djenika Mars, Paola Medjine Paul, Monestime Pierre Richard, Évains Wêche. Dix nouvelles par où le fantastique s’infiltre par l’intermédiaire d’un coma et de rêves, d’un vent violent, d’une maison hantée, d’une chaîne, d’un livre, d’un tableau, d’un miroir, d’un sorcier (boko) et d’un esprit malin, narrateur de l’histoire qui traque « les âmes vendues ». Les nouvelles plutôt inégales au niveau de leur qualité littéraire ont toutes un charme indéniable. Le lecteur est surpris par l’action, par la narration, par les personnages et par la richesse de l’imaginaire. Plusieurs textes se détachent, comme « Boulvari », de Évains Wêche, un auteur vraiment sûr de sa plume et dont j’espère avec impatience d’autres textes, qui voit non pas une, comme ce à quoi on s’attendrait, mais deux nouvelles publiées dans ce recueil. La jeune Paola Medjine Paul nous donne une belle leçon d’écriture du haut de ses dix-neuf ans avec son « Obsession picturale » et « Le livre », de Monestime Pierre Richard, offre une percutante réflexion sur le pouvoir des mots, sur le rapport troublant entre narration et réalité.
J.M.G. Le Clézio affirme page 50 dans « Ailleurs. », un livre d’entretiens publié chez Arléa en 1995 : « Je crois que toutes les sociétés amérindiennes sont marquées par cette possibilité du recours au rêve. Elles ne considèrent pas le réel comme la solution définitive à tous les problèmes. » Cet excellent recueil de nouvelles en est la parfaite illustration, même si la société haïtienne n’est pas amérindienne. Quoique, en fouillant du côté des symboles, de l’imaginaire, des représentations culturelles, il y ait bien encore des traces. En tous cas, Poe et Maupassant n’ont qu’à bien se tenir dans leur tombe, la relève est assurée.
Alain Raimbault



lundi 15 décembre 2014

Collier de débris, de Gary Victor

http://parolenarchipel.com/2014/12/14/collier-de-debris/

À la frontière entre la chronique, le récit et la fiction, le reportage et le roman, Collier de débris est raconté par une femme qui a trouvé un travail temporaire après le tremblement de terre  du 12 janvier 2010. Avec l’argent qu’elle va gagner, elle va continuer d’envoyer sa fille à l’école. Son mari et son fils ont péri dans la catastrophe.  Elle n’a même pas pu voir leur corps. Que reste-t-il quand la terre cesse de trembler? Des débris. (p. 14) « Les débris sont partout. Ils sont des ratures devant nos yeux, des pièges empoisonnés à l’affût de nos sens… Dans notre mort, les débris assiègent notre au-delà. » La narratrice est engagée dans une équipe de déblaiement. Les débris enlevés vont se transformer en salaire, en « or gris ».
Après avoir tué en tombant, ils deviennent source de richesse en étant enlevés. (p.26) « Voilà que ces mêmes débris reculaient l’horizon du chômage, de la faim, d’une possible prostitution. Ils nous permettaient, à ma fille et à moi, de survivre sur cette terre où nous étions des éternelles oubliées. » C’est un des programmes de l’ONU : Cash for work, de l’argent contre du travail. Après un début difficile, le programme se transforme en Cash for Production. Plutôt que d’être payé pour un travail effectué ou non, l’employé sera rémunéré selon sa productivité. Plus il déblaiera de débris et mieux il sera payé. La femme se lance alors avec une telle détermination dans cette tâche qu’elle devient très vite une spécialiste du déblaiement et elle est nommée chef d’équipe.
Le fer est récupéré et revendu, les débris concassés sont transformés en gravier, en pavés, en « adoquins ». Les débris offrent des possibilités d’emploi.  (p. 57) « Dans ce centre de recyclage, on enseignait aux jeunes de la zone un savoir-faire capable de les rendre autonomes. Ils pouvaient devenir des entrepreneurs, créer des emplois. » Mais le plus dur n’est pas le travail mais la découverte d’ossements humains qui rappelle à chacun ses morts et sa propre mort. Page 62, l’auteur laisse libre cours à sa poésie en amoncelant les mots comme chutent les débris : « Débris étaux débris marteaux débris glue débris entraves débris chutes débris boulets débris glauques débris glaire débris mangeurs de vie débris rictus débris bave… » À la fin, la narratrice parviendra-t-elle à s’acheter une petite maison grâce à ses économies?
Cette chronique, comme il est écrit sous le titre, se lit comme un roman narré à la première personne. C’est en effet un texte très personnel. L’auteur se dévoile dans le prologue : « … j’essayais de surmonter mon choc émotionnel.» Plus loin, il poursuit : «… ma volonté ne parvenait pas vraiment à réfréner un besoin presque instinctif de se détourner du spectacle de la catastrophe… » Finalement, il conclut : « Collier de débris m’a permis de renaître, de me dégager des miasmes émotionnels du séisme. L’espoir qui ne meurt jamais dans le cœur des oubliés a rallumé le mien. »
Le lecteur suit chronologiquement la vie d’une femme en partant du séisme jusqu’à la fin du déblaiement. Il met en relief le courage d’un peuple, des femmes, qui, loin de se laisser abattre par leur chagrin, travaillent sang et eau pour construire l’avenir. La narratrice saisit l’arme qui a tué la moitié de sa famille, les débris, et la transforme en source d’espoir. Une très belle leçon de courage dans un style clair, concis, direct et parfois poétique.
Si la norme actuelle en matière d’esthétique est de privilégier la vérité, on veut croire à ce qu’on lit, aux dépends de la beauté, eh bien il existe en Haïti un auteur qui excelle dans les deux domaines. Il s’appelle Gary Victor et son œuvre est considérable. Vous connaissez?
Alain Raimbault
Gary Victor, Collier de débris, 82 pages, éditions Mémoire d’encrier, collection chronique, Montréal, 2013


dimanche 5 octobre 2014

Murale par William Patrick et Adam Sajkowski

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/569424/569424/

Murale derrière la Grande Bibliothèque de Montréal

Une murale a été réalisée sur l’avenue Savoie, derrière la Grande Bibliothèque, par William Patrick et Adam Sajkowski, dans le cadre du projet «mur à mots».

J'ai pris ces deux photos vendredi 3 octobre 2014







dimanche 21 septembre 2014

Incendie éteint Montréal

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/561333/incendie-dans-le-vieux-montreal-2/



Incendie maîtrisé dans le vieux port de Montréal le 20 septembre 2014



Merci au journal Métro de Montréal (le site) ce 21 septembre 2014

Un incendie dans un bâtiment patrimonial du Vieux-Montréal a forcé l’évacuation d’une centaine de personnes vers 16h samedi. Les flammes ont pris naissance au 7e et dernier étage de l’édifice du 55 de la rue Saint-Paul, près du boulevard Saint-Laurent.

vendredi 15 août 2014

Poème

Parole en archipel

Plus de consistance
ne mentionner ni le fardeau
ni les ribambelles nasillardes
des lièvres ulcérés
Embrasser l’ample
Engloutir la fabuleuse présence
des conteurs bègues
Radicaliser les secondes de gloire
où le nom apparaît
Je sais par la pratique et les non-dits
des langues à tombe
La mémoire des tons étincelles
de l’inexorable odyssée du fou
Trajectoire en métadonnées d’un peuple
fliqué-tracé-courbé-semi-conduit
statistiquement parlant
Je colle à la fonction de
la grande uchronie
où chaque phonème réinvente un pont
Pow wow d’un solstice haïtien
d’un spiralisme acéré qui fignole
des fest-noz lubriques
Des loas vengeurs rasent les murs
arrachent les mapous en partance
Plus d’assistance, non
Les lièvres langagiers replient leurs doléances
sur leurs lézardes putrescentes
agrippés au cycle du carbone
par on ne sait quel mirage
Alain Raimbault