dimanche 3 mars 2019

Bref journal arctique (6) photographique Iqaluit et Kuujjuaq

Voici donc mes photographies de mon voyage à Iqaluit et de mes deux brefs passages à Kuujjuaq

Comme je n'ai pas pris la peine d'apprendre à dessiner ou à peindre, j'ai trouvé une solution de facilité afin d'exprimer en image ma vision du monde: la photographie, qui signifie l'écriture de la lumière. Donc, j'écris encore, mais en lumière, tout en essayant de m'approcher du monde idéal de la peinture.

Lundi 18 février 2019

Nunavik, grand nord québécois

Arrivée à Kuujjuaq





Île de Baffin, Arctique canadien




Arrivée à Iqaluit



























































Mardi 19 février 2019

Iqaluit. Mardi 19 février 2019. -30 C, avec le vent à décorner un bœuf musqué: -47 C! La journée la plus froide de ma vie. Je sors de l'hôtel et je décide d'aller au Tim Hortons à côté du NorthMart, rue principale. Il suffit de descendre. Sauf qu'il fait -47 C!!!


Le Tim !!! 



























GRANDIOSE !!! Tu es en face de ce paysage de roche et de glace, sans arbres, dans un froid extraterrestre, et tu n'as qu'une seule expression: WOAOW !!!












Mercredi 20 février 2019










































île Akpatok


Arrivée à Kuujjuaq
















jeudi 21 février 2019

Bref journal arctique (5)

Bref journal arctique (5) Jeudi 21 février 2019, Montréal

Hier matin, mercredi, j'ai pris le petit déjeuner avec Maurice à l’hôtel. C’est l’organisation (Qanirraqtit 2019) qui m’invite qui m’offre absolument tous les repas, à mon hôtel. C’est formidable. Je suis traité comme un roi. Puis je suis sorti. Très froid mais moins de vent que la veille, grand soleil. Je suis descendu jusqu’à la mer car cette glace a quelque chose de fascinant. Juste un bref aller-retour puis je suis allé donner mon atelier d’écriture à l’école Inuksuk salle C19. Impeccable. Ont participé Caroline, Simon, François et Maurice. Vers la fin, une madame est venue m’écouter aussi. Puis je suis retourné à l’hôtel, j’ai mangé avec Maurice, qui m’a raccompagné à l’aéroport. Grand soleil. J’ai finalement pu acheter mes cartes-postales, et les écrire à l’aéroport. Je les enverrai demain de Montréal. Dans l’avion, c’était féérique de survoler cette île de Baffin, montagneuse, blanche, grandiose. Et la baie d’Ungava glacée, dans le coucher de soleil. Brève escale à Kuujjuaq, où je reste dans l’avion, puis Montréal. Un enseignant de Clyde River avec qui j’ai mangé plusieurs fois, je n’allais pas manger seul au mileu de 150 enseignants tout de même, a dit que l’arrivée en avion à Arctic Bay était magnifique. Arctic Bay, donc. Faudrait y jeter un oeil...

Quel voyage, mes amis! Quel voyage!  

Je vais écrire un petit article pour le Nunavoix.
Le Nunavoix est le journal de l'association des francophones du Nunavut.
site: Nunavoix

Voici l'article original, le brouillon disons.:
J’enseigne le français langue seconde dans une école secondaire publique à Montréal. J’ai eu le privilège d’être invité à participer à Qanirraqtit 2019 organisée à Iqaluit par l’association des enseignants du Nunavut car en plus d’enseigner, j’ai la passion de l’écriture en général et de l’histoire en particulier. J’ai donc eu le plaisir de présenter les relations du Capitaine Bernier (1852-1934) avec les Inuits au début du XXe siècle et de donner un atelier d’écriture à des collègues francophones à l’école Inuksuk en février. Cela pourrait sembler ordinaire, un enseignant qui  parle à des enseignants. Hors, cela ne l’était vraiment pas car c’était ma première fois en Arctique. Je suis né en France, j’ai grandi au soleil de la Méditerranée, j’ai émigré en Nouvelle-Écosse en 1998 pour finir par m’installer rive sud de Montréal en 2011. Le plus au nord où j’étais allé dans ma vie, je crois bien que c’est Mont Tremblant, à quelques kilomètres de Montréal. L’Arctique, je l’ai vécu en rêve depuis des décennies. J’ai admiré des photos, j’ai vu quelques films, j’ai lu des livres, comme tout le monde. J’ai découvert avec fascination l’art inuit en 1998, puis j’ai fréquenté des galeries d’art, j’ai acheté les catalogues d’expositions des différentes communautés artistiques et quelques oeuvres. Aussi, les seuls Inuits que je croise régulièrement depuis 2011, c’est bien triste à dire mais c’est hélas la réalité, ce sont ceux qui vivent dans la rue à Montréal. Alors imaginez le choc lorsque j’ai survolé l’océan glacé et que je me suis posé sur cette terre de roche et de glace, sans arbre! Un dépaysement total. Une autre planète. Et ce froid! À Montréal, quand il fait -7° C, j’hésite à sortir. Je descends de l’avion à Iqaluit: -27° C! Bon, c’est froid. Le lendemain -30° C, ressentie -47° C à cause d’un vent infernal. Comment l’être humain réussit-il à survivre dans un tel froid? Il s’adapte, semble-t-il. J’ai froid mais cela ne m’empêche pas de marcher en ville. Les maisons sont sur pilotis, comme si la terre ne les voulait pas, comme si elle les repoussait. Une impression. Des tuyaux passent de-ci de-là. Des skidoos foncent en tous sens. Les taxis circulent beau temps mauvais temps. Aussi, un camion citerne tourne toujours ici ou là. Mais en-dehors de la ville, existe-t-il des routes? Il y en a même une qui ne mène officiellement nulle part! Et puis des gens marchent, face au vent, décidés. La vie suit son cours malgré la météo. Je découvre Iqaluit avec des yeux qui n’avaient jamais vu. Ce paysage blanc, tout en nuances, la baie de Frobisher solide, le soleil blanc lui aussi,  trop bas à l’horizon, un univers minéral où l’eau est transformée en roche. Grandiose! Sublime! Où suis-je? Plus sur Terre, c’est certain. Pas loin de Mars, alors. Les Inuits, lorsque je m’approche, je comprends qu’ils parlent inuktitut entre eux. Parfois ils alternent avec l’anglais. Ils ont préservé leur langue. L’affichage public est bilingue, voire trilingue, Cela me réjouit. Si je compare avec la situation du micmac en Nouvelle-Écosse, l’inuktitut est bien mieux loti. Une scène surréaliste pour moi dans l’agora de l’école Inuksuk: cinq dames, dont deux aînées nettoient la peau avec leur ulu  (couteau traditionnel) d’un ours tué deux jours plus tôt à 65 miles d’Iqaluit (j’ai posé la question). Elles frottent la peau lentement, méticuleusement tout en se parlant en inuktitut. Je n’avais jamais assisté à une telle scène de ma vie. Surtout dans une école. Cependant je le comprends car c’est un lieu de transmission de culture. Aussi, j’ai constaté une grande présence de l’art inuit, soit dans des points de ventes bien sûr, soit parce que les murs de certains édifices exposent des gravures (superbes!), soit parce que les Blancs en parlent, oui, tous les jours j’ai entendu parler d’art inuit, soit parce que les sculpteurs proposent leurs oeuvres eux-mêmes sans intermédiaire à d’éventuels acheteurs. L’art est également dans la façon de se vêtir. Ainsi les femmes portent de magnifiques manteaux avec un grand capuchon et parfois un bébé dedans. Les gants et les bottes en peau d’animaux sont superbes également. Dernière observation: la majorité des enseignants du Nunavut présents à cette réunion sont des hommes, contrairement au milieu de l’éducation plus au sud du Canada dans lequel je vis, entouré de femmes, même au niveau secondaire. Maurice Lamothe qui m’a si généreusement accueilli à Iqaluit, dans son école, m’a avoué que le Nord est un monde dur. Quoi qu’il en soit, c’est un monde fascinant où je reviendrai avec grand plaisir à la première occasion. Et j’achèterai avant un long manteau fait pour résister à -60° C. En conclusion, un seul mot: Nakurmiik !!!

mardi 19 février 2019

Bref journal arctique (4)

Bref journal arctique (4) Mardi 19 février 2019, Iqaluit, Nunavut, Canada

Eh bien j'y suis sur cette drôle de planète. Ce n'est pas sur Terre, c'est sûr. 

Avant d'atterrir, sous les nuages hier après midi, une mer glacée, des rochers noirs, des îles noires, mystérieuses. Je descends de l'avion. Je pensais arriver à l'aéroport jaune des photos, eh bien non. Il est rouge et nouveau, magnifique. Maurice Lamothe, qui m'avait invité par le syndicat des profs est là. La visite commence. Iqaluit est vallonnée et gelée. On roule un peu partout en bord de mer glacée. C'est grandiose. Quels paysages !!! De la glace, de la roche, c'est tout. Pas d'arbre. Les maisons de toutes les couleurs sont construites sur pilotis. À Apex, un peu plus loin, isolé, des maisons en bord de mer, glacée. Magique! Vision extraordinaire. Si beau. Je n'ai jamais rien vu de tel dans ma vie. Maurice m'explique que les Inuit sont plus à Apex. Iqaluit s'est peuplée à cause de l'armée, de la Baie d'Hudson, et du gouvernement canadien qui a construit des administrations ici dans les années 50. Il est 16h, la nuit tombe. On va visiter l'école des 3 soleils, avec une vue imprenable sur la baie de Frobisher gelée, puis l'école Inukshuk où se tient la conférence des profs pour laquelle je suis invité. Une école avec beaucoup d'art inuit, des photos, des annonces en trois langues. Maurice me laisse à l'hôtel mais attend en bas. L'hôtel Frobisher Inn est situé dans un grand bâtiment, l'Astro Hill, qui comprend des magasins et une salle de cinéma à trois films. Le soir, on prend une bière au Steak House, sans sortir, 25$ pour deux. J'ai constaté, ici, les prix sont le double du Québec. Maurice me raconte qu'avant, les Inuit allaient au bar pour boire. Quand ils rentraient chez eux, ils ne sentaient pas la morsure du froid et parfois gelaient du visage, des doigts. Maintenant, ils achètent l'alcool dans des magasins et peuvent boire à la maison. Un sculpteur inuit passe. Maurice lui achète deux ours magnifiques en serpentine. Je demande au sculpteur: combien de temps pour sculpter un ours? Deux jours, me dit-il. Puis on mange dans la salle de réception, repas offert par l'organisation de la conférence. Le soir, j'ai constaté avoir pris 1099 photos. Je les regarde un peu. Un monde vraiment différent. Tout est glacé. Une journée extraordinaire ce fut. 

Ce matin, allez hop, à Tim Horton. Un vent à décorner un boeuf musqué. Jamais eu si froid de ma vie. La météo dit -30 C, -47 avec le vent. Je le crois. une torture pour prendre la moindre photo. mes cils sont collées, mon souffle a tout blanchi, mon manteau s'est durci. J'ai pris les photos les plus froides de ma vie! À Tim Horton, cinq Inuit sont assis, le regard devant eux. Il ne regardent pas leur téléphone, non, rien, ils attendent. Puis je vais à la  poste pour acheter des cartes postales mais on me dit qu'il n'y en a pas. 
- Peut-être au Venture, le bâtiment rouge. 
- Et il est où?
- Sur la rue principale.
Là, je commence à avoir peur.
- C'est loin? Parce que je suis à pieds. (Et qu'il fait - 65!!!)
- Non.
OK, j'y vais. Je marche dans ce froid extraterrestre. J'arrive au Venture pas trop loin en effet. Pas de carte postale. On ne vend pas de cartes postales à Iqaluit, sauf à l'aéroport, me dit-on. Je ressors, marche dans la froid vers la mer. Là, il fait encore plus froid. Mais c'est magique, la baie gelée! C'est splendide. Faudrait ce paysage avec +28C. Je visite le Visitor center, petit musée très joli. Je ressors et me gèle encore, surtout pour prendre mes photos. Congelé, je rentre à l'hôtel. Je mange gratuitement, comme d'habitude, cette fois avec des profs de Clyde River. Pour pas manger seul. Puis je vais à l'école et donne ma conférence sur la Capitaine Bernier. Sauf que je laisse parler les profs qui veulent commenter. Et je n'ai pas le temps de finir. Mais ils sont contents. Tout va bien. J'assiste à l'école à l'écorchage d'un ours blanc. Des dames avec leur couteau inuit arrondi raclent le reste de chair d'un petit ours blanc tué il y a deux jours. C'est fascinant. Dans mon école, on n'écorche rien. Je rentre à l'hôtel, je me rhabille et fonce au musée, qui a ouvert à 3h. J'ai moins froid, parce que je prends moins de photos, et qu'il y a moins de vent. Superbe petit musée d'art Inuit, forcément. Avec des vestige des Thuléens. La madame me dit qu'elle a une application sur son téléphone qui donne les probabilités des aurores boréales. Ce soir, il y en aura! Yes! Mais elle ajoute qu'il faut aller dans un endroit loin de la lumière, comme Apex, ou le chemin pour nowhere. Je lui dit:
- Et si je viens au bord de la mer?
Elle répond:
- Vous serez isolé, alors prenez un sifflet avec vous parce que parfois un ours un peu fou vient dans le coin.
Donc, ce soir, je suis resté à l'intérieur. Non, après le repas gratuit, je suis allé à l'école pour la foire artisanale. J'ai vu beaucoup d'Inuit qui parlent inuktitut entre eux. Cela m'a fait plaisir de constater qu'ils gardent leur langue. Certains portent des habits magnifiques. Avec leur bébé dans le capuchon. C'est super beau! Tout est cher et beau. Certains ont dansé des danses du genre fest noz, mais sur musique entraînante presque country.
Voilà, je rentre demain au sud.
Je pense que c'est bien de voir l'Arctique en hiver, quand la glace craque sous tes pas, qu'elle recouvre tout, et qu'il fait trop froid. Je suis crevé mais heureux! Drôle de planète, ici. 




lundi 18 février 2019

Bref journal arctique (3)

Bref journal arctique (3) Lundi 18 février 2019, aéroport de Montréal

C'est par un froid polaire que je suis sorti à 5h45 ce matin pour prendre l'autobus 15, jusqu'au Métro Bonaventure après être passé sur le vieux pont Champlain. À côté, le nouveau pont Samuel de Champlain encore en construction. Arrivée ensuite au métro Lionel-Groulx où j'attends l'autobus 747 pour ici, aéroport Pierre-Elliot Trudeau (oui, le papa de notre Premier Ministre). Un vent glacial. Puis l'autobus arrive, pas trop de trafic, pas de neige, routes sèches. À la file d'attente pas encore ouverte de First Air, 6 Blancs (dont un Noir portant une casquette de Dubaï) et une maman Inuit en habit traditionnel, sa fille dans le capuchon. Les gens ont des montagnes de bagages. Un homme a même un fusil, mais il a le droit, il est instructeur. (J'ai écouté la conversation entre deux agents de First Air). Le voyage a donc commencé là, dans la file d'attente. La sécurité sans problème, en 15 minutes. Plein de gens. En face de moi, une dame va à Cancun. J'ai lu son billet d'embarquement. La chaaance! Pourquoi le Canada n'est-il pas un pays tropical? Tout baigne. Il est 8h36, je vais monter dans mon super avion de 10 ou 20 places semble-t-il dans moins d'une heure. Place 9a, fenêtre! Oui!!!

Dans l'avion de First Air, de 52 places en fait, j'écris le 18:

Escale de 30 minutes à Kuujjuaq (au Nunavik, au nord du Québec).. Il n’y a que de petits sapins. Vent glacial. Je sors acheter une carte-postale. Des lnuits travaillent dans ce petit aéroport, tout petit. De Montréal à ici, nous étions environ 45. Maintenant que nous sommes repartis pour Iqaluit, nous ne sommes que 15. Dans l’avion, tout le monde de Kuujjuaq semblait se connaître.
Ça y est, au-dessus des nuages. Parfois, dans une percée, on voit le sol, blanc, de plus en plus blanc. Une mer de blanc. C’est extraordinaire. Les nuages font des ombres. J’ai l’impression que ces points noirs ont disparu, les arbres. Splendide avec le soleil. Ça y est. Au-dessus de la mer. J’ai l’impression de voir la Terre depuis l’espace. Des plaques de glace. Une autre planète, mais pas la Terre. Trop immense. La Terre, c’est petit d’habitude. Retour des nuages! Dommage. Je vois un peu. Déjà au-dessus de la Terre? La voici cette île de Baffin? Non, pas encore. La mer de glace s’étire. Oui, là bas. Des collines. C’est l’île de Baffin!!! Enfin. Zut, encore des nuages.Quand on monte au nord de Montréal, c’est habité, on reconnaît les coupes-feu, ces autoroutes sans arbres. Des routes, des stations de ski. Puis, de moins en mois habité. Ensuite, plus de route. Que la nature. Des lacs gelés, des montagnes… je revois la glace! Ce n’était pas Baffin, alors mais encore le Québec (En fait, je pense que c’était l’île Akpatok, au Nunavut, dans la baie d’Ungava puisque je la survolerai au retour et que je reconnaîtrai sa forme.) C’est si beau la glace avec un peu de mer, ça et là. Je ne me lasse pas de l’admirer. Avec l’ombre des nuages qui font des formes. Quel voyage! Et… il faudrait demander aux nuages qu’ils se décident. Soit ils sont là, soit non. Bref. Au-dessus des plaques de glace à la dérive, des plaques de nuages. Bon! Là, ça y est! C’est Baffin!!! GRANDIOSE !!! Grandiose, l’Arctique vu du ciel!... Satanés nuages, je ne vois plus rien… Baffin est arrivée par lames. La terre est arrivée par vagues. C’est euphorique. On descend. Mal de tête, comme à Kuujjuaq. On va atterrir dans les nuages. À Iqaluit! Oui !!! J’espère pouvoir marcher de l’aéroport jusqu’à Frobisher Inn. Il fait encore jour. Il doit être 14h10. J’espère pouvoir prendre encore des photos de jours. (Du lundi au mercredi, j’ai pris 2640 photos.) C’est extraordinaire. 18 février 2019! Ma première fois en Arctique. Tabarnak! On rentre dans les nuages, on va atterrir. (Je n’ai pas marché. Maurice Lamothe qui m’avait invité m’a accueilli et offert une visite en voiture, au parc Sylvia Grinnell, à Apex… Merci Maurice! Je ne te dirai jamais assez merci. C’était une journée Woaow!!!)