mardi 19 février 2019

Bref journal arctique (4)

Bref journal arctique (4) Mardi 19 février 2019, Iqaluit, Nunavut, Canada

Eh bien j'y suis sur cette drôle de planète. Ce n'est pas sur Terre, c'est sûr. 

Avant d'atterrir, sous les nuages hier après midi, une mer glacée, des rochers noirs, des îles noires, mystérieuses. Je descends de l'avion. Je pensais arriver à l'aéroport jaune des photos, eh bien non. Il est rouge et nouveau, magnifique. Maurice Lamothe, qui m'avait invité par le syndicat des profs est là. La visite commence. Iqaluit est vallonnée et gelée. On roule un peu partout en bord de mer glacée. C'est grandiose. Quels paysages !!! De la glace, de la roche, c'est tout. Pas d'arbre. Les maisons de toutes les couleurs sont construites sur pilotis. À Apex, un peu plus loin, isolé, des maisons en bord de mer, glacée. Magique! Vision extraordinaire. Si beau. Je n'ai jamais rien vu de tel dans ma vie. Maurice m'explique que les Inuit sont plus à Apex. Iqaluit s'est peuplée à cause de l'armée, de la Baie d'Hudson, et du gouvernement canadien qui a construit des administrations ici dans les années 50. Il est 16h, la nuit tombe. On va visiter l'école des 3 soleils, avec une vue imprenable sur la baie de Frobisher gelée, puis l'école Inukshuk où se tient la conférence des profs pour laquelle je suis invité. Une école avec beaucoup d'art inuit, des photos, des annonces en trois langues. Maurice me laisse à l'hôtel mais attend en bas. L'hôtel Frobisher Inn est situé dans un grand bâtiment, l'Astro Hill, qui comprend des magasins et une salle de cinéma à trois films. Le soir, on prend une bière au Steak House, sans sortir, 25$ pour deux. J'ai constaté, ici, les prix sont le double du Québec. Maurice me raconte qu'avant, les Inuit allaient au bar pour boire. Quand ils rentraient chez eux, ils ne sentaient pas la morsure du froid et parfois gelaient du visage, des doigts. Maintenant, ils achètent l'alcool dans des magasins et peuvent boire à la maison. Un sculpteur inuit passe. Maurice lui achète deux ours magnifiques en serpentine. Je demande au sculpteur: combien de temps pour sculpter un ours? Deux jours, me dit-il. Puis on mange dans la salle de réception, repas offert par l'organisation de la conférence. Le soir, j'ai constaté avoir pris 1099 photos. Je les regarde un peu. Un monde vraiment différent. Tout est glacé. Une journée extraordinaire ce fut. 

Ce matin, allez hop, à Tim Horton. Un vent à décorner un boeuf musqué. Jamais eu si froid de ma vie. La météo dit -30 C, -47 avec le vent. Je le crois. une torture pour prendre la moindre photo. mes cils sont collées, mon souffle a tout blanchi, mon manteau s'est durci. J'ai pris les photos les plus froides de ma vie! À Tim Horton, cinq Inuit sont assis, le regard devant eux. Il ne regardent pas leur téléphone, non, rien, ils attendent. Puis je vais à la  poste pour acheter des cartes postales mais on me dit qu'il n'y en a pas. 
- Peut-être au Venture, le bâtiment rouge. 
- Et il est où?
- Sur la rue principale.
Là, je commence à avoir peur.
- C'est loin? Parce que je suis à pieds. (Et qu'il fait - 65!!!)
- Non.
OK, j'y vais. Je marche dans ce froid extraterrestre. J'arrive au Venture pas trop loin en effet. Pas de carte postale. On ne vend pas de cartes postales à Iqaluit, sauf à l'aéroport, me dit-on. Je ressors, marche dans la froid vers la mer. Là, il fait encore plus froid. Mais c'est magique, la baie gelée! C'est splendide. Faudrait ce paysage avec +28C. Je visite le Visitor center, petit musée très joli. Je ressors et me gèle encore, surtout pour prendre mes photos. Congelé, je rentre à l'hôtel. Je mange gratuitement, comme d'habitude, cette fois avec des profs de Clyde River. Pour pas manger seul. Puis je vais à l'école et donne ma conférence sur la Capitaine Bernier. Sauf que je laisse parler les profs qui veulent commenter. Et je n'ai pas le temps de finir. Mais ils sont contents. Tout va bien. J'assiste à l'école à l'écorchage d'un ours blanc. Des dames avec leur couteau inuit arrondi raclent le reste de chair d'un petit ours blanc tué il y a deux jours. C'est fascinant. Dans mon école, on n'écorche rien. Je rentre à l'hôtel, je me rhabille et fonce au musée, qui a ouvert à 3h. J'ai moins froid, parce que je prends moins de photos, et qu'il y a moins de vent. Superbe petit musée d'art Inuit, forcément. Avec des vestige des Thuléens. La madame me dit qu'elle a une application sur son téléphone qui donne les probabilités des aurores boréales. Ce soir, il y en aura! Yes! Mais elle ajoute qu'il faut aller dans un endroit loin de la lumière, comme Apex, ou le chemin pour nowhere. Je lui dit:
- Et si je viens au bord de la mer?
Elle répond:
- Vous serez isolé, alors prenez un sifflet avec vous parce que parfois un ours un peu fou vient dans le coin.
Donc, ce soir, je suis resté à l'intérieur. Non, après le repas gratuit, je suis allé à l'école pour la foire artisanale. J'ai vu beaucoup d'Inuit qui parlent inuktitut entre eux. Cela m'a fait plaisir de constater qu'ils gardent leur langue. Certains portent des habits magnifiques. Avec leur bébé dans le capuchon. C'est super beau! Tout est cher et beau. Certains ont dansé des danses du genre fest noz, mais sur musique entraînante presque country.
Voilà, je rentre demain au sud.
Je pense que c'est bien de voir l'Arctique en hiver, quand la glace craque sous tes pas, qu'elle recouvre tout, et qu'il fait trop froid. Je suis crevé mais heureux! Drôle de planète, ici. 




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