samedi 5 mars 2022

Honte à Poutine !

 Honte à Poutine !


24 février 2022 

l’armée russe envahit l’Ukraine

parce que le président Poutine l’a décidé

sur un coup de tête

il aurait pu organiser une fête de l’amitié entre

deux peuples frères

échanges culturels

musique symphonique

danses

bonne chère

non

l’armée attaque du sud de l’est du nord

je reste abasourdi

il a osé

ce monstre a osé attaquer un pays en paix

des gens ordinaires 

qui ne voulaient pas de guerre

me reviennent des images de la seconde guerre mondiale

l’avancée des Allemands en 1941

les destructions 

le massacre de Babi Yar

2022 les Russes bombardent les maisons d’Ukraine

afin d’annexer ce pays 

les gens

les enfants

qui meurent

dans les bras des parents survivants

blessés à jamais

qui meurent parce que le président Poutine 

ordonne de tuer des enfants

ce n’est pas possible

ce n’est pas humain

honte à Poutine

honte à ses généraux 

honte aux soldats russes qui obéissent aux ordres

honte aux envahisseurs !

Vive l’Ukraine éternelle! 


Alain Raimbault, le 5 mars 2022, 10e jour de guerre






mercredi 16 février 2022

« Sombre éclat » de Jean-Marie Quéméner

Lu « Sombre éclat » de Jean-Marie Quéméner, éd. Plon

Ce roman nous rappelle que de très nombreuses troupes coloniales ou tirailleurs sénégalais se sont battus pour la France et sont morts dans les tranchées de la première guerre mondiale. Lors de la Bataille de France (1940), de nombreuses troupes coloniales sont mortes, soit au combat, soit assassinées par les Allemands parce qu’elles étaient noires, comme le malheureux Charles Ntchorere, personnage historique et héros malheureux de ce roman. On pensera ici au fantassin de 2e classe Léopold Sédar Senghor qui lui aussi a été fait prisonnier en juin 1940 et qui a failli être fusillé à cause de la couleur de sa peau.

Voir ma chronique complète publiée aujourd'hui ici, pour le journal 20 Minutes

https://www.20minutes.fr/arts-stars/livres/3224231-20220216-sombre-eclat-jean-marie-quemener-guerre-hisse-couleurs-mort 


jeudi 10 février 2022

«Pour tout vous dire», de Joan Didion

Lu: «Pour tout vous dire», de Joan Didion (traduit par Pierre Demarty), éd. Grasset

Le lecteur traverse l’Amérique des années 68 à 2000 sous le regard perçant d’une auteure résolument californienne et lumineuse. Cette suite d’articles publiés dans diverses revues aborde des sujets comme: la presse underground; une réunion de Joueurs Anonymes à Gardena; une visite au château de Xanadu; sa lettre de refus d’entrée à l’université; une visite chez la jolie Nancy Reagan; une réunion d’anciens combattants; la réussite de Martha Stewart… Mille histoires dans un style direct, vrai, percutant, inarrêtable.

Joan Didion évoque les écrivains avec une profonde empathie. Sa lecture, son interrogation sur le style du maître Ernest Hemingway conduit à la compréhension de l’acte d’écrire, du fait de choisir ses mots, et de les voir au final publiés. Elle nous révèle ce que représente un texte publié avec l’accord de l’écrivain, et en opposition elle s’interroge sur la valeur d’une ébauche, d’une correspondance privée, d’un brouillon. Est-ce aussi de la littérature? Peut-on, a-t'on le droit de publier sans l’accord de l’auteur?

L’auteure nous explique pourquoi elle écrit, pourquoi elle se considère plus comme une écrivaine qu’une théoricienne. Elle évoque ses débuts d’écrivaine, son processus créatif, sa difficulté à écrire des nouvelles, et surtout ses doutes quant à la possibilité d’écrire un premier, puis un nouveau roman. «Je n’écris que pour découvrir ce que je pense, ce que je regarde, ce que je vois et ce que ça signifie.» Clair, honnête, direct, précis, et au final très beau.

citation

«Tout ce que je savais à l’époque, c’était de quoi j’étais incapable. Tout ce que je savais à l’époque, c’était ce que je n’étais pas, et il m’a fallu quelques années pour découvrir qui j’étais. C'est-à-dire un écrivain. Je veux dire non pas un «bon» ou un «mauvais» écrivain, mais tout simplement un écrivain, une personne qui passe ses heures de passion et de concentration les plus intenses à disposer des mots sur des bouts de papier.»





https://www.20minutes.fr/arts-stars/livres/3225787-20220210-tout-dire-joan-didion-ecrivait-avant-etre-ecrivain

lundi 31 janvier 2022

«Vers Calais, en Temps ordinaire», de James Meek

Lu: «Vers Calais, en Temps ordinaire», de James Meek (Traduction de David Fauquemberg) Éditions Métailié


L’auteur, grâce à une profusion de détails, nous présente de manière très réaliste l’arrivée de la peste noire dans le sud de l’Angleterre en 1348. Mais plus que cette épidémie et ses ravages, ce sont les descriptions des mœurs de l’époque qui fascinent car les agissements des personnages sont mus par des valeurs oubliées ou inconnues aujourd’hui: amour courtois; fidélité à son maître; supériorité de classe pour la noblesse; quête ou désir de liberté des serfs; hiérarchie religieuse; omniprésence des valeurs chrétiennes dans toutes les sphères de l’existence; peur du Malin.

Il y a toujours une surprise, un étonnement à lire les réactions et les motivations des protagonistes. Je dirais même qu’il y a là une forme de suspens. Chaque question est extraordinaire, et chaque réponse à la fois surprenante et instructive. Aussi, la grande question intime est de savoir à quel point chaque personnage se sent coupable, et est-ce qu’il accèdera finalement au paradis chrétien ?

De plus, la fin de l’époque médiévale présentée est fascinante. L’Angleterre est encore chrétienne catholique et chrétienne (la Réforme protestante n’a pas encore eu lieu). La société est féodale et chacun est le serviteur ou le vassal d’un autre. Les Anglais sont comme d’habitude en guerre contre les Français. Du reste, le récit fragmentaire de la bataille de Crécy deux ans plus tôt à travers les yeux d’un archer anglais est saisissant de vérité. Le lecteur suit les volées de flèches anglaises et constate le massacre des chevaliers français bien peu organisés, très beaux dans le soleil, et très morts le soir.

Aussi, la quête de l’amour vrai et de la liberté de la noble Bernardine fait de celle-ci le personnage le plus courageux, celui qui va le plus changer aux cours de l’histoire. De la jeune fille lectrice passionnée par «Le Roman de la Rose», promise à un mariage arrangé par son père avec un vieux barbon, elle va devenir une femme lucide et bien trop indépendante pour son époque. Enfin, le porcher qui se sent Hab un jour et sa sœur Madlen le lendemain est des plus modernes, des plus révolutionnaires. Il transgresse de manière jubilatoire tous les codes de l’époque.

Et pour conclure, la langue est un véritable feu d’artifice. (Il faut saluer au passage le remarquable travail de traduction de David Fauquemberg). L’auteur ne pastiche pas une langue anglaise médiévale mais invente la sienne, inédite, en tortillant quelque peu la syntaxe, en usant de mots vieillis, en malmenant parfois le latin et en citant des prières. Et parfois des chansons. Juste pour le plaisir des mots, ce livre est un trésor. Dans le Temps ordinaire de la liturgie chrétienne, il se passe en ce voyage épique vers Calais des événements extraordinaires!


Citation très utile en temps de pandémie… (page 343):

« Il y a parmi eux un gaillard, Buisse, celui qui transporte les corps et les met en terre, et que chacun tenait pour un gueux malfaisant. Il fut l’un des premiers infectés, et le voilà de nouveau sain. Nul ne saura jamais ce qui motive les choix du Tout-Puissant. Chacun devrait assister à la messe et prier ses chapelets, allumer des cierges, demeurer sec et frais, boire les simples qu’il faut, répandre de l’eau bénite sur le seuil de sa maison, se garder du vent du sud, mais en dernier ressort, tout repose sur la providence. »


J'ai lu cet excellent roman pour le journal 20 Minutes qui a publié cette critique ce 31 janvier 2022
https://www.20minutes.fr/arts-stars/livres/3208639-20220131-vers-calais-temps-ordinaire-james-meek-sort-peste-noire-manuels-histoire?fbclid=IwAR3ico9EFRYx9W6aDsGGeUwTCwSZsdovLkhm4Nh3nkb2fqR4nS-47VSmFuE 


lundi 24 janvier 2022

«Rue Félix-Faure», de Ken Bugul

Lu: «Rue Félix-Faure», de Ken Bugul, éd. Serpent à plumes, collection l'Ecdysiaste

Le roman commence dans la rue Félix-Faure où le corps d’un gros lépreux découpé en morceaux gît au petit matin. Le roman commence dans la rue Félix-Faure et le soleil refuse de se lever sur ce spectacle, car ce n’est pas un crime, ce corps découpé en morceaux est un spectacle, une histoire à raconter. Après la présentation des habitués de la rue, l’action va se concentrer sur la vie des personnages et le lecteur va découvrir peu à peu de bonnes et terribles raisons pour vouloir découper une masse d’ombres lépreuses en petits morceaux.

Très très beau roman qui dénonce les faux dévots et leurs ravages parmi les croyants, les victimes de bonne volonté, et surtout les femmes. Je me suis laissé emporter par le rythme lent et incantatoire des premières pages pour terminer absolument accroché par les récits. L’enquête policière ne commence que vers la fin du livre, et elle ne dure pas longtemps. Même si nous avons un crime et un ersatz d’enquête, le suspens est bien là. Ce roman met entre autres en évidence les ressorts de la manipulation des femmes par des hommes pervers narcissiques.

J’ai enfin pensé à un excellent roman d’Agatha Christie: «Le Crime de l’Orient Express.»
(Je me suis demandé comment, depuis toutes ces années de lecture, j’avais pu passer à côté d’une auteure de cette qualité. Oh, j’avais bien lu des articles sur ses œuvres, des articles, mais pas ses romans. C’est peut-être parce que ses livres sont hélas difficilement trouvables en librairie.)



samedi 22 janvier 2022

Photographies de Jacques Stephen Alexis (1922-1961)

 Photographies de Jacques Stephen Alexis (1922-1961)


source: consultée le 22 janvier 2022
https://letempslitteraire.com/2020/04/22/lettre-de-jacques-stephen-alexis-a-sa-fille-florence/ 

Jacques, Françoise et Florence Alexis
Source : archives familiales du fonds Jacques Stephen Alexis






11 janvier 1946 : Jacques Stephen Alexis, Georges Beaufils, Gérald Bloncourt, Théodore Baker et Gérard Chenet (source : Île en Île).




Jacques-Stephen Alexis en 1961
D.R. © photo des archives de Gérald Bloncourt



Portrait du romancier Jacques Stéphen Alexis à Port-au-Prince (Haïti) en 1945
Florence Alexis - Travail personnel



Photo : @CIDHICA





Photo : @CIDHICA ???





Collection CIDIHCA - Jacques Stephen Alexis (1960) : "retour de Moscou et arrivée à La Havane avant de débarquer en Haïti'




source de la photo inconnue






Alexis avec Mao Tsé-toung à Pékin en 1961
D.R. © photo des archives de Gérald Bloncourt



7 décembre 1945
(Photo de Jacques Stephen Alexis, sur le site de Michel Séonnet)





" Gérald Bloncourt, Jacques Stephen Alexis , and René Depestre, with friends. In Unité, vol. 2, no. 9"
(Au centre Gérald Bloncourt, à sa droite Jacques S. Alexis, et à sa gauche René Depestre, il me semble) 





Aimé Césaire, Jacques Stephen Alexis et Richard Wright, lors du 1er congrès des écrivains et artistes noirs, tenu à Paris en Sorbonne du 19 au 22 septembre 1956.
Source de la photo : https://balistrad.com/hommage-a-jacques-stephen-alexis.../ 




Il me semble qu'il est assis à gauche de Senghor (3e à partir de la droite, de profil) 
Premier Congrès des écrivains et artistes noirs, tenu à la Sorbonne, en septembre 1956.
Source de la photo : Cidihca Montreal 




Opening Ceremony in the Amphithéâtre Descartes, Jacques Rabemananjara, Richard Wright, Alioune Diop (standing), Dr. Jean Price-Mars, Paul Hazoume, Aime Cesaire, Emile Saint-Lot, Jacques Alexis, Paris, 1956, Roger-Viollet Collection
cf. http://dubois-paris2006.fas.harvard.edu/biographies_fr...


dimanche 16 janvier 2022

«Friday Black», de Nana Kwame Adjei-Brenyah



Lu le recueil de nouvelles: «Friday Black», de Nana Kwame Adjei-Brenyah (Traduit par Stéphane Roques), éd. Albin Michel

L’auteur s’interroge sur la notion de justice, et les réponses donnent froid dans le dos. Si la vie n’est guère gratifiante, il demande aux morts ce qu’ils en pensent et là, c’est buffet gratuit jusqu’à plus faim. Vraiment, puisque la réalité quotidienne ne tourne pas rond, autant aller voir dans d’autres mondes à quoi nous ressemblons. L’avantage de la torsion du réel est de mettre en évidence nos motivations premières, nos non-dits, notre inconscient pas reluisant pour deux sous. C’est une pauvre humanité que nous présente l’auteur, victime d’elle-même. Ces nouvelles sont très originales, surprenantes, dépaysantes et dérangeantes. Beaucoup aimé.