Ma citation préférée :
« Durant les années 1960-1970, le monde s’effondrait sous tes yeux, nous dis-tu d’emblée. Tu l’entendais bien alors, ce craquèlement quotidien. Tu te souviens aussi nettement du sentiment que tu t’éloignais chaque jour un peu plus de la sortie du tunnel. Tu empruntais même le sens contraire et, tu le savais, ta jeunesse serait perdue pour de bon si aucune action concrète ne venait remettre le train sur ses rails. Les conséquences de cet activisme, poursuis-tu, sont manifestes, elles ont changé le cours de ce que tu estimes être notre destin commun. »
Pourquoi ce livre ? Parce que l’auteur dresse un portrait sensible et personnel d’un personnage essentiel de l’histoire de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Le 8 mai 2014, Angela Davis donne une conférence à UCLA, où il enseigne. Lorsqu’il était enfant au Congo, l’autobiographie de cette militante trônait fièrement dans la bibliothèque familiale. Aujourd’hui, Alain Mabanckou rencontre enfin cette figure mythique. Passé et présent se bousculent dans sa tête où défilent souvenirs personnels et histoire de la lutte contre le racisme au fil des siècles, aux États-Unis et sur d’autres continents.
Parce que le lecteur découvre des détails essentiels non seulement sur la vie extraordinairement courageuse de cette militante mais aussi sur l’histoire de la ségrégation et la discrimination. L’auteur, avec finesse et clarté évoque les différents mouvements qui se côtoyaient, s’opposaient ou se rejoignaient pour la justice et l’égalité. « Le Black Power… était le terme générique englobant la plupart des initiatives collectives du monde noir. » Les Black Panthers, les Black Muslims, Martin Luther King, Malcom X, tous avaient leur idéologie propre pour en arriver à leur fin.
Parce que comment ne pas évoquer aussi l’exode des écrivains de la Harlem Renaissance vers l’Europe, et les injustices, les meurtres non punis par l’État de tant et tant de Noirs aux cours de l’histoire ? Les immondes lois Jim Crow, le Ku Klux Klan et ses dynamitages impunis de maison de la population afro-américaine à Birmingham ? Cette note surprenante des « autorités américaines (qui) demandent à la France d’appliquer une politique ségrégationniste à l’égard des soldats noirs envoyés en Europe pour la Grande Guerre » ? Et les assassinats de Noirs par les policiers, encore aujourd’hui ?
Parce que c’est un très bel essai, très personnel, très bien écrit, qui passe par la conférence d’Angela Davis pour englober la jeunesse de l’auteur dans l’Afrique des dictatures, jusqu’aux premières manifestations du racisme. Après la merveilleuse « Lettre à Jimmy » de 2007 qui nous fait mieux comprendre la pensée et la portée essentielle de James Baldwin, cet hommage à Angela Davis est éblouissant ! Alain Mabanckou sait vraiment comment nous émouvoir en évoquant la vie des intellectuels qui ont marqué l’histoire.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. À travers la vie de militantisme d’Angela Davis, c’est un pan de l’histoire de la lutte pour les droits civiques qui se révèle.
Les personnages. Angela Davis, et autres figures marquantes de l’histoire, acteurs et victimes.
Les lieux. États-Unis ; Congo ; Europe
L’époque. 2014, le passé et l’époque actuelle
L’auteur. Alain Mabanckou est né en 1966 en République du Congo. Il est écrivain et professeur à l’Université de Californie à Los Angeles. Il remporte en 2006 le prix Renaudot pour son roman « Mémoires de porc-épic ».
Ce livre a été aussitôt reçu, aussitôt lu. Passionnant !
https://www.20minutes.fr/arts-stars/livres/4103944-20240803-lu-femme-regarde-angela-davis-vue-alain-mabanckou
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