16 août 2024: « Jacaranda » de Gaël Faye, éditions Grasset
Ma citation préférée :
« J’observais les gamins s’amuser comme on se venge de tout - des enfances gâchées, des bagarres de rue, des coups de couteau et de machette, des nuits à dormir dehors, des overdoses de colle à sniffer, des familles décimées, de la misère crasse, de l’alcool frelaté, des viols, des maladies, de l’indifférence ou de la pitié des honnêtes gens. Ce soir-là, les enfants se tressaient des lauriers, chantaient leurs propres louanges, étaient princes et princesses en leur Palais. Toute leur énergie tendue vers la simple joie d’être en vie.» »
Pourquoi ce livre?Parce que le lecteur suit la quête de Milan qui vit à Versailles. Faute de connaître l’histoire familiale de sa mère Tutsie qui refuse de raconter, il va aller au Rwanda à plusieurs reprises afin de se trouver. Les différents moments de sa vie au pays de sa mère vont se révéler de plus en plus dramatiques. Plus il découvrira les lourds secrets des gens autour de lui et plus il aura envie de comprendre. Ce roman est à la fois celui d’une quête d’identité personnelle et le constat saisissant d’une société malade d’un génocide, qui cherche des moyens pour guérir.
Parce que l’auteur évoque entre autres les audiences des tribunaux gacaca où victimes et bourreaux se faisaient face afin que justice se fasse. Des moments intenses pour que victimes et bourreaux puissent ensuite continuer à vivre dans un même pays. Cet effort de réconciliation des est le prix à payer pour arriver à une certaine paix sociale, sans pour cela éteindre complètement des désirs de vengeance, ni consoler complètement les survivants, ni effacer la culpabilité de certains. Plus le roman avance et plus le lecteur découvre la complexité de vivre dans un pays après un génocide.
Parce que l’auteur ose aller au bout des témoignages des victimes, qui sont insoutenables, mais aussi des bourreaux, dont certains révèlent l’emplacement des fosses où ont été jetés enfants, parents et grands-parents. Il faut vraiment du courage pour écrire un tel roman car les massacres de 1994, qui ont été précédés par d’autres massacres de Tutsis, ne sont pas si éloignés du présent, et ce roman aura des échos douloureux chez bons nombres de lecteurs. La fiction ici éclaire vraiment la réalité.
Parce que c’est un roman qui nous concerne toutes et tous car il montre sans équivoque les terribles conséquences de discours racistes, et l’on se souviendra que l’Europe, il n’y a pas si longtemps, a aussi vécu un génocide.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Milan, de père français et de mère rwandaise, va séjourner plusieurs fois au Rwanda afin de découvrir la vérité sur sa famille maternelle. Mais ce qu’il va découvrir est l’histoire d’un pays traumatisé par un génocide.
Les personnages. Milan, fils de parents d’origines différentes; les parents de Milan; Claude, oncle de Milan, rescapé du génocide; Sartre, grand lecteur à Kigali; Stella, fille de Tante Eusébie.
Les lieux. Versailles; Kigali, au Rwanda.
L’époque. De 1998 à 2020.
L’auteur. Auteur compositeur interprète, Gaël Faye est l’auteur du premier roman phénomène Petit pays (Grasset 2016, prix Goncourt des lycéens) ainsi que de plusieurs albums. Il était la Révélation scène de l’année des Victoires de la musique 2018.
Ce livre a été lu avec empathie pour la quête de Milan qui désire découvrir le côté maternel tout en me doutant bien que le silence de sa mère résulte d’un traumatisme. Ensuite, c’est bouleversant. Pas d’autre mot. Bouleversant.
https://www.20minutes.fr/arts-stars/livres/4102271-20240816-lu-jacaranda-gael-faye-quete-sens-rwanda-apres-genocide
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