dimanche 13 avril 2025

« Le harem du roi », de Djaïli Amadou Amal, éditions Emmanuelle Collas, ma critique pour le quotidien 20 Minutes (France)

19 août 2024: « Le harem du roi », de Djaïli Amadou Amal, éditions Emmanuelle Collas




Ma citation préférée :

« En réalité, notre société peut être impitoyable envers les femmes ! Peu importe ce qu’on fait, on est jugé sans cesse ! Pour la plupart, on finit par céder et vivre uniquement par rapport au regard d’autrui. Parce que je ne suis pas mariée, je suis immédiatement cataloguée au rang de mauvaise personne. Mauvaise fille, mauvaise femme, la honte de ses parents ! Je travaille mais, si je m’achète une nouvelle voiture ou que je voyage, c’est un homme qui m’a probablement tout offert ! J’ai une promotion, c’est juste parce que j’ai dû coucher avec mon patron ! Ce n’est jamais mon seul mérite, le fruit de mes efforts ! » »

Pourquoi ce livre ?Parce que ce roman nous transporte dans un lieu interdit, un lamidat ou chefferie traditionnelle musulmane. Nous découvrons à travers la vie de Seini, ancien médecin élu chef ou lamido, et à travers les yeux de son épouse, la hiérarchie implacable qui sévit en ce lieu traditionnel, où chacun doit agir en fonction de sa position sociale soumise à une très longue tradition. En effet, « le lamido est le commandeur des croyants de toute la localité, le garant des traditions et de la religion ». Et sa position impose qu’il peut ou doit avoir des épouses et concubines, et des esclaves.

Parce que nous découvrons des secrets d’alcôve, c’est-à-dire les mille et une rivalités, jalousies et bisbilles qui existent dans le harem entre les concubines, les jeux de pouvoir. Qui va être la préférée ? Qui va être appelée le plus souvent dans la chambre du lamido ? Qui va obtenir le privilège de résider au plus près des appartements du lamido ? Qui est heureuse, amoureuse, laquelle a encore des rêves ?

Parce que le personnage de Boussoura, l’épouse de Seini, incarne la modernité. Elle est éduquée et enseignante. Elle travaille donc, conduit sa propre voiture. Cependant, lorsqu’elle est invitée à vivre au palais du lamidat après l’élection de son mari, elle se heurte aux traditions séculaires et doit abandonner son ancien mode de vie. Et elle découvre scandalisée la vie terrible des femmes prisonnières un peu comme elle des traditions, et de l’autorité sans partage des hommes.

Parce que l’autrice dresse le portrait d’un monde qui semble si éloigné de nous, que l’on croyait révolu, et qui montre les femmes vraiment coincées, écrasées entre l’autorité de leur famille, leur époux, leur roi et la religion.

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. La vie du médecin Seini est chamboulée quand il est élu roi du lamidat. Son épouse hésite longuement à le suivre au palais, ce qui signifierait abandonner son ancien mode de vie.

Les personnages. Seini, médecin élu roi, et Boussoura, professeure de littérature ; les différentes concubines du palais

Les lieux. Yaoundé, Cameroun.

L’époque. Aujourd’hui.

L’auteur. Djaïli Amadou Amal et née en 1975 au Cameroun. Elle est une militante féministe et romancière. Son roman intitulé « Les Impatientes », qui a connu un immense succès, fut couronné du Goncourt des lecteurs de 20 Minutes et du Goncourt des Lycéens en 2020.

Ce livre a été lu en me demandant, tout au long du roman, si ce monde existait vraiment tant il me semblait anachronique et si cruel pour les femmes.

https://www.20minutes.fr/arts-stars/livres/4103621-20240819-lu-harem-roi-nouveau-roman-cruel-femmes-djaili-amadou-amal 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire