Ma citation préférée :
« « Tu m’expliqueras comment on pourra encore se supporter, si on devient immortel, reprit-il. Tout doit disparaître, pour prendre sa pleine valeur. Tu ne t’es jamais demandé pourquoi les dieux de l’Olympe se détestaient tant, alors qu’ils sont de la même famille ? Comment peux-tu accepter un père obsédé par le sexe si tu n’as aucune chance de le voir mourir ? Un mari laid et boiteux, enchaîné à toi jusqu’à la fin des temps ? Une fille tellement sûre de sa beauté qu’elle est constamment à poil ? S’ils ne connaissaient pas l’amour, c’est parce qu’il ne connaissait pas la mort. » »
Pourquoi ce livre ?Parce qu’Adrien incarne le désir du tout technologique. Pour lui, l’avenir est dans le numérique. Toutes les sphères de la société doivent se laisser envahir pour leur bien par la réalité virtuelle. Il pousse l’idée jusqu’à espérer numériser son esprit afin de devenir immortel, d’effacer le temps. Ce désir transhumaniste est poussé à l’excès. Adrien utilise au maximum les possibilités du numérique dans sa vie quotidienne, et sa fille Zoé préfère bien sûr ses amis virtuels. Elle préfère même parler avec l’avatar de sa mère qu’avec sa mère réelle.
Parce que ce roman est une critique féroce d’un avenir possible car Adrien, même s’il incarne un personnage qui a perdu de vue des valeurs simples comme l’amitié ou l’amour nés d’une vraie rencontre, la solidarité, le bien commun, Adrien existe déjà autour de nous, et un peu en nous. Bien sûr il est excessif, mais il est capable de convaincre son épouse Céline qu’un bon programme informatique est capable d’apporter le bonheur, de nous bouleverser, de devenir indispensable.
Parce que c’est également la critique d’un capitalisme libéral à outrance. Adrien est fils de riches, et très riche lui-même grâce à ses activités d’opérateur de marchés ou de prédateur de start-up. Il ne parle qu’en termes de profit, et de profit personnel, s’entend. Malheur aux pauvres. Cependant, Céline a un ami d’enfance, Pierre, qui est l’opposé d’Adrien. Il vit sur une péniche, marche pour se déplacer à Paris, n’a pas de téléphone et privilégie les contacts humains. Céline, influencée par son époux, pense que Pierre est « improductif et sans ambition ».
Parce que le tiraillement de Céline entre ses valeurs de bourgeoise méprisante acquises auprès de son mari et celles humanistes, voire hippies de Pierre le bohème donne des dialogues savoureux. Céline passe son temps à condamner Pierre mais elle sent au fond d’elle qu’il a raison. Son tourment met en relief nos propres contradictions entre nos désirs et la réalité, virtuelle ou non. Une fable cornélienne.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Adrien et Céline vivent heureux dans leur monde envahi par la réalité virtuelle quand un vieil ami de Madame refait surface : Pierre…
Les personnages. Adrien, époux riche de Céline ex-gauchiste et réalisatrice d’émission. Zoé, leur fille, limite hypocondriaque. Pierre, ami de Céline.
Les lieux. Paris.
L’époque. Présent, futur proche.
L’auteur. Née en 1980, d’origine guadeloupéenne et normande, Jennifer Richard est Franco-américaine et vit à Berlin. Elle a publié sept romans.
Ce livre a été lu amusé et terrifié par le monde décrit dans ce roman car je sens qu’il est fort probablement prophétique.
https://www.20minutes.fr/arts-stars/livres/4102930-20240910-lu-vie-infinie-tellement-proche-jennifer-richard
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