mercredi 13 août 2014

Un monde mort comme la lune, de Michel Jean

Michel Jean

Jean-Nicholas Legendre, un journaliste québécois part en Haïti afin de réaliser un reportage sur le trafic de drogue. Il a la ferme intention d’illustrer par des images et quelques entrevues les liens étroits entre les producteurs colombiens, la pègre haïtienne à la solde du président Jean-Bertrand Aristide et le Canada. En passant par Haïti, la drogue colombienne évite ainsi les contrôles policiers exercés aux frontières des États-Unis.
Le reportage se déroule comme une enquête policière menée dans le pire des bidonvilles, c’est-à-dire à Cité-Soleil où règne un chef de bande particulièrement violent : Sammy. À trop se rapprocher du monde du crime, forcément, le journaliste va finir par se brûler.  La suite du roman déroule les conséquences plutôt logiques, bien qu’extraordinaires, de la diffusion du reportage pour le moins explosif. Haïti est bien une plaque tournante du trafic de drogue et l’identité de quelques responsables (Sammy, le président Aristide, le pilote québécois de l’avion de transport) est révélée. Jean-Nicholas Legendre en a-t-il trop dit? A-t-il trop montré? Son statut de journaliste le protègera-t-il?
C’est un roman noir, qui, partant d’une situation dangereuse, tourne au cauchemar. Le langage précis décrit une réalité plausible. Le lecteur croit aux événements car les éléments de réels ne laissent planer aucune ambiguïté.  L’auteur sait écrire et mener une intrigue tambour battant.
L’image d’Haïti est noire mais comment procéder différemment, n’est-ce pas? Drogue, violence, assassinat, corruption, enlèvement, disparition, exil forcé, prostitution, pauvreté, saleté et misère dressent un paysage dans lequel les personnages ont peu d’espoir de rédemption. Et pourtant. Le vaudou dans tout ça? Un mystère total à peine esquissé.
Si ce tableau sans espoir n’est hélas en rien original, l’évolution du journaliste, elle, est singulière. Le roman met en relief les dangers d’un métier, aussi bien sur le plan professionnel que psychologique. Jusqu’où, semble crier Jean-Nicholas, ne pas aller trop loin? Journaliste semble ici une activité qui tutoie les limites. Qui fréquente des frontières minées. Comment ne pas sombrer quand on cherche dans les bas-fonds de la société la vérité? Celle qui dérange.
L’auteur est journaliste et comme tout policier qui se respecte, il sait mener l’enquête. Son livre est un véritable polar dans une langue ma foi un tantinet trop… policée mais percutante à souhait.
Alain Raimbault
Michel Jean Un monde mort comme la lune, roman éd. 10sur10, 2014

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dimanche 27 juillet 2014

Retrouvez-moi au Barfly

Le Barfly

et sur fb

J'y publierai des poèmes comme...


Matin du dehors
quand la glace en deuil
salope les restes de nuit gisant ferme
princes de l’arctique naufragés sans
nacelle
Ça dérive en masse
avalés corps démembrés par
ces métros de campagnes
qui jurent en maudit contre
la méchante race infiltrée
d’une pensée de gestes
Des mots sphériques
volent la vedette aux crânes en goguette
Tout pue en silence comme si on voulait se
désincarcérer de cet autre qui
danse dans la boîte écervelée
Ça roule en douce comme un secret
à la rencontre
Ça s’évertue à étouffer douze passacailles
démembrées
Je descends mordu grave par
la minute du dedans
Ça ira
Ça va toujours
Y a pas le choix
Pas le choix
                                            

Tim Lobster, 27 juillet 2014

Oui, Tim Lobster, c'est mon nom de plume, le homard plumé...










jeudi 17 juillet 2014

Géo tourisme Montréal 2014

http://geotourismag.com/fr/evenements/item/603-le-mois-de-l-archeologie

https://www.facebook.com/magazinemontrealgeotourisme?fref=ts

Je participe à la revue Géotourisme. Voici le petit article que j'ai rédigé pour le magazine 2014. J'ai aussi quelques photos sur la page facebook du magazine.

Août est le mois de l'archéologie partout au Québec. C'est l'occasion de découvrir seul ou en famille la richesse d'un patrimoine souvent ignoré.
Il existe 9 000 sites archéologiques dans la province, dont 125 sur la seule île de Montréal. 
Plusieurs musées vous ouvrent tout grand leur porte comme celui d'archéologie et d'histoire de Montréal, à Pointe-à-Callière, dans le Vieux Port. On traverse les siècles en ce lieu unique, depuis la présence amérindienne au 14e siècle jusqu'à aujourd'hui en passant par l'époque de la colonisation française ou par l'expansion de la ville au 19e siècle.
Une occasion rêvée pour se pencher sur les mystères de notre histoire et de la ville.  

Idées de génie Radio

Merci à Christine Brouillette !
Chronique sur Des idées de génie, avec Marie-Neige... Vers 16 minutes
11 juillet 2014

La jeune lectrice Radio

Merci à Sarah Brideau !!!

http://ici.radio-canada.ca/emissions/le_reveil_nouveau-brunswick/2013-2014/archives.asp?date=2014-07-14

     14 juillet 2014

9 h 39
Chronique livres : Les suggestions de Sarah Brideau de la Librairie Folio

Pont Champlain

http://journalmetro.com/opinions/courrier-des-lecteurs/526073/courrier-des-lecteurs-du-17-juillet-2014/

Pont Champlain

L’ancien pont Champlain

Le gouvernement fédéral va construire un nouveau pont Champlain, que j’espère sans péage, mais que va devenir l’ancien? Les projets semblent annoncer sa destruction en 2018. Pourquoi ne pas demander à la population taxable et corvéable à merci son opinion?
Pourquoi ne pas le conserver comme un monument historique? Pourquoi ne pas le transformer en terrain d’exposition? Pourquoi ne pas l’utiliser à des fins culturelles?
Personnellement, je le transformerais en espace vert rempli d’arbres, de fleurs et de fontaines. On s’y promènerait en été. On pourrait même s’y baigner.
On y cueillerait les pommes en automne et, en hiver, on y pratiquerait le ski de fond et le patinage. Un dernier détail : tout véhicule à moteur y serait strictement interdit.
Alain Raimbault, Longueuil

Merci au journal Métro de Montréal

mercredi 18 juin 2014

Critique Idées de génie Tome 1

Jolie critique dans La Presse +  du 16 juin 2014 de notre championne d'expo-sciences Marie-Neige, écrite par Marie Fradette:

Championne d'expo-sciences ? #01 - ALAIN RAIMBAULT - JACQUES GOLDSTYN

LE ROMAN EN QUATRE TEMPS

Alors qu’Hélène Vachon nous invite dans l’univers de la famille Doddridge, qu’Alain Raimbault présente sa nouvelle héroïne et que Marie-Frédérique Laberge-Milot nous convie à la campagne, Leon Leyson nous plonge dans un tout autre univers, très loin des légèretés de l’été.


lundi 16 juin 2014

Festival Euréka 15 juin 2014

Festival Euréka

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/511564/festival-eureka-dans-le-vieux-port/

Photo prises dans le Vieux Port de Montréal



Le Festival Eurêka!, un événement qui fait la promotion de la science, se déroulait dans le Vieux-Port de Montréal les 13-14-15 juin. 







jeudi 12 juin 2014

FIMA photo

 Hier vendredi 11 juin 2014 avant la pluie, sur Sainte-Catherine, dans Le Village

Merci au  Journal Métro de Montréal pour la publication de ma photo

FIMA

lundi 2 juin 2014

Festival de la Bande Dessinée à Montréal FBDM 2014

J'ai eu le plaisir d'aller au FDBM vendredi 30 mai 2014 au Parc Lafontaine. J'ai rencontré des auteurs Algériens.

Le journal métro de Montréal me publie une photo sur son site:

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/504016/festival-de-bd-de-montreal/



mercredi 28 mai 2014

Contre le FN

http://journalmetro.com/opinions/courrier-des-lecteurs/501921/courrier-des-lecteurs-du-28-mai-2014/

Merci au Journal Métro de Montréal pour m'avoir publié aujourd'hui ce texte dans le courrier des lecteurs: 

Bien vivre ensemble

Première page de mon quotidien gratuit lundi : Mme Le Pen, d’extrême droite, tout sourire. Eh oui, le Front national, parti politique d’extrême droite, termine en première position aux élections européennes en France. Ça fait mal lorsqu’on ne partage pas ses visées.

C’est un parti qui dit non à l’Europe, non à l’immigration, donc non aux immigrants, non à la démocratie, car il veut gouverner avec des référendums (dans un référendum, on pose la question qu’on veut au peuple), on ferme les frontières, on renvoie Dieu sait où les non-Français, tout le monde est catholique, Jeanne-d’Arc la royaliste remplace Marianne la républicaine, et malheur aux autres.

Le FN a recueilli 25 % du vote exprimé! Heureusement que 75 % n’ont pas voté pour ces idées-là.

Aussi, je suis heureux de ne pas entendre des idées aussi radicales et racistes au Québec en particulier, et au Canada en général. Aucun parti politique n’exprime un tel rejet de l’autre.

Lorsqu’un pays traverse une crise économique, il se referme sur lui-même et accuse l’autre d’être responsable de son malheur. Le Québec ne semble pas en crise économique, même si certains secteurs de l’économie sont plus fragiles que d’autres.

J’ai l’impression que malgré l’incessante guéguerre francophone-anglophone, Québec-Canada, charte-pas charte, on réussit plutôt bien à vivre ensemble, ici. Il est certes plus difficile de s’intégrer à la société québécoise quand on ne vient pas de France, de Belgique ou de Suisse romande, mais il y a me semble-t-il un bien vivre ensemble au Québec et au Canada. Je ne vois pas de parti politique qui promeut systématiquement l’exclusion. Je désirais le souligner et dire que je m’en réjouis. Est-ce que je me trompe?

Alain Raimbault, Longueuil

jeudi 22 mai 2014

Tonton Clarinette, de Nick Stone.

http://parolenarchipel.com/2014/05/22/nick-stone-tonton-clarinette/

Nick Stone : Tonton Clarinette

Ce premier roman d’un auteur né de père anglais et d’une mère d’origine haïtienne a reçu bien des prix littéraires, et l’on comprend très vite pourquoi. Ce polar en est un du début à la fin. Le crime est annoncé à la première ligne, page 13. «Dix millions de dollars s’il accomplissait un miracle et ramenait le gamin sain et sauf…»
514INRZR8eL._Huit lignes plus bas, le personnage de l’enquêteur est présenté. « Max Mingus était un ex-flic recyclé détective privé. » Le décor est planté. Un ex-policier en prison aux États-Unis est contacté par un homme à la tête d’une grande fortune en Haïti afin qu’il retrouve son enfant kidnappé il y a quelques années. Le lecteur, maintenu en état de curiosité permanente, parfois en état de voyeur quand les événements se corsent, découvre la vérité en même temps que Max Mingus. Il n’en sait ni plus ni moins. De plus, deux histoires se chevauchent parfaitement. Il y a celle de l’enquête, vécue chronologiquement par l’enquêteur, et la reconstitution fragmentaire de l’enlèvement de l’enfant le 4 septembre 1994 et des jours qui l’ont précédée.
Lorsque Max sort de prison, après moult hésitations, il accepte d’enquêter en Haïti où il n’a jamais mis les pieds et où se cache un ex-taulard qui a juré sa mort : Solomon Boukman dont la description à la page 61 donne froid dans le dos. Max ne parle ni créole, ni français. Enfin, il apprend que l’enquête menée précédemment par deux autres détectives a échoué chaque fois, laissant ces mêmes détectives en piteux état. Accepte-t-il ce défi seulement pour l’argent? Non, bien sûr. Sa femme, Sandra, à qui il arrive malheur en début de roman, est haïtienne. Aller en Haïti, c’est un peu aller à la recherche de cet amour perdu. Mais notre homme n’est plus un sentimental. La preuve, page 165. « Il (Max) était soupe au lait. Il agissait de manière impulsive. Il se laissait emporter et, oui, cela avait parfois altéré son jugement. Mais ça, c’était avant, quand il se souciait encore des gens et des choses, avant qu’il se mette à dos son propre système.»  Il mène l’enquête à sa façon, en s’alliant avec le mal incarné à la tête d’un bidonville, l’effroyable Vincent Paul, Le Roi de Cité Soleil. Balloté dans tous les sens, manipulé, menacé, Max découvre des vérités qu’il n’aurait jamais dû découvrir, bien sûr, et la fin surprenante et magistrale révèle que le coupable n’est pas qui l’on croit. Du point de vue du lecteur qui s’attend à lire un roman noir, exotique peut-être, haletant, violent, cruel, où la morale est chahutée, le contrat est rempli.
Comme Max Mingus est employé par une puissante famille haïtienne, il découvre l’alliance inconditionnelle qui existe entre les riches familles qui détiennent le pouvoir économique et le pouvoir politique. Dans ce monde de corruption absolue, où la raison (justice ?) du plus fort est toujours la meilleure (pour le plus fort, s’entend), c’est le plus riche, le plus violent, le plus amoral qui gagne et qui reste au pouvoir. Soit le perdant est écrasé, soit il se rebelle en employant les mêmes armes que son tortionnaire. La question que pose le roman est donc: peut-on reprocher à la victime de se défendre ainsi?
La situation politique proprement dite n’est guère plus réjouissante. Haïti est encore une fois occupée par les américains surarmés qui protègent le président Préval, page 242, « …simple bouche-trou d’Aristide, chargé de chauffer la place pour son boss jusqu’à son retour programmé. La démocratie était encore très élastique, dans ce pays. »
Et le vaudou dans tout ça? La touche exotique? Max doit l’affronter. Il participe incrédule à une séance de magie noire, interroge un boko, assiste à une cérémonie vaudou dans un hounfo duquel il peine à s’extraire, page 437 : « … il plongea dans la foule et se fraya un chemin à coups de pieds, de coudes et d’épaules, jusqu’à ce qu’ils soient (lui en son guide Chantale) enfin sortis du temple. » Page 393, il rencontre un Iwa ou « suppôt de  Satan » au Saut d’Eau, cascade sacrée entourée de mapous dont les « … racines étaient censées servir aux dieux loa de passage d’un monde à l’autre… » (page 386). Max Mingus ne croit pas au vaudou. Il ne cherche que des éléments rationnels pour alimenter son enquête. Selon lui, la logique doit triompher.
Les auteurs de polar quittent parfois le genre policier pour passer en littérature générale, parfois en restant chez leur éditeur. Ce roman de 679 pages pourrait paraître un peu long mais la qualité des descriptions des lieux traversés par Max Mingus mérite toute l’attention du lecteur. En fonction des détails donnés sur un lieu ou pour un personnage, l’inspecteur tire des conclusions qui alimentent son enquête. Les détails en disent beaucoup plus long que les dialogues ou que l’action elle-même. Les détails sont l’action! Les deux cents premières pages tracent le portrait d’un policier en prison et juste ce début donnerait en soi un très beau livre.
Pour terminer, le titre. Qui est donc ce Tonton Clarinette? Pour le découvrir, il suffit de se laisser porter par la musique, très loin de l’improvisation. Une pièce d’anthologie!
Alain Raimbault
Nick Stone : Tonton Clarinette, éd. Folio policier, Gallimard, 2010 (titre original : MR Clarinet, traduit de l’anglais par Marie Ploux et Catherine Cheval)

mercredi 14 mai 2014

Haïti ! Haïti ! Gary Klang et Anthony Phelps

Anthony Phelps, Gary Klang : Haïti! Haïti! Éditions Libre Expression, 1985

/http://parolenarchipel.com/2014/05/14/haiti-haiti-un-roman-danthony-phelps-et-de-gary-klang-ecrit-a-deux-mains/


anthony

Difficile de classer ce roman dans le genre policier ou dans celui du thriller même si certains éléments en font bien partie. Il y a le crime comme point de départ : un massacre d’innocents par les tontons macoutes cagoulés dans la ville de Jérémie. La date n’est pas donnée mais fait très certainement référence aux massacres de populations civiles ordonnées par le dictateur François Duvalier en été 1964 en représailles à une tentative de renversement de son régime.
Il existe bien une quête : Philippe Rivière, un justicier plutôt solitaire, aidé clandestinement par un mouvement d’opposition, se fait passer pour un journaliste. Il mène l’enquête afin de découvrir les commanditaires, le mobile, et surtout le nom des auteurs de ces crimes car parmi les victimes se trouve son cousin qu’il chérissait comme un frère. La justice que désire infliger Rivière s’appelle purement et simplement de la vengeance. Actions, meurtres, milieu urbain, nuit, sexe et enquête sont au rendez-vous.
Pour ce qui concerne l’intrigue, un homme très athlétique, champion de karaté va passer en Haïti afin de venger l’assassinat de son cousin et d’aider par la même occasion un groupe de révolutionnaires à renverser le régime dictatorial et sanguinaire du président Faustin.
booksCe roman politique porté par une langue vive, claire et précise fait tout de suite penser à Castro qui a renversé Batista par les armes en 1959. Le lecteur pense aussi aux romans latino-américains comme à ceux de Miguel Àngel Asturias, de Gabriel García Márquez ou à la poésie de Pablo Neruda car Haïti est en Amérique. Lorsque Dany Laferrière affirme qu’il est un auteur américain, il met en relief la culture du lieu qui l’inspire, où il demeure. Anthony Phelps et Gary Klang s’inscrivent dans la même veine. Ils décrivent une réalité américaine dans la deuxième moitié du XXe siècle qui a beaucoup à voir avec celle de l’Amérique latine.
Les liens sont nombreux d’un point de vue géographique, linguistique, historique et religieux. Ces deux auteurs illustrent avant l’heure le concept de créolité formulé par Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant dans leur manifeste de 1989 intitulé : Éloge de la Créolité. En effet, la langue française de Phelps et de Klang est traversée par les influences de l’espagnol et du créole haïtien, et l’histoire tragique d’Haïti sous les dictatures des Duvalier père et fils évoquées ici fait écho à tous ces régimes autoritaires qui décimèrent les populations d’Argentine, du Brésil, du Chili, du Paraguay, de l’Uruguay, du Chili ou de la République Dominicaine à la même époque.
D’un point de vue symbolique, ce n’est plus un seul crime que désire venger Rivière mais l’ensemble des crimes commis par ces dictatures. Si la justice a peu de chance de triompher, la vengeance qui est également amorale offre une solution de rechange. Le mal est combattu par le mal. Nous sommes bien dans un roman noir.
La trajectoire de Philippe Rivière est également intéressante. Page 11 : « Né de père français et de mère haïtienne… citoyen français, mais haïtien de cœur. » Après un passage tumultueux en Algérie, lors de la guerre d’indépendance, imagine-t-on, il décide de revenir sur la terre où il a passé une partie de son enfance. Ici, les deux auteurs exilés eux-mêmes à cause de la dictature,  posent donc la question de l’exil.
La réponse apportée dans ce roman pour un seul individu est que l’appel de l’enfance, de la patrie de la mère est plus fort que tout. Le héros revient au pays. D’un point de vue historique, peu d’exilés par une dictature sont revenus au pays pour lutter contre l’oppression les armes à la main. Mais après la fin de la dictature, le mal n’est-il pas fait? L’exilé ne risque-t-il pas de demeurer à jamais en exil?
Ce roman qui a été publié il y a presque trente ans, à l’époque où sévissaient encore ou terminaient de sévir de nombreuses dictatures en Amérique latine et en Haïti n’a rien perdu de sa pertinence. L’intérêt du lecteur est soutenu par le suspense, par l’action et par les questionnements suscités chez le lecteur par les personnages, aussi bien par les bourreaux (ceux qui sans vergogne aucune profitent du régime dictatorial pour accéder à une vie matérielle et sociale très confortable) que par les victimes (la vengeance est-elle justifiable quand toute justice est impossible?)
Pour terminer, cette œuvre écrite à deux mains questionne la notion d’auteur. Impossible de savoir qui de Phelps ou de Klang a écrit tel ou tel passage. L’auteur disparaît ainsi pour laisser triompher une instance narratrice orpheline. Le message, un peu comme une œuvre d’art non signée, comme une peinture luxuriante de Marc-Aurèle Fortin, a effacé son créateur. Et si le véritable titre était Anthony Phelps, Gary Klang ? Une sorte d’autobiographie imaginaire, la plume en guise d’arme.
Alain Raimbault
Anthony Phelps, Gary Klang : Haïti! Haïti! Éditions Libre Expression, 1985

lundi 28 avril 2014

Shoah et éducation (Journal Métro de Montréal)

Shoah et éducation
 
Lorsque je suis arrivé en Nouvelle-Écosse en 1998 et au Québec en 2011, j’ai été surpris de constater que l’histoire de la Première et de la Deuxième Guerres mondiales était très peu enseignée dans les écoles. La Shoah est en général à peine esquissée, ou étudiée en profondeur selon les compétences et l’intérêt des enseignants. Comme je viens d’Europe, je me suis tout de suite demandé pourquoi un tel vide. Un tel désintérêt. Si on ne veut pas que de telles atrocités recommencent, au moins faut-il en avoir connaissance, n’est-ce pas? Pour moi, comme pour beaucoup d’Européens, la mémoire de la guerre m’a été transmise en famille. Mes grands-parents m’ont raconté comment ma mère, enfant, s’est fait tirer dessus à la mitraillette par les Allemands qui occupaient le village. Mais il suffit d’ouvrir les yeux et de tendre l’oreille pour constater que le Québec est en Amérique du Nord. Les deux guerres mondiales ont très peu sévi sur le territoire. Les plages du débarquement de juin 1944 ou les camps d’extermination sont situés en Europe. Ces lieux sont lointains vus d’ici. De plus, les témoins de cette époque qui vivent au Québec et qui pourraient ou voudraient témoigner se font de plus en plus rares. Enfin, il est normal, me semble-t-il, qu’une nation comme la nation québécoise désire transmettre avant tout son histoire à elle, par exemple l’histoire des Premières Nations, la colonisation, la guerre de Sept Ans ou les mouvements sociaux du XXe siècle au Québec. C’est bien normal, certes, mais si nous ne tirons pas les leçons des deux guerres mondiales, qui sont de grands échecs pour l’humanité entière, nous risquons vraiment de nous exposer à de nouveaux conflits. En cela, l’enseignement de la Shoah nous aide à comprendre les mécanismes politiques qui mènent un peuple à sombrer dans l’exclusion, l’antisémitisme et le génocide. Les outils pour les enseignants sont disponibles entre autres sur la toile, grâce à la fondation Azrieli, et le Centre commémoratif de l’Holocauste de Montréal mérite une visite. Je me souviens… oui, mais de quoi?
 
Alain Raimbault, Longueuil
 
Courrier des lecteurs Journal Métro de Montréal  28 avril 2014

/http://journalmetro.com/opinions/courrier-des-lecteurs/486696/courrier-des-lecteurs-du-28-avril-2014/

dimanche 27 avril 2014

Bonel Auguste: Un cri Lola

http://parolenarchipel.com/2014/04/27/9749/

Bonel Auguste, Un cri Lola

1388829-gfUn cri Lola, de Bonel Auguste, tient davantage du poème en prose que du roman. Certes, un jeune homme fréquente une très belle jeune femme, Lola. Le jazz, la poésie, la peinture, le théâtre ou la photographie sont les arts consommés faute d’amours charnelles. Un long poème musical. Ce livre n’a rien du cri mais tout d’un chant accompagné au saxophone par John Coltrane. Cris, bruissements, dialogues, bruits, paroles, chansons, musiques, notes, dissonances, toute la gamme y passe. Le narrateur est en fait p.47 « … le type qui porte toujours un immense sac à dos. » Il suit Lola en la suppliant secrètement de lui offrir son amour (les fleurs). Le livre présente la quête d’un amour inatteignable, sublime en cela. Les récits qui ponctuent la quête principale du narrateur proposent des variantes de la même histoire. Un footballeur veut briller parmi des enfants pour séduire les jeunes femmes qui l’observent. Un pharmacien lit le journal depuis trente ans accoudé au comptoir, immobile, comme statufié dans une vie éternelle. Un chien lépreux, borgne et auquel il manque une patte est sauvé par l’amour d’un vieux pêcheur. Enfin, les descriptions lyriques des morceaux de jazz représentent l’expression sublimée de l’amour que le narrateur porte à Lola.
Ce long poème interroge en fait les rapports étroits qui existent entre le temps vécu dans une tonalité esthétique, c’est-à-dire la fréquentation du beau (Lola, femme idéale, et les arts, pure jouissance de la beauté) et le dépouillement douloureux que ce passage du temps provoque chez l’être en quête de sérénité. L’interrogation de la page 28 met en relief le tiraillement ressenti par le narrateur entre sa quête de la beauté et son impossibilité de l’atteindre. « La semaine dernière, d’une voix un peu frêle, elle (Lola) m’a demandé pourquoi je passe mon temps à regarder cette ancienne maison. Je lui ai répondu, j’attends que quelque chose y arrive… Ensuite, elle s’est accoudée au comptoir pour me regarder avec une tendresse frôlant la pitié. » Un livre poétique et très émouvant.
Alain Raimbault
Bonel Auguste, Un cri Lola, éditions Vents d’ailleurs, 2013

(Merci à Thélyson Aurélien pour publier mon article sur son excellent site culturel.)

mardi 22 avril 2014

Gilles Vigneault et Gabriel García Márquez

Courrier des lecteurs du 22 avril 2014 Journal Métro de Montréal Mon 

Un grand homme

Le plus grand écrivain de l’Amérique latine vient de rentrer dans une solitude millénaire. Gabriel García Márquez, que ses amis appelaient tendrement El Gabo, vient de mourir. Son œuvre gigantesque, lyrique, onirique mérite d’être lue et relue, car elle porte à elle seule tout un continent. La mort de cet auteur est annoncée partout dans le monde, un peu comme celle de Mandela. Il y a de grands personnages comme ça. Il s’agit ici d’un écrivain.
Je me demande qui sont les grands personnages du Québec aujourd’hui? Ma première pensée va à Gilles Vigneault, un poète. Un artiste. Il est peut-être éternel, mais il n’est pas immortel. Peut-être faudrait-il le relire et lui dire merci. Et c’est un poète, oui. La poésie et la littérature ont bien peu de place dans le discours politique au Québec et dans les médias. C’est bien triste. Le plus grand personnage québécois vivant est un poète, mais plus personne ou presque ne lit de poésie. Bonjour tristesse. Et merci M. Vigneault.
Alain Raimbault, Longueuil

Poème du 19 avril 2014 Parole en archipel

La ville est un texte opaque…

Vill
La ville est un texte opaque
chaque rue en ligne
chaque demeure en mot
chaque tour exclamant la démesure
de nos non-dit nomades
Les moineaux accentuent follement
la trahison des ifs soumis à des saisons vertueuses
La pluie coule en un discours sévère
elle s’insinue dans la nuit inédite
en sels de mer au pied des murs sourds
seule la police épie
les cris des sans-papiers
noir sur blanc
Les passants marchent en braille
vers leur soir ponctué de clés et de codes
La cité coule de source
en ses chants sémantiques
deux quartiers à la minute
Ma ville opaque est un prétexte à tous les cris.
Alain Raimbault
19 avril 2014

vendredi 18 avril 2014

Journal Métro de Montréal 17 avril 2014 De la proportionnelle


Voici mon opinion à propos d'un scrutin proportionnel

Courrier des lecteurs du 17 avril 2014

Scrutin proportionnel et extrémismes


Lors de son discours après son élection, Mme Françoise David, dont je partage de nombreuses opinions, a fait remarquer que, si le mode de scrutin avait été proportionnel, le résultat des élections aurait été plus démocratique.
Je suis d’accord avec elle, bien sûr. Le parti au pouvoir actuellement a obtenu environ 40 % des voix. Donc, environ 60 % des votants voient leurs représentants dans l’opposition. Cherchez l’erreur. Certes, cela ressemble à une situation absurde, probablement héritée de la culture politique britannique.
Cependant, il faut savoir que, si le scrutin était entièrement proportionnel, si par exemple un parti politique qui aurait reçu 15 % des voix se voyait représenté exactement dans la même proportion au parlement, cela entraînerait de nombreuses difficultés pour former un gouvernement stable. De nombreux partis seraient représentés, ce qui est en soi une bonne chose d’un point de vue démocratique, mais les coalitions formées pour gouverner risqueraient de ne pas durer longtemps.
De plus, c’est la porte d’entrée aux extrémistes de tout poil. Si, par exemple, je formais un parti politique raciste, xénophobe et antisémite, en employant un discours modéré, je pourrais présenter des candidats dans toutes les circonscriptions et mes élus et moi-même diffuserions des discours peu démocratiques qui en choqueraient plus d’un.
On peut toujours revoir le mode de scrutin, mais il faut bien prendre garde aux conséquences que cela entraînerait. Je veux bien en arriver à un scrutin à deux tours, par exemple, mais surtout pas à un scrutin proportionnel. Je ne souhaite pas que des idées extrémistes soient diffusées démocratiquement au parlement.

Alain Raimbault

mardi 15 avril 2014

samedi 12 avril 2014

Meilleures ventes Librairie Monet

http://www.librairiemonet.com/blogue/2014/04/

Pour la première fois de ma vie d'auteur publié, j'ai un de mes livres (Championne d'expo-sciences?) dans les meilleures ventes d'une librairie. Ils ont dû en vendre deux exemplaires...



Avril 2014

jeudi 3 avril 2014

Photo manif 3 avril 2014

http://journalmetro.com/dossiers/mon-scoop/474692/manifestation-contre-lausterite/

Merci au journal de Montréal pour me publier cette photo prise aujourd'hui 3 avril 2014 après la manif étudiante contre l'austérité:

Les cloches de la Brésilienne

J'ai écrit une petite critique d'un livre formidable que Thelyson Aurélien a eu la gentillesse de partager sur son blog: 

Les cloches de la Brésilienne

1 AVRIL 2014 PAR  

LCdlBDans Les cloches de la Brésilienne, les éléments traditionnels du genre policiers sont en place. Le schéma crime-enquête-suspect-coupable est plutôt bien respecté. Nous avons des politiciens tous plus corrompus, véreux, violents et manipulateurs les uns que les autres. Le policier de service, l’inspecteur Azémar Dieuswalwe (Dieusoitloué) répond également aux critères classiques : désespérément honnête, pauvre comme Job, incorruptible, alcoolique à souhait ou kakakleren, affligé d’un strabisme convergent (il louche et en a honte), il est forcément célibataire et n’a d’yeux que pour les belles métisses. Aucune surprise de ce côté-là. Dans le village imaginaire de La Brésilienne, près de Jacmel, les guerres font rage, tout d’abord pour le pouvoir entre le Maire Exantus et le député-trafiquant de drogue Maren; ensuite entre l’église catholique représentée par le prêtre breton Lefenec qui dissimule une arme sous sa soutane et le pasteur Sirius, affligé de deux gardes du corps armés; enfin entre le Maire et sa femme.
Dès le début, la situation se révèle très tendue dans le village (et non la ville, lieu de prédilection du polar) où chacun accuse l’inspecteur de travailler pour le camp adverse. Mais quel est l’objet de l’enquête? C’est ici où le roman prend une toute autre dimension. L’inspecteur est convoqué par le prêtre Lefenec afin qu’il retrouve le son des cloches de son église qui a été volé. Pas de meurtre, donc. Juste une surprenante disparition. C’est là le crime. Ainsi, l’inspecteur dira à son chef resté à Port-au-Prince (p.89) : « Je mène une enquête où toute logique m’est interdite.» Nous entrons de plain-pied dans le panthéon vaudou en parallèle avec celui de l’Église catholique. Il sera ainsi question (p.56) de « …ceux qui adorent Marie et Erzulie. » Plus loin, le lecteur découvre des paysans qui sont des chanpwèls. Ils conduisent l’inspecteur dans la montagne pour écouter le carillon des cloches sous la pleine lune. Les sons (p. 58) «… chevauchaient une brise capricieuse… voltigeaient… jouant à cache-cache… tournaient si vite… Les vibrations des cloches redonnaient vie à la pierre. » Page 69, il est question de « …deux polanvè qui s’étaient égarés. Polanvè était une manière d’appeler les loups-garous. » On les retrouvera assassinés au petit matin. Et ce n’est pas fini. Un fou se fait surnommer Al Quaida. Il croit (p.93) en « la magie du Coran ».
Il vit dans un manguier et il affirme détenir une part de la vérité pour ce qui concerne l’enquête. Nous avons une petite fille qui se promène une calebasse dans les bras que sa mère lui a donnée en rêve. Plus loin, le prêtre Lefenec organise une cérémonie vaudou dans son église avec trois batteurs de tambours, six ounsi qui dansent à l’intérieur d’un cercle tracé au sol avec de la farine, et un vieux oungan. Les ounsi sont des prêtresses et le oungan un prêtre selon les croyances (ou la religion, c’est selon) vaudous. La foi chrétienne est encore mise à mal par le prêtre Lefenec en personne qui, apprend-on plus tard, a connu une histoire d’amour torride avec la belle mambo Shibouna. Il a commis le péché de chair pendant des semaines au sommet d’un mapou afin d’expulser de son corps les makaya, ou démons.
Si les hommes ne sont que des pantins mus par leurs pulsions, ce sont les femmes les véritables héroïnes de ce roman. Elles manipulent les hommes, les consolent, les guérissent, les éliminent, communiquent par rêves et se jouent du monde matériel. Elles détiennent la vérité, la connaissance et ce sont donc elles qui possèdent le pouvoir spirituel. Les hommes s’entretuent uniquement afin de posséder le pouvoir matériel. Ce sont des hommes-objets.
Le genre policier est donc mis à mal car même si l’architecture narrative est identifiable, les éléments propres au genre fantastique viennent troubler les attentes du lecteur et c’est là la véritable réussite et la grande richesse de ce roman. Il se termine en apothéose par les témoignages tous plus farfelus et plus poétiques les uns que les autres reçus par l’inspecteur Dieuswalwe lors de son enquête. Enfin, le prologue ressemble à un conte, à un rêve, à une parabole. Et ce récit plus près du mythe que du rapport de police décrit le crime. Dès la première page, le lecteur a été prévenu. Le raisonnement logique ne suffira pas pour découvrir l’auteur du crime.
J’ai rencontré pour la première fois Frankétienne en 1998 à la Corderie royale de Rochefort, dans l’ouest de la France. Je lui ai alors demandé si tous les écrivains haïtiens étaient des poètes. Sans hésitation aucune il m’a répondu : Oui ! J’aurais tendance à le croire.
Alain Raimbault
Gary Victor, Les cloches de la Brésilienne, éditions Vents d’ailleurs, 2006

vendredi 7 mars 2014

Polar haïtien (2) Parole en archipel

Un grand merci à Thelyson Aurélien pour la publication de mon article dans son blog Parole en archipel. Il a amélioré la mise en page et a ajouté des photographies!!! Formidable, ce Thelyson.

http://parolenarchipel.com/2014/03/07/polar-haitien/

Polar haïtien

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Gary Victor, Gary Klang, Frankétienne
Par Alain Raimbault
Je n’ai lu aucun article sur le polar haïtien en général. Sans doute ai-je mal cherché. J’entends par ce terme un roman policier dans les règles de l’art (mais qu’est-ce qu’un roman policier?)¹dont l’action se déroule principalement en Haïti. Je pourrais établir une nomenclature, une hiérarchie entre les auteurs qui pourrait ressembler à ceci: Auteurs haïtiens vivant en Haïti; auteurs haïtiens ne vivant plus en Haïti (diaspora); auteurs non-haïtiens ayant généralement séjourné en Haïti. J’ajouterais une sous-catégorie: homme/femme.
Puis, je constaterais un détail. Parmi les auteurs non-haïtiens ayant généralement séjourné en Haïti, il y aurait les journalistes, et les non-journalistes. Mais à quoi bon? Pour l’instant, le polar haïtien est tellement jeune qu’il vaut mieux éviter de faire des différences. Comme on dit, Dieu reconnaîtra les siens. Blague à part, je n’en suis qu’à l’élaboration d’une liste de romans, d’un corpus. Je pourrais aussi classer ces romans par ordre chronologique de publication.
Enfin, je pourrais étudier en détail les critiques des romans. L’ensemble de ces critiques formerait l’étude du polar haïtien. J’ignore si ce travail a été effectué. Ah, j’oubliai la langue. Français ? Créole-haïtien? Anglais ? Espagnol? Cette liste n’est pas exhaustive. Elle est une ébauche.
  • Gary Victor « Soro » (2011), « Cures et châtiments » (2013), « Saison de porcs »(2009) , Mémoire d’encrier / « Les cloches de La Brésilienne » Vents d’Ailleurs/La Roque d’Anthéron (2006)
  • Gary Klang « Haïti! Haïti! » écrit en collaboration avec Anthony Phelps. Montréal: Libre Expression (1985).
  • Michel Jean : « Un monde mort comme la lune », Libre expression (2009)
  • Nick Stone : Mr Clarinet (2006) Publié en français sous le titre « Tonton Clarinette », trad. de Marie Ploux et Catherine Cheval, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Série noire », 2008
  • Yvon Toussaint «L’Assassinat d’Yvon Toussaint», par Yvon Toussaint, Fayard (2010)
  • Michel Soukar : « La dernière nuit de Cincinnatus Leconte », Mémoire d’encrier (2013)
  • Florence Meney : « Répliques mortelles », Michel Brûlé (2012)
  • Frankétienne et Claude Dambreville L’Amérique saigne : « Gun bless America »; présenté par Dave King Freeman. – Port-au-Prince : Imprimeur II, (1995)
  • Jean-Marc Pasquet « Libre toujours », Lattès (2004)
  • Collectif : « Haïti Noir », sous la direction d’Edwidge Danticat, Traduit de l’anglais (pour certains textes) par Patricia Barbe-Girault , Asphalte Noir (2012)
J’ignore si le livre suivant correspond à la définition d’un roman policier mais il est classé en tant que tel par Jason Herbeck : Evelyne Trouillot, « Rosalie l’infâme », Paris: Dapper, 2003; Port-au-Prince: Presses Nationales d’Haïti (2007).
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1. Le roman doit avoir au plus un détective et un coupable, et au moins une victime (un cadavre).
2. Le coupable ne doit pas être un criminel professionnel ; ne doit pas être le détective; doit tuer pour des raisons personnelles.
3. L’amour n’a pas de place dans le roman policier.
4. Le coupable doit jouir d’une certaine importance :
a) dans la vie : ne pas être un valet ou une femme de chambre;
b) dans le livre : être un des personnages principaux.
5. Tout doit s’expliquer d’une façon rationnelle; le fantastique n’y est pas admis.
6. Il n’y a pas de place pour des descriptions ni pour des analyses psychologiques.
7. Il faut se conformer à l’homologie suivante, quant aux renseignements sur l’histoire : « auteur : lecteur = coupable : détective ».
8. Il faut éviter les situations et les solutions banales (Van Dine en énumère dix)
¹ Site consulté le 7 mars 2014 | Tzvetan Todorov, Poétique de la prose (choix) suivi de Nouvelles recherches sur le récit (1971-1978)

Polar haïtien

Polar haïtien

Je n'ai lu aucun article sur le polar haïtien en général. Sans doute ai-je mal cherché. J'entends par ce terme un roman policier dans les règles de l'art (mais qu'est-ce qu'un roman policier?) (1) dont l'action se déroule principalement en Haïti. Je pourrais établir une nomenclature, une hiérarchie entre les auteurs qui pourrait ressembler à ceci: Auteurs haïtiens vivant en Haïti; auteurs haïtiens ne vivant plus en Haïti (diaspora); auteurs non-haïtiens ayant généralement séjourné en Haïti. J'ajouterais une sous-catégorie: homme/femme. Puis, je constaterais un détail. Parmi les auteurs non-haïtiens ayant généralement séjourné en Haïti, il y aurait les journalistes, et les non-journalistes. Mais à quoi bon? Pour l'instant, le polar haïtien est tellement jeune qu'il vaut mieux éviter de faire des différences. Comme on dit, Dieu reconnaîtra les siens. Blague à part, je n'en suis qu'à l'élaboration d'une liste de romans, d'un corpus. Je pourrais aussi classer ces romans par ordre chronologique de publication. Enfin, je pourrais étudier en détail les critiques des romans. L'ensemble de ces critiques formerait l'étude du polar haïtien. J'ignore si ce travail a été effectué. Ah, j’oubliai la langue. Français ? Créole haïtien? Anglais ? Espagnol? Cette liste n’est pas exhaustive. Elle est une ébauche.

-         Gary Victor « Soro » (2011), « Cures et châtiments » (2013), « Saison de porcs »(2009) , Mémoire d’encrier /  « Les cloches de La Brésilienne » Vents d'Ailleurs/La Roque d'Anthéron (2006)
-         Gary Klang « Haïti! Haïti! » écrit en collaboration avec Anthony Phelps. Montréal: Libre Expression (1985).
-         Michel Jean : « Un monde mort comme la lune », Libre expression (2009)
-         Nick Stone : Mr Clarinet (2006) Publié en français sous le titre « Tonton Clarinette », trad. de Marie Ploux et Catherine Cheval, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Série noire », 2008
-         Yvon Toussaint «L'Assassinat d'Yvon Toussaint», par Yvon Toussaint, Fayard (2010)
-         Michel Soukar :  « La dernière nuit de Cincinnatus Leconte », Mémoire d’encrier (2013)
-         Florence Meney : « Répliques mortelles », Michel Brûlé (2012)
-         Frankétienne et Claude Dambreville L'Amérique saigne : « Gun bless America »; présenté par Dave King Freeman. - Port-au-Prince : Imprimeur II, (1995)
-         Jean-Marc Pasquet « Libre toujours », Lattès (2004)
-         Collectif : « Haïti Noir », sous la direction d’Edwidge Danticat, Traduit de l'anglais (pour certains textes) par Patricia Barbe-Girault , Asphalte Noir (2012)

J’ignore si le livre suivant correspond à la définition d’un roman policier mais il est classé en tant que tel par Jason Herbeck :

-         Evelyne Trouillot, « Rosalie l'infâme », Paris: Dapper, 2003; Port-au-Prince: Presses Nationales d'Haïti (2007)

(1)    
site consulté le 7 mars 2014
Tzvetan Todorov
Poétique de la prose (choix)
suivi de
Nouvelles recherches sur le récit
(1971, 1978)

1. Le roman doit avoir au plus un détective et un coupable, et au moins une victime (un cadavre).
2. Le coupable ne doit pas être un criminel professionnel ; ne doit pas être le détective; doit tuer pour des raisons personnelles.
3. L'amour n'a pas de place dans le roman policier.
4. Le coupable doit jouir d'une certaine importance :
    a) dans la vie : ne pas être un valet ou une femme de chambre;
    b) dans le livre : être un des personnages principaux.
5. Tout doit s'expliquer d'une façon rationnelle; le fantastique n'y est pas admis.
6. Il n'y a pas de place pour des descriptions ni pour des analyses psychologiques.
7. Il faut se conformer à l'homologie suivante, quant aux renseignements sur l'histoire : « auteur : lecteur = coupable : détective ».
8. Il faut éviter les situations et les solutions banales (Van Dine en énumère dix)

Du droit régalien Journal Métro de Montréal 6 mars 2014

http://journalmetro.com/opinions/courrier-des-lecteurs/458476/courrier-des-lecteurs-du-6-mars-2/
 

Du droit régalien

Nous voici encore en élections. Après les provinciales, les municipales, puis les provinciales! Faudrait peut-être inventer les élections à date fixe, avec des mandats à durée déterminée. Quatre ou cinq ans, par exemple. Déclencher des élections suivant le bon plaisir régalien (le Québec est en monarchie!) du chef, ça me dérange un peu. Je comprends le petit jeu politique qui sous-tend la quête de la majorité absolue au parlement, mais j’ai l’impression que la démocratie en souffre un peu. Je suis prêt à vivre avec un gouvernement qui me plaît ou qui me déplaît pendant plusieurs années. Ignorer la date des prochaines élections, cela manque de franchise démocratique, selon moi. De transparence. De légitimité.
Alain Raimbault, Longueuil