vendredi 1 mai 2020

Le détroit du Loup, d’Olivier Truc

Le détroit du Loup, d’Olivier Truc, éd. Métaillé Noir.

Deuxième épisode des aventures de Klemet et Nina, de la police des rennes en Laponie (principalement en Norvège). Dès le début, l’éleveur sami Erik Steggo fait traverser son troupeau dans le Détroit du Loup vers les pâturages ancestraux sur l’île de la Baleine. Mais ça se passe mal. Au lieu de filer tout droit, le renne de tête tente de faire demi-tour et ce pauvre Erik tente de rétablir la situation mais non. Rien ne laisse penser que c’est un crime, cela ressemble à un accident. Sauf que, en fait, ce n’est pas si simple. Puis les accidents se succèdent et là, il ne faut pas exagérer. Klemet et Nina mènent l’enquête. Nous allons alors découvrir le côté sale de l’exploitation de l’or noir en mer de Barents. Quand le besoin de terre pour le développement industriel entre en conflit direct avec l’espace traditionnel occupé par les rennes dans leurs diverses transhumances. Cohabitation impossible, marginalisation de la population des Samis. Comme je l’écrivais à l’auteur pendant ma lecture, ce roman est peut-être policier puisque nous en avons tous les éléments, ma la quête principale se passe au niveau des individus infiniment complexes qui se cherchent eux-mêmes, et c’est là la très grande force de ces romans. Les personnages! Les intrigues sont intéressantes, on veut savoir la vérité, mais les drames intimes sont mille fois plus intéressants. Les rapports par exemple entre Nina et ses parents sont déchirants. Les travailleurs exploités sans scrupule, littéralement massacrés sans hésitation aucune pour la gloire des pétrolières ont un destin si douloureux, horrible. L’auteur est très fort pour nous donner à ressentir ces drames passés sous silence. Un très beau livre, encore. Car il y a de la beauté dans l’expression de ces douleurs, dans les traditions, la ténacité des Samis, et les paysages grandioses. J’ai bien aimé aussi le clin d’oeil au film Insomnia où le policier pas net Will Dormer (joué par Al Pacino) n’est justement pas un dormeur car il souffre d'insomnie, comme ici Nina. Et la scène de l’enterrement, vers la fin, est hilarante. J’ai adoré!

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