dimanche 24 octobre 2021

«Rends-moi fière», de Nicole Dennis-Benn

Lu: «Rends-moi fière», de Nicole Dennis-Benn. Roman traduit de l’anglais (Jamaïque) par Benoîte Dauvergne, Éditions de l’aube

En 1994 en Jamaïque, Margot travaille dans un hôtel. Elle rêve d’obtenir une promotion mais elle sait que sa condition sociale est un frein. Elle vient d’un petit village et elle est noire. Elle n’est donc personne. Mais elle connaît son monde et comprend très bien comment fonctionnent les hommes de pouvoir. Elle va tout faire pour se sortir de sa condition première. Elle va aussi essayer de protéger sa petite sœur des terribles réalités de la vie. Quant à leur mère, elle a perdu toute illusion.

Ce roman met en lumière la douleur des femmes, de toutes les femmes pauvres du village. Il n’y a pas une seule petite fille épargnée par la violence que les hommes leur font subir, parce qu’elles sont pauvres et sans défense. Lorsqu’elles grandissent, elles ont compris les règles du jeu et doivent parfois se prostituer pour gagner un peu d’argent. L'innocence n’existe pas longtemps pour elles. Elles perdent très vite leurs illusions et tentent de tirer profit de leur seule arme, leur corps, leur pauvre corps violé pour tenter d’échapper à un destin tout tracé. Ce livre dénonce aussi les magouilles de l'industrie immobilière pour construire des hôtels sur les plus belles plages du pays, quitte à expulser les habitants et à raser des villages. La corruption règne en maître.

J’ai souvent pensé aux Rougon-Macquart de Zola, prisonniers de leur condition sociale. L’auteure ici met en évidence, c’est même le sujet du roman, la douleur des femmes et la perte de toute innocence. Très très beau roman!!! Je conseille vivement.


Citation, page 102:

« Depuis qu’elle la connaît, cette femme a testé d’innombrables méthodes pour s’éclaircir la peau. Cela fait longtemps qu’elle ne prête plus attention à sa voisine. Ni à Ruby qui, depuis qu’elle a fermé son commerce de poisson, vend des chimères aux jeunes filles qui rêvent de trouver mieux qu’un emploi de domestique. Ces pauvres petites pensent qu’un léger éclaircissement de la peau leur permettra de se faire remarquer des gens de la haute et leur évitera de se faire piétiner par leurs chaussures de cuir importées.»



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire